Inflation des prix des fruits et légumes: le CESE préconise les circuits courts

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Face à une inflation galopante marquée par la hausse inédite des prix des fruits et légumes, le Conseil Économique Social et Environnemental (CESE) appelle à revoir le système actuel des marchés de gros. Il faut, selon ses experts, encourager le développement des circuits courts. 

Il s’agit de la quatrième alerte du CESE. Cette fois-ci, le conseil s’intéresse aux prix des fruits et légumes en proposant de réorganiser les circuits de commercialisation des produits agricoles afin de limiter la spéculation des intermédiaires. Les experts affirment que les mesures d’urgence prises par l’exécutif n’ont pas suffi à « résorber le renchérissement des prix des produits alimentaires dans un contexte marqué notamment par la persistance de la tendance haussière des prix des intrants agricoles et des produits phytosanitaires ».

Car, selon eux, la situation actuelle relève d’un problème structurel, notamment l’absence de cadre de gouvernance global du processus de commercialisation des produits agricoles entraînant plusieurs insuffisances en matière d’organisation des marchés des produits agricoles (marchés de gros et souks hebdomadaires) et la prédominance des circuits parallèles de commercialisation (vente informelle).

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Le document note également la faible capacité des petits et moyens agriculteurs à s’organiser pour écouler, dans de bonnes conditions, leurs produits. A cela s’ajoute une digitalisation encore très faible des processus de commercialisation et de valorisation des produits agricoles. Les nouvelles technologies faciliteraient l’accès direct et fluide des petits et moyens agriculteurs aux différents marchés et débouchés.

« Une intermédiation excessive et peu contrôlée qui favorise la spéculation et la multiplication des intervenants, pénalise le producteur, impacte la qualité des produits en rallongeant les circuits de distribution et partant, renchérit le prix de vente final au consommateur. Le prix d’un produit peut, parfois, tripler ou quadrupler avant d’arriver au consommateur », dénoncent les membres du conseil.

Pour résoudre ce problème, il ne suffit pas traiter les symptômes, mais de penser à soigner l’origine du mal. C’est en tout cas ce que recommande le CESE. Le conseil propose ainsi de prendre un ensemble de mesures permettant d’organiser les circuits de commercialisation des produits agricoles et de limiter la spéculation des intermédiaires.

Il faudra avant tout réformer les marchés de gros en adoptant un dispositif ouvert à la concurrence et conditionné par le respect d’un cahier de charges et en mettant en place une réglementation qui clarifie le fonctionnement interne des marchés, les modalités d’éligibilité des intervenants, et le nouveau système de redevance.

Circuits courts

Le gouvernement doit ensuite encourager le développement des circuits courts de commercialisation à caractère coopératif, promouvoir le commerce de proximité. Le CESE propose à l’Etat d’encourager les petits et moyens agriculteurs à se regrouper dans des coopératives en s’inspirant des approches adoptées par la filière sucrière et la filière laitière.

Il faut également mettre en place un cadre juridique encadrant les pratiques de stockage des produits agricoles afin de lutter efficacement contre l’entreposage à des fins spéculatives.

Les experts du CESE incitent sur la transformation digitale de la commercialisation des produits agricoles, notamment à travers la création de plateformes. Ces nouveaux outils devront permettre aux agriculteurs, « d’une part, d’accéder instantanément aux données sur les prix réels afin de mieux négocier avec tous les intervenants de la chaîne de commercialisation, et d’autre part d’écouler directement une partie de leurs produits ».

Il faut, selon les experts du CESE, repenser et réguler le rôle et les missions du métier de l’intermédiaire qui explicite ses droits et ses obligations au niveau de la chaîne de commercialisation. Enfin, ils précaunisent de mettre en place un «observatoire des prix et des marges», qui pourrait être abrité par le Conseil de la concurrence, pour aider à la détection de tout comportement d’accumulation non justifiée des marges de profit au détriment du pouvoir d’achat des citoyens.

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