Marocains assassinés près de Saïdia. Me Chergui: « Alger a laissé un message pas un cadavre »

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Avocat Hakim Chergui
Avocat Hakim Chergui

L’avocat de la famille Mchiouer et Kissi, Me Hakim Chergui, a affirmé mardi que la quête de vérité et de justice dans l’affaire des Marocains assassinés près de Saïdia par les garde-côtes algériens est un « combat de la civilisation contre la barbarie ».

Accompagné du père et des proches de feu Abdelali Mchiouer dont le corps est toujours séquestré par les autorités algériennes depuis près d’un mois, Me Chergui, qui intervenait lors d’une conférence de presse ce matin à Casablanca, a souligné que « Ce que nous faisons et ce que la famille Kissi et Mchiouer font, ce n’est pas de raviver des braises qui demain tueront des gens », ajoutant que « Ce que nous faisons, c’est que nous réinjectons de la civilisation dans un cadre où ce qui nous a frappés était la barbarie« .

Pour lui, « C’est la barbarie qui a tué ces gens et c’est la civilisation et le droit qui va leur rendre justice », relevant que « Le combat que nous menons, nous en aurons pas d’aussi noble de toute notre vie ».

Une affaire gérée par les militaires algériens

Dans une déclaration à H24info, Me Chergui a expliqué que la difficulté dans cette affaire réside dans le fait qu’elle n’est pas gérée par les services civils algériens mais militaires et, notamment, par le procureur militaire. De ce fait, cela obligeait le consulat de Sidi Bel Abbès à modifier la manière de travailler et ils l’ont fait. Ils ont sollicité officiellement toutes les autorités. 

« Les autorités algériennes n’ont pas répondu puisqu’avant la délivrance du laissez-passer qui doit permettre l’inhumation il y a deux procédures. La première permet l’identification légale du cadavre qui peut-être faite par le consul pour prouver que le cadavre est véritablement d’Abdelali Mchiouer. La seconde est l’établissement d’un acte de décès qui prouve médicalement qu’il est mort », détaille-t-il.

« Après, les autorités consulaires pourront délivrer un laissez-passer qui permettra l’inhumation. Nous sommes actuellement bloqués à l’établissement de la première procédure, en raison d’un défaut de réponse des autorités militaires », déplore l’avocat franco-algérien, inscrit au barreau de Paris.

Pour ces raisons, la famille Mchiouer a décidé d’adresser au président de la République Algérienne, Abdelmajid Tebboune, « une lettre ouverte pour lui transmettre leur douleur et leur indignation de savoir que, peut-être, le corps de leur fils servira d’otage à un conflit politique, ce qu’ils ne veulent pas. L’unique souci de son enfant de 5 ans, c’est d’enterrer son papa ».

Ouverture d’une enquête par l’ONU

Me Chergui a également révélé que, lui et sa consœur Me Ghizlane Mouhtaram, ont saisi l’Organisation des Nations unies (ONU) qui ouvrira une enquête en vue d’élucider les tenants et aboutissants de cette affaire.

« Nous avons déjà saisi il y a quelques jours l’ONU, et particulièrement une indépendante autorité onusienne qui s’appelle le rapporteur spécial pour les exécutions extrajudiciaires, sommaires et arbitraires », a-t-il fait savoir, expliquant que l’ONU, à laquelle une demande d’enquête internationale a été adressée par leurs soins, « a le pouvoir de venir en Algérie pour consulter les administrations, ainsi que de venir au Maroc »

Les deux avocats ont eu recours à l’ONU en vue « que la vérité soit établie par la voix officielle, le plus rapidement possible », a-t-il fait valoir.

« Ils ont laissé un message »

Dans son intervention, Me Chergui a précisé que les autorités algériennes « n’ont pas laissé un cadavre, mais ont laissé un message ».

« Qu’est ce que le message ? Chacun est libre de faire son opinion. Ce qui est certain pour eux, c’est qu’a priori, le prix de la vie d’un civil marocain vaut beaucoup moins que des considérations politiques ou des ordres militaires », ajoute-t-il.

Une plainte contre les diffuseurs de la vidéo de Bilal

S’agissant de feu Bilal Kissi, ce jeune Franco-Marocain de 28 ans tué lui aussi par l’armée algérienne, l’avocat Chergui s’est dit scandalisé par la diffusion de la vidéo de son cadavre et a révélé le dépôt d’une plainte à cet effet.

« On a vu des vidéos de son macchabée circuler sur les réseaux sociaux. C’est quelque chose d’extrêmement grave. Une atteinte à la dignité de la personne humaine », a-t-il regretté, relevant que « la famille Kissi a déposé une plainte qui aboutira le 5 octobre à Oujda à un procès contre les principaux diffuseurs de la vidéo ».

Il a ensuite été demandé au public de ne pas diffuser ni détenir de vidéos du cadavre de Bilal Kissi, par respect pour la dignité du défunt et en considération de la souffrance que cette vidéo cause chez ses proches, terriblement affligés par sa perte.

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