“Paroles d’Experts” de Faïçal Tadlaoui. Libération du domaine maritime: pourquoi ce réveil tardif des autorités ?

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Une vague de démolition s’est abattue sur le littoral depuis fin décembre. Le mausolée de Sidi Abderahmane à Casablanca, les plages d’Imessouane près d’Agadir et Dahomey à Bouznika ou plus récemment dans le Nord, partout, les pelleteuses sont entrées en action pour faire disparaître des habitations qui occupaient les lieux depuis… des lustres. Cette campagne de libération de l’espace public maritime a pris tout le monde de court par son timing et son ampleur. Pour en débattre, Karim Rouissi, président de l’association Casamémoire et Maître Assma Bader, avocate du collectif des habitants de la plage de Dahomey.

 

Débutée le 25 décembre à Tifnit au sud d’Agadir, la vague de destructions a depuis gagné tout le littoral et touché les villes de Casablanca, Bouznika, puis Martl et Belyounech dans le Nord. Malgré les protestations et réclamations, les bulldozers ont mis fin en quelques heures à ces décors de carte postale.

Raison invoquée : libérer le domaine public de toute forme d’occupation illégale sur tout le littoral. Mais alors pourquoi cette précipitation sachant que certains cabanons et habitations datent de la colonisation ont toujours été tolérés et pour certains soumis à des taxes locales.

Alors pourquoi cette précipitation ? “On a comme l’impression qu’on assiste à une prise en main de l’urbanisme”, constate Karim Rouissi, président de Casamémoire qui relie ces décisions à des événements à venir comme la Coupe du monde 2030. “Il y a eu un laisser-aller qui n’a que trop duré”, poursuit-il.

“Ces domaines ont toujours été très convoités et tout le monde cherche à avoir sa petite résidence secondaire en bord de mer, ce qui explique qu’au fil du temps le développement de ces constructions”, rappelle Assma Bader. Et de rappeler que “ces espaces maritimes sont exploitables temporairement suivant une autorisation officielle des autorités concernées.”

Contractualisation de fait

L’avocate précise que si la loi autorise certaines constructions sur le littoral, celles-ci doivent être des constructions légères, en bois ou en préfabriqué. Mais aujourd’hui, les cabanons ont cédé la place à des constructions en béton et qui ne respectent pas toujours l’environnement en polluant avec leurs rejets la nappe phréatique. “On a construit sans respecter la réglementation”, dénonce pour sa part Karim Rouissi.

“Dans le cas de la plage de Dahomey, ce sont quelque 500 habitations qui sont concernées, certaines sont légères et d’autres en dur”, souligne maître Bader, mais tout s’est fait dans un cadre légal selon elle puisque des redevances et des taxes ont été acquittées par leurs occupants à la commune. Résultat : une contractualisation de fait s’est installée au fil du temps, selon l’avocate qui dénonce ces démolitions brutales où tout le monde a été mis devant le fait accompli.

Si nombre de résidents ont été pris au dépourvu, la rumeur n’a pas tardé à prendre le relais, suggérant qu’après ces destructions, des projets immobiliers plus rentables devraient sortir de terre. Encore faut-il obtenir une autorisation pour occuper le domaine public maritime…

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