Escobar du Sahara: les détails de l’affaire des « enregistrements » de Latifa Raafat

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« Escobar du Sahara » : Latifa Raafat devant le juge d'instruction, Driss Ferhane dans le collimateur  
Latifa Raafat à son arrivée à la Cour d'appel de Casablanca, le 13 mai 2024. © DR

La célèbre artiste marocaine Latifa Raafat a comparu hier lundi devant le juge d’instruction près la Cour d’appel de Casablanca, à la suite de sa plainte contre le journaliste Driss Ferhane ainsi qu’un groupe de personnes au Maroc et à l’étranger, après la fuite d’enregistrements audio en relation avec l’affaire Escobar du Sahara qui lui sont attribués.

« Une affaire dans l’affaire ». Cet aphorisme attribué à l’ancien ministre de l’Intérieur français Charles Pasqua résume bien l’évolution de l’affaire Escobar du Sahara, qui voit les dossiers ouverts au fil de l’évolution de l’information judiciaire pousser comme des champignons.

Après la poursuite du youtubeur Reda Taoujni et sa condamnation à quatre ans de prison ferme dans le cadre d’un sous-dossier à la suite d’une plainte du ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, une autre sous-affaire a éclaté, celle des enregistrements audio de Latifa Raafat.

Épouse du baron de la drogue Haj Ahmed Ben Brahim, dit « le Malien », –l’homme dont les confessions à la BNPJ sont à l’origine de l’éclatement de l’affaire éponyme–, pendant un peu plus de quatre mois en 2013 (six ans avant son arrestation en 2019 et sa condamnation à 10 ans de prison), la diva de la chanson marocaine s’est retrouvée récemment sur le devant de la scène après la diffusion d’enregistrements saccadés par le journaliste Driss Ferhane.

Arrêté fin avril dernier à Brescia, en Italie, le fondateur du site Chourouknews24 aurait fait chanter l’ancienne épouse du « Malien » « contre des sommes qui se comptent par millions de dirhams », selon son avocat Me Abdelfettah Zahrach.

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Accompagnant Latifa Raafat, lundi après midi, lors de sa comparution devant le juge d’instruction, celui-ci a estimé dans des déclarations à la presse que cette comparution « n’a rien à voir avec le premier dossier (affaire Escobar du Sahara, ndlr) » et que la chanteuse est venue pour se constituer partie civile.

« Dans le premier dossier, elle était entendue comme témoin. Ils ont donc essayé de la faire chanter, sauf qu’elle n’a pas cédé au chantage », a-t-il dit.

Et d’ajouter: « Nous espérons l’accélération de sa comparution devant la justice marocaine, car il sait beaucoup de choses et il a les noms de plusieurs personnalités impliquées dans ce dossier qui voulaient porter préjudice à Mme Latifa Raafat ainsi qu’à plusieurs personnes citées dans l’enquête ».

Le même avocat a ajouté que le dossier de l’accusé susmentionné a été transmis à la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ) sur instruction du Ministère public. Il s’est avéré que l’intéressé, qui « a été arrêté sur la base d’un mandat d’arrêt international, dispose d’un réseau qu’il a utilisé dans le présent dossier ».

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Citant un accusé « actuellement en détention et faisant partie de ce réseau », Me Zahrach a déclaré à la presse que « celui-ci était présenté par Driss Ferhane comme étant un officier des services de sécurité mais il n’est qu’un percussionniste », appelant à l’arrestation « du reste des personnes impliquées dans cette affaire ».

 

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Témoin clé dans l’affaire Escobar du Sahara, Latifa Raafat, qui était l’épouse de Haj Ben Brahim alors qu’il était impliqué dans des activités criminelles, a confirmé dans le cadre de l’instruction judiciaire les liens entre celui-ci et l’ancien président du Wydad, Saïd Naciri.

Souvent présents dans la villa de la chanteuse à Rabat, les deux hommes avaient échangé des sommes d’argent importantes. Dans les procès-verbaux de la police, Raafat a affirmé que son ex-époux a financé la campagne électorale de Naciri à Zagora.

Alors que l’opinion publique s’impatientait de voir le début du procès impliquant au moins 25 personnes, dont le président du Conseil préfectoral de Casablanca, Saïd Naciri, et le président de la région de l’Oriental, Abdenbi Bioui, à la suite de la fin de l’instruction judiciaire, elle a dû patienter davantage après un appel interjeté par le procureur général adjoint près la Cour d’appel de Casablanca pour le délit de trafic de devises par les deux responsables.

La chambre du conseil a adhéré à cette requête, statuant pour le maintien de la poursuite. Quelques semaines auparavant, elle a statué également pour le maintien du chef d’inculpation d' »exportation des stupéfiants et des substances psychotropes sans autorisation ni déclaration ». Le déclenchement de cette nouvelle « affaire dans l’affaire » devrait donc retarder encore plus la clôture de la phase d’instruction.

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