Affaire Escobar du Sahara: ambiance électrique au premier jour du procès

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"Escobar du Sahara": début du procès, les demandes de liberté provisoire mises en délibéré
La cour d'appel de Casablanca © Mohammed Kraymi

La Chambre criminelle de première instance près la Cour d’appel de Casablanca a reporté l’examen du dossier «Escobar du Sahara» au 13 juin prochain, et mis en délibéré les demandes de remise en liberté provisoire à la fin de l’audience.

Le très attendu procès de l’affaire Escobar du Sahara a démarré ce jeudi 23 mai à la Cour d’appel de Casablanca, avec, comme à l’accoutumée, la constitution des avocats. Le président de la chambre criminelle de Casablanca, Ali Torchi, a d’abord commencé par citer les 25 accusés et enregistrer les mandats de la quarantaine d’avocats venus assister leurs clients dans ce lourd dossier.

Dès la fin de cet exercice, le président a décidé de reporter le dossier au 13 juin prochain pour laisser le temps à la défense de préparer son dossier, avant que les avocats n’interviennent pour présenter les demandes de liberté provisoire.

Le premier avocat à prendre la parole était celui de Salima Belhachem, notaire poursuivie pour falsification de documents ayant servi pour la cession de la villa appartenant à Haj Ahmed Ben Brahim, alias “Escobar du Sahara”, pour le compte du président de la région de l’Oriental, Abdenbi Bioui.

Haj Ahmed Ben Brahim, faut-il le rappeler, est incarcéré depuis 2019 suite à sa condamnation à 10 ans de prison, ses confessions à la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ) étant à l’origine de l’éclatement de l’affaire portant son nom.

« Ma cliente est atteinte de cancer. C’est la raison de son absence, M. le président. Elle a toutes les garanties pour bénéficier de la liberté provisoire: un lieu de résidence connu et elle n’a pas d’antécédents judiciaires », a indiqué Me Ater El Houari.

« La décision de la poursuivre en détention est basée sur deux critères: la dangerosité des actes et l’absence de garanties de présence alors que ma cliente est une notaire qui peut être libérée sous caution ou avec interdiction de quitter le territoire », a-t-il martelé, avant d’ajouter que sa cliente « a été hospitalisée à plusieurs reprises à cause de son cancer après plusieurs chutes ».

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À la suite de cette première plaidoirie, l’avocat des frères Abdenbi et Abderrahim Bioui, Me Mohamed El Hassani Kerrout a affirmé «ne pas avoir trouvé de fondement dans la loi pour les deux raisons ayant motivé la poursuite en détention de ses clients».

«Je cherche encore, M. le président, je n’ai toujours pas trouvé de fondement pour cette ‘dangerosité des actes’ et pour ‘l’absence de garanties de présence’. Ils ont fait preuve de persévérance en répondant de manière assidue aux convocations de la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ), ils se déplaçaient d’Oujda à Casablanca et n’ont jamais manqué un seul rendez-vous», a-t-il déclaré.

Cette audience a vu la comparution de l’ensemble des détenus, dont Saïd Naciri, à l’exception de la notaire et un autre accusé poursuivi en état de liberté. Outre les nombreux avocats, elle a été marquée par la présence des proches des accusés et d’une trentaines de représentants des médias.

Les avocats de l’Office des changes, qui s’est constitué partie civile sur le volet trafic de devises, étaient présents et ont demandé le report pour la préparation de la défense tandis que la cour a déclaré qu’elle allait recourir à l’assistance judiciaire pour deux accusés qui n’ont pas pu mandater des avocats.

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Le président du Conseil préfectoral de Casablanca, Saïd Naciri, le président de la région de l’Oriental, Abdenbi Bioui, et les autres accusés sont jugés pour des faits allant de la « participation à un accord en vue de la détention, du trafic, du transport et de l’exportation de drogues et la tentative de les exporter » à « l’escroquerie », en passant par la « corruption et falsification de documents officiels », « l’accomplissement d’un acte arbitraire ou attentatoire à la liberté personnelle et individuelle dans un intérêt privé ou pour la satisfaction de passions personnelles » (Naciri, ndlr), « l’obtention de documents prouvant un comportement et une libération sous la contrainte », la « facilitation de l’entrée et la sortie régulièrement du territoire national dans le cadre d’une bande criminelle », « l’entente et dissimulation d’objets obtenus à la suite d’un crime » et le « trafic de devises« .

Le 22 décembre 2023, le juge d’instruction avait ordonné le placement sous écrou de Saïd Naciri, qui est aussi ex-président du Wydad de Casablanca et parlementaire sous les couleurs du Parti authenticité et modernité (PAM), d’Abdenbi Bioui ainsi que son frère Abderrahim Bioui, président de la commune Aïn Safa à Oujda, en plus d’autres personnes à la prison locale d’Aïn Sebaa, et leur poursuite en état de détention dans le cadre de cette affaire.

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