“Paroles d’Experts”. Séisme d’Al Haouz : 3 mois après, où en est-on ?

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“Paroles d'Experts”. Séisme d’Al Haouz : 3 mois après, où en est-on ?
© Conversium

On ne pouvait terminer l’année sans consacrer une émission spéciale aux sinistrés d’Al Haouz. Au lendemain du séisme, “Paroles d’Experts” s’était déplacé sur place pour constater l’ampleur des dégâts et soutenir à son niveau la société civile. Sollicitée à l’époque, Hind Laïdi, présidente de l’association Jood, refait le point dans cet épisode sur la situation sur place trois mois après. Invité également en visioconférence,  Mohamed Mahdi, sociologue et anthropologue.

 

Le 8 septembre dernier, un violent séisme frappe plusieurs provinces de l’Atlas, faisant 2.946 morts et 5.674 blessés. Très vite, une grande mobilisation nationale et internationale se met en marche. L’Etat sort les grands moyens pour dégager les routes et apporter les premiers secours, et la société civile se mobilise et achemine vêtements et nourriture aux démunis. Cet élan de solidarité n’a jamais cessé même si trois après, les victimes du tremblement de terre ont quelque peu été occultées par d’autres actualités tout aussi dramatiques.

Qu’en est-il alors sur le terrain ? La bonne nouvelle est que toutes les routes ont été dégagées, et tous les villages sont désormais accessibles, assure Hind Laïdi. L’un des problèmes qui n’a pas encore été résolu concerne le nombre de puits détruits et toujours pas réhabilités. L’autre problème plus crucial est que de nombreux sinistrés continuent de vivre sous les tentes. La présidente de Jood rappelle à cet effet, qu’on estime à 53.000 personnes le nombre de personnes ayant perdu leur habitation.

L’urgence aujourd’hui est de savoir comment affronter le rude hiver de l’Atlas dans des tentes où s’infiltre l’eau et souffle le vent glacial. L’association de son côté continue de fournir des denrées alimentaires aux sinistrés et d’assurer l’hygiène corporelle pour écarter tout danger sanitaire. La priorité explique Hind Laïdi est de venir en aide aux populations qui sont à de hautes altitudes et qui risquent de ne pas survivre face à des conditions extrêmes avec des baisses importantes des températures.

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La présidente de Jood rappelle que le gouvernement a bien débloqué des budgets pour soutenir ces populations et les aider à reconstruire. Le 1er novembre dernier, le gouvernement a distribué la 2e tranche des aides aux victimes d’Al Haouz, soit 2500 DH / mois pendant un an aux familles qui ont perdu leur logement. La 1ère tranche avait été distribuée en octobre et concernait 27.000 familles qui ont reçu  30.000 DH pour un an.

Le 7 novembre, une première aide à la reconstruction de 20 000 DH, puis une aide financière de 140.000 DH a été débloquée pour les logements effondrés et 80.000 DH pour les maisons qui nécessitent des travaux de réhabilitation.

Laissés sur le carreau

Mais beaucoup d’entre eux sont restés sur le carreau, faute d’avoir été enregistrés à temps, se désole Hind Laïdi. A ce sujet, l’association a lancé une réflexion pour aider ceux qui ne vont justement bénéficier de rien. Une étude est menée dans ce sens avec des ingénieurs et un institut de recherches, précise-t-elle.

Mohamed Mahdi tient à rappeler la diversité que représentent ces communes et douars. Chacun s’est organisé à sa façon, et s’est adapté à la situation par la suite. Ainsi, les tentes qui devaient être provisoires, ont perduré et les familles ont fini par les consolider avec des matériaux trouvés sur place, faute de mieux.

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Dans d’autres endroits, les pouvoirs publics ont mis en place des préfabriqués pour mieux affronter l’hiver, précise Mohamed Mahdi qui souligne que globalement, les gens n’ont pas quitté leur douar.

L’activité agricole reprend peu à peu et l’Etat tente de réparer les canaux d’irrigation très endommagés

La vie reprend ses droits donc, mais peut-on encore attendre longtemps ?

“Le souci de savoir comment désenclaver ces villages pour ensuite les reconstruire. Cela prendra à coup sûr plusieurs années…”, assure la présidente de Jood.

De son côté ; Mohamed Mahdi salue au passage la création de l’agence de développement du Haut Atlas qui permettra de mettre en place une stratégie de développement de la région et un programme cohérent de reconstruction.

En attendant, les besoins sont toujours là et les besoins sont énormes. Les problèmes se corsent même s’inquiète Hind Laïdi qui espère trouver encore des aides auprès des entreprises.

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