Pourquoi le Maroc est le grand gagnant des élections espagnoles

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Le Parti populaire est arrivé en tête des élections anticipées organisées dimanche 23 juillet en Espagne. Une