“Paroles d’Experts” de Faïçal Tadlaoui. Cherté de la vie, pourquoi ça dure ?

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Depuis plusieurs semaines, on assiste à flambée des prix des fruits et légumes. Pourquoi l’inflation persiste-t-elle encore ? Qui sont les plus impactés ? Quelles pistes pour en voir le bout ? Éléments de réponses avec Abdelghani Youmni, économiste, spécialiste des politiques publiques et professeur d’économie, et Larbi Mhin, Vice-président de la Fédération marocaine de consommateurs et professeur d’économie.

 

En ce début d’année, le Maroc connaissait une hausse sans précédent des prix des denrées alimentaires, de l’énergie et des services. En cette fin d’année, la situation n’est guère réjouissante, les prix sont toujours à la hausse. Malgré une légère baisse mondiale des prix des hydrocarbures, l’indice des prix à la consommation au Maroc a connu récemment une augmentation de 0,3%, avec une hausse de 0,2% dans les produits alimentaires et de 0,4% dans les produits non-alimentaires.

Un petit tour dans un marché à Casablanca suffit pour s’en convaincre : le kilo de tomates (ou de pommes de terre) se vend à 15 dirhams, tandis que celui de courgettes affiche les 25 dirhams. Les oignons, qui ne dépassaient pas habituellement les 4 ou 5 dirhams le kilo, ont franchi la barre de 12 et 13 dirhams, les poivrons verts à 15 DH/ kg, alors que les poivrons rouges ou jaunes sont à 25.

Même constat pour les fruits : la banane locale est vendue à 18 DH/ kg, la pomme et la poire à 25 DH…

Alors pourquoi cette flambée et quelles sont ses origines ? Jusque-là, plusieurs facteurs étaient points du doigt pour justifier cette inflation comme la guerre en Ukraine, la sécheresse, la hausse des prix des hydrocarbures… Mais pourquoi cette inflation persiste encore en cette fin d’année, demande Faïçal Tadlaoui.

“Il y a une superposition des crises dont la première victime est le consommateur. Généralement, pour corriger l’inflation, on augmente les salaires, mais quels salaires augmenter dans une économie dominée à 80 % par l’informel, se demande Abdelghani Youmni.

L’autre effet pervers de l’inflation est qu’un produit qui atteint un prix élevé, ce prix reste à son niveau et peut encore évoluer, mais il ne descendra jamais, explique l’économiste.

Pour les produits agricoles, notre économiste dénonce leur augmentation à l’export au détriment du consommateur marocain, d’autant plus que l’affaire est plus rentable pour les exportateurs.

Larbi Mhin pointe de son côté la baisse du pouvoir d’achat qui constate que les salaires ne suivent pas: “C’est un problème de répartition de la richesse créée avant tout”, selon lui.

“L’augmentation des salaires n’a aucun effet dans une économie où seulement 25 à 27 % des salaires sont déclarés”, reprend-il.

La solution ? Développer les circuits courts, selon lui pour permettre aux petits agriculteurs et aux consommateurs de s’y retrouver

Le gouvernement a annoncé son intention de débloquer 70 milliards pour soulager les catégories les plus faibles de la population, mais pas grand-chose pour les classes moyennes, rétorque notre économiste. “La classe moyenne est celle qui supporte le plus ce fardeau entre impôts, frais de scolarité, frais de santé… C’est elle qu’il faut aider, c’est la locomotive” Comment ? En engageant une réforme fiscale qui va réviser l’impôt sur le revenu en prenant en compte le foyer fiscal dans son ensemble, soutient Abdelghani Youmni si on veut donner du pouvoir d’achat.

Alors que nous réserve 2024 ? On n’avancera pas tant qu’on fera nos calculs en se basant sur 20 % des Marocains dans les projets de loi de finances, estime Youmni.

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