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Publié leAprès les pastèques, le melon et les olives, c’est au tour des fraises marocaines d’être pointées du doigt en Europe pour contenir des taux élevés de pesticides. Pourquoi autant d’alertes sanitaires sur des produits pourtant soumis à des contrôles très stricts ? Un rapport avec la crise que traverse l’agriculture européenne ? Quelles conséquences sur nos exportations et quel impact sur la santé des Marocains ? Pour en débattre, Ouadi Madih, Président de la fédération nationale des associations du consommateur et Amine Bennani, président de l’Association marocaine des producteurs de fruits rouges.
Début février, les haricots verts marocains destinés au marché européen étaient suspectés de contenir des pesticides dépassant trois fois les limites établies par la réglementation de l’Union européenne. Le 20 février, le gendarme alimentaire européen (Rapid Alert System for Food and Feed , RASFF) a détecté la présence du virus norovirus GII, un agent provoquant la gastro-entérite aiguë, dans des cargaisons de fraises produites au Maroc.
Le 5 mars, nouvelle alerte du RASF, cette fois-ci sur les fraises marocaines qui risquaient contenir de l’hépatite A. Selon cet organisme, les analyses ont révélé un risque qualifié de “sérieux”. Pour rappel, le virus de l’hépatite A se transmet par ingestion d’eau ou d’aliments contaminés ou par contact avec une personne infectée.
C’est la deuxième alerte sanitaire concernant ce fruit exporté par le Maroc vers l’Espagne en l’espace de trois semaines. L’ONSA a rapidement procédé à des analyses sur des échantillons de la cargaison et sur les parcelles concernées au sein de la société exportatrice. Conclusion : rien d’inquiétant et l’eau d’irrigation reste conforme. Dans la foulée, le ministère de l’Agriculture a réagi rapidement et menacé de poursuivre en justice toute personne diffusant ces fake news.
Fausse alerte
Amine Bennani, président de l’Association marocaine des producteurs de fruits rouges, se veut lui aussi rassurant et parle plutôt de fausse alerte: “Pour info, la RASFF déclenche quelque 7500 alertes par an. La première alerte visant le Maroc concerne le norovirus. Ce test a été refait et s’est avéré faux. Dès qu’on a appris pour la deuxième alerte de l’hépatite A, toutes les analyses possibles ont été faites. A l’heure actuelle, tous ces tests sont négatifs”.
Bennani ne remet pas en cause la véracité de l’analyse de l’organisme européen, mais fait remarquer qu’un accident est toujours possible. Et de rappeler que les fruits rouges, ce sont 12.000 hectares de culture plantée et beaucoup de tonnes exportées et plus de 100 000 personnes employées.
Il est vrai que les normes européennes sont plus strictes qu’ailleurs, et les producteurs marocains doivent respecter un cahier des charges tout aussi strict s’ils veulent que leurs produits soient distribués sur ces marchés.
“Quand l’alerte a été déclenchée, tous les clients dans le monde ont analysé leurs lots, et rien n’a été signalé depuis”, rappelle le président de l’Association marocaine des producteurs de fruits rouges. Des alertes contre le norovirus et l’hépatite concernant les produits agricoles ou les fruits de mer sont assez régulières en Europe, car ce sont des produits qui sont manipulés par des humains.
Quid du Maroc ?
Et qu’en est-il alors du marché marocain ? “C’est la même fraise produite de la même manière avec la même rigueur, précise-t-il. Quant aux pesticides, nous sommes obligés de les utiliser mais en respectant là aussi un cahier des charges très strict”.
Il n’existe pas de parcelle pour le marché local et une autre parcelle pour l’export, précise-t-il, mais juste des spécificités de calibrage ou de couleur selon les marchés. “Les fruits arrivés à maturité qui ne peuvent voyager sont dirigés vers le marché local, mais généralement, c’est la même fraise produite de la même manière, sous les mêmes conditions, avec la même rigueur”.
Reste que le fléau des pesticides continue de sévir chez nous admet Ouadi Madih, Président de la fédération nationale des associations du consommateur qui cite l’exemple de la menthe. Seuls 2% de la production nationale part à l’export, soutient-il, mais elle ne contiendrait pas de pesticides contrairement aux 98% restants.
Un problème qui n’est pas nouveau même si l’ONSSA veille en imposant des prélèvements et en réclamant des attestations d’analyse aux producteurs qui veulent accéder aux marchés de gros.