“Paroles d’Experts” de Faïçal Tadlaoui. Aides au logement : quel impact sur l’immobilier ?

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Dédié aux primo-acquéreurs, le programme d’aides aux logements lancé le 1er janvier 2024 permettra à plusieurs familles marocaines de recevoir un soutien financier pour acheter leur appartement. Très ambitieux, ce programme qui vise notamment à combler les besoins de la classe moyenne, risque de faire face à quelques difficultés comme l’expliquent Anis Benjelloun, Vice-président de la Fédération nationale des promoteurs immobiliers, et Rachid Tadlaoui, Secrétaire général du Conseil national des notaires.

 

 

Après “Villes sans bidonvilles” lancé en 2004 et “Logement social” en 2010, ce nouveau programme vise à remédier aux pénuries de logements à destination de la classe moyenne.

Lancé par le roi Mohammed VI en octobre dernier, le programme d’aides directes au logement, dédié aux primo-acquéreurs, est effectif depuis le 1er janvier 2024. En une semaine, environ 16.302 demandes ont été enregistrées par la plateforme numérique daamsakane.ma. Ce mécanisme qui s’étale sur 5 ans permettra à plusieurs familles marocaines de recevoir un soutien financier pour acheter leur appartement. Objectif à terme : lutter contre l’habitat insalubre, faciliter l’accès au logement, et soutenir les PME dans un secteur mal en point depuis la crise du covid.

Qui est concerné ? Les Marocains résidant au Maroc et les Marocains du monde qui ne disposent d’aucun bien immobilier au Maroc et n’ont jamais bénéficié d’aucune aide au logement.

Les montants de l’aide seront débloqués en fonction de la valeur du logement acquis.
– Subvention de 100.000 dirhams pour l’acquisition d’un logement dont le prix de vente est inférieur ou égal à 300.000 dirhams,
– 70.000 dirhams pour un logement dont le prix varie entre 300.000 et 700.000 dirhams.

Comment ça marche ? L’acheteur choisit lui-même son appartement. Ensuite, il récupère une attestation de fin des travaux, puis dépose le permis d’habiter accompagné d’une copie de la carte d’identité nationale sur la plateforme digitale créée par le ministère de l’Habitat : daamsakane.ma. Ensuite notaires et banques s’occupent du reste, le tout dans un délai d’un mois pour boucler l’affaire.

“Les prix du foncier ont doublé depuis 2010”

Si le programme a démarré sur les chapeaux de roues, nos invités émettent de nombreuses réserves quant à sa pérennité. Anis Benjelloun rappelle que les promoteurs doivent s’acquitter toujours de nouvelles taxes et subissent les lenteurs administratives quand ce n’est pas des blocages revendiqués par certains fonctionnaires. Et de rappeler les prix du foncier qui ont été multipliés par deux, voire plus, depuis 2010 ou encore les prix des matières premières comme le ciment qui se sont envolés ces dernières années.

“Comment réaliser des logements à 300.000 DH dans ces cas-là”, s’insurge le Vice-président de la FNPI, surtout que “l’état actuel de notre économie n’est guère reluisant avec une inflation à 6,5 %, une croissance annoncée à 2,5 %, ou plus inquiétante, la destruction de 300.000 emplois en 2023”.

De son côté, Rachid Tadlaoui met en avant la transparence et la réactivité du programme, deux éléments qui ne peuvent que contribuer à son succès rapide. “C’est un programme citoyen, tout le monde doit y mettre du sien si on veut que ça marche”, souligne le Secrétaire général du Conseil national des notaires. Et de rappeler que sa profession contribue à son niveau pour donner toutes ses chances à ce projet en appliquant une tarification n’excédant pas 2.500 DH TTC, au lieu d’environ 6 000 DH TTC. Ce montant englobe les honoraires du notaire ainsi que les frais du dossier incluant l’ensemble du processus.

“D’accord pour être solidaires et faire un effort, rappelle Anis Benjelloun, mais ces efforts doivent être partagés par tous, à commencer par l’administration”. “Il est inacceptable de subir des délais de plusieurs mois pour obtenir une autorisation”, s’insurge-t-il, “Il faut lever les contraintes et surtout revoir les délais : un mois c’est trop court pour boucler un dossier”. Un avis partagé par notre notaire qui rappelle que la plupart des futurs propriétaires ont recours aux crédits bancaires pour financer l’acquisition de leur bien.

Entre la promesse de vente, l’obtention du crédit auprès de la banque, un délai d’un mois risque de se transformer en mission impossible pour de nombreux candidats.

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