Le procureur du Roi près le tribunal de première instance d'Agadir a décidé ce lundi…
Affaire Escobar du Sahara: Reda Taoujni condamné à deux ans de prison ferme
Publié leLe tribunal de première instance d’Agadir a condamné mercredi soir le youtubeur Mohamed Reda Taoujni à deux ans de prison assortie d’une amende de 20.000, avec le paiement d’un dirham symbolique au ministre de la Justice Abdellatif Ouahbi en guise de dédommagement.
Alors que son dossier est entré en délibération mercredi soir, laissant croire que le jugement serait prononcé demain jeudi, le tribunal de première instance de la capitale du Souss a fini par condamner l’activiste et youtubeur Mohamed Reda Taoujni pour «récidive de diffusion et la distribution de fausses allégations avec l’intention de nuire à la vie privée des personnes, ou de les diffamer».
Le tribunal l’a également reconnu coupable d’«usurpation d’identité d’une fonction réglementée par la loi et outrage à un agent public pendant l’exercice de ses fonctions».
Selon le confrère Al3omk, le ministre de la Justice et ancien secrétaire général du Parti Authenticité et Modernité (PAM), Abdellatif Ouahbi, n’a demandé qu’un dirham symbolique en guise de compensation pour la «diffamation» qu’il a subie, préférant ne pas s’acharner contre le militant.
Après l’accord accordé (condition sine qua non dans ce genre de procédure) par le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, –vivement critiqué par le youtubeur–, au minitre de la Justice, celui-ci a porté plainte contre le militant.
Ainsi, le procureur du Roi près le tribunal de première instance d’Agadir a décidé lundi 12 février de poursuivre en état de détention préventive le blogueur et youtubeur Reda Toujni, ordonnant sa mise sous écrou à la prison d’Ait Melloul, à la suite d’une plainte du ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi.
Dans une procédure pour le moins expéditive, le Youtubeur connu pour ses critiques à l’égard des hommes politiques a été déféré ce lundi devant le procureur du Roi près le tribunal de première instance d’Agadir, qui a décidé de le déférer immédiatement devant le tribunal ordonnant son placement en détention.
Taoujni fait face à des accusations liées à « la diffusion et la distribution de fausses allégations avec l’intention de nuire à la vie privée des personnes, ou de les diffamer ; l’usurpation d’identité d’une fonction réglementée par la loi et outrage à un agent public pendant l’exercice de ses fonctions », s’accordent à affirmer plusieurs sources.
Toujani avait diffusé une série d’épisodes sur ses différentes plateformes (YouTube, Facebook, etc.) dans lesquels il évoquait l’Affaire Escobar du Sahara, dans laquelle sont poursuivis 25 personnes, dont le président du Conseil provincial de Casablanca, Said Naciri, ainsi que le Président de la Région de l’Oriental, Abdenbi Bioui.
Ces deux derniers sont membres, faut-il le rappeler, du Parti Authenticité et Modernité (PAM), dont le secrétaire général sortant n’est autre que le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi.
Vendredi, lors de son discours d’ouverture du cinquième Congrès du PAM, qui s’est soldé par l’élection d’une Direction collégiale du secrétariat général en remplacement du SG sortant composé de Fatima Ezzahra El Mansouri (Coordinatrice), Mohamed Mehdi Bensaid et Salaheddine Abou El Ghali, Ouahbi a exprimé son mécontentement face à l’implication des responsables du PAM dans l’affaire Naciri-Bioui, notamment sur les réseaux sociaux, laissant entendre que le parti prendrait les mesures nécessaires à cet égard.
Dans la même veine, le Procureur général du Roi près la cour d’appel de Casablanca avait réagi le 9 janvier dernier aux informations selon lesquelles plusieurs personnalités et responsables politiques seraient impliqués dans l’affaire du Malien ou encore l’affaire Bioui-Naciri, alias Affaire «Escobar du Sahara».
Qualifiant les informations diffusées dans certains articles et sites Web sur l’implication de personnalités et institutions nationales dans cette affaire «d’allégations et de fausses informations», le parquet de Casablanca avait déclaré que ces articles justifient «la mise en accusation de leurs auteurs, compte tenu des allégations et des revendications qu’elles contiennent, qui visent à imputer des accusations sans fondement aux personnes et aux institutions concernées par ces informations, ainsi qu’à diffamer et porter atteinte à leur réputation».
