Invitées de cette émission, Imane Belmekki, Directrice Ressources Humaines, Communication et Moyens Communs d’Atner,…
“Paroles d’Experts” de Faïçal Tadlaoui. Inflation et pouvoir d’achat: plus chère la vie
Publié leL’augmentation des prix, voilà un sujet qui préoccupe les Marocains dans leur quotidien. Depuis la crise ukrainienne, l’envolée des prix alimentaires et des carburants a impacté lourdement leur pouvoir d’achat. Pour en parler, Abdelghani Youmni, économiste, spécialiste des politiques publiques et Professeur d’économie à l’université Mundiapolis et Larbi Mhin, vice-président de la Fédération Marocaine des Droits du Consommateur (FMDC) et Professeur d’économie à la faculté Mohammed V Rabat.
Huiles, volailles, viandes rouges, carburants, légumes, œufs… mais aussi carburants et matières premières… tous les prix ont flambé ces derniers mois au Maroc et dans le reste du monde pour se maintiennent à des niveaux élevés. Selon les derniers chiffres HCP, l’indice des prix à la consommation a augmenté de 8,3 % en un an, en raison d’une flambée des prix alimentaires (+14, 7%).
Alors pourquoi les prix continuent d’augmenter ? Selon Abdelghani Youmni, on a vécu jusque-là gratuitement, sans inflation. D’après l’économiste, la crise de l’Ukraine a bon dos, l’inflation a démarré avec la crise covid et a été accentuée au Maroc à cause des produits et des hydrocarbures importés. Pour l’instant, cette inflation reste maîtrisée et n’est pas encore inquiétante.
Larbi Mhin, vice-président de la Fédération Marocaine des Droits du Consommateur (FMDC), pointe de son côté la faiblesse de l’économie nationale et l’Etat social qui ne remplit pas complètement son rôle. Nos entreprises sont au ralenti tout comme le secteur informel, ce qui impacte la production nationale de biens et services qui a baissé. Sans oublier la production agricole elle aussi en baisse après avoir subi une sécheresse sévère.
Le prix à la pompe plombe le pouvoir d’achat des Marocains
Dans le cas du Maroc, c’est surtout le prix à la pompe qui plombe le pouvoir d’achat des Marocains, selon Abdelghani Youmni. Pour soulager les ménages, la solution réside d’abord dans une fiscalité à revoir, précise-t-il. La spéculation et l’affolement des consommateurs n’arrangent pas les choses, rappelle Larbi Mhin.
Les conséquences se font en effet sentir surtout au sein des catégories de population à faibles revenus qui sont fortement pénalisées. La grogne sociale s’est faite sentir chez les transporteurs avec l’explosion des prix à la pompe. Si les choses sont revenues un peu à la normale, la situation reste toujours tendue, surtout depuis la récente crise du covid.
Comment redonner du pouvoir d’achat aux consommateurs ?
Selon une note récente du HCP sur les inégalités sociales, le royaume est revenu « au niveau de pauvreté et de vulnérabilité de 2014 », à cause de l’épidémie du Covid-19 et de l’inflation. Le même HCP considère qu’environ 3,2 millions de personnes supplémentaires ont basculé dans la pauvreté (1,15 million) ou dans la vulnérabilité (2,05 millions) sous les effets combinés de la crise sanitaire et de l’inflation.
Alors comment redonner du pouvoir d’achat aux consommateurs ? Relancer la demande et augmenter les revenus, avec une politique sociale pour diminuer les inégalités, souligne Larbi Mhin.
Dans ce sens, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) appelle à la mise en place rapide de l’aide directe aux ménages à travers le registre social unifié, qui permettra d’améliorer le ciblage des catégories en besoin de soutien. Le but étant d’éviter que les subventions profitent le plus souvent aux ménages les plus aisés.
De son côté, Abdelghani Youmni critique le PLF 2023 qui priorise selon lui une politique de l’offre. Au lieu de taxer les entreprises qui font des superprofits, on a au contraire allégé leurs impôts de 11 % au détriment des classes moyennes. Il faut repenser la fiscalité des ménages, selon lui.
Le PLF 2023 adopté le 19 octobre en Conseil de gouvernement a été en effet très critiqué pour son manque d’engagement en faveur du pouvoir d’achat des Marocains et l’abandon de la taxe sur les superprofits, réclamée par l’opposition.