Il a, dans ce sens, ordonné l’ouverture d’une enquête sur la publication de ces fausses informations, confiée aux services de la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ), afin de découvrir les personnes impliquées dans leur fabrication et leur diffusion, quelle que soit la méthode utilisée pour ce faire.
L’ffaire Escobar du Sahara a entrepris un nouveau chapitre fin janvier. Au lendemain de l’audition de Haj Ben Brahim, le juge d’instruction près la Cour d’appel de Casablanca a auditionné le jeudi 25 janvier Said Naciri et Abdenbi Bioui dans le cadre de l’instruction préparatoire.
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Après les interrogatoires de première comparution du 21 décembre dernier, le juge d’instruction près la Cour d’appel de Casablanca a commencé l’enquête approndie depuis mardi.
Condamné à 10 ans de prison, qu’il purge depuis 2019, Ahmed Haj Ben Brahim, alias le Malien, a été auditionné mercredi en tant que partie civile tandis que jeudi c’était au tour de cinq accusés, dont Abdenbi Bioui et l’«ancien» président du Wydad de Casablanca, Said Naciri de passer devant le juge d’instruction, indiquent plusieurs sources concordantes.
Selon les avocats des accusés, qui refusent de commenter le déroulé des interrogatoires se contentant d’affirmations d’ordre général qui ne violent pas le secret de l’enquête, d’autres accusés de la liste des 25 –20 en état de détention, 4 en liberté provisoire et un sous contrôle judiciaire– sont seront entendus ce vendredi après-midi à la Cour d’appel de Casablanca.
En revanche, aucune information sur les détails de l’enquête n’a filtré pendant que les avocats se sont contentés d’affirmer que le juge d’instruction a prévu de poursuivre les audistions de Naciri et de Bioui les 7 et 15 février.
Pendant que ce dernier avait choisi de prévaloir son droit au silence durant son audition par le procureur, l’ancien président du WAC a interagit avec les questions du procureur général du Roi dans un premier temps ainsi qu’avec le juge d’instruction.
Il a même demandé une audience exceptionnelle au procureur général du Roi près la Cour d’appel de Casablanca. Le président du Conseil préfectoral de Casablanca a en effet été reçu par celui-ci dans la nuit du mardi au mercredi 27 décembre.
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Cette audience était intervenue trois jours après la publication par ce dernier d’un communiqué à l’adresse de l’opinion publique dans lequel il a énuméré les principaux chefs d’inculpations des 25 mis en cause dans l’Affaire Escobar du Sahara, alias l’affaire du Malien ou encore l’Affaire Naciri-Bioui et co.
A travers ce communiqué et quelques indiscrétions des avocats mandatés dans cette affaire, l’opinion publique a pu découvrir un chef d’inculpation qui a trait à des faits autres que le trafic de drogue. Il s’agit en l’occurrence d’«accomplissement d’un acte arbitraire ou attentatoire à la liberté personnelle et individuelle dans un intérêt privé ou pour la satisfaction de passions personnelles».
Le juge d’instruction avait ordonné, dans la nuit du jeudi à vendredi 22 décembre, le placement sous écrou de l’ex-président du Wydad de Casablanca également parlementaire sous les couleurs du Parti authenticité et modernité (PAM) et président du conseil préfectoral de Casablanca, ainsi que Abdennabi Bioui, président du Conseil de la région de l’Oriental et son frère Abderrahim Bioui, Président de la Commune Ain Safa à Oujda, et d’autres à la prison locale d’Ain Sebaa, et leur poursuite en état d’arrestation dans le cadre de l’Affaire du trafiquant de drogue, le Malien connu sous le nom d’«Escobar du désert».
Après l’interrogatoire préliminaire, il a également décidé d’en placer vingt (20) en prison, tout en soumettant une personne au contrôle judiciaire, tandis que la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ) va poursuivre les enquêtes sur quatre autre dans le but de clarifier d’autres aspects des faits, dont deux commissaires divisionnaires suspendus temporairement depuis le déclenchement de l’affaire.
Le juge d’instruction devrait continuer son enquête approfondie les 7 et 15 février prochain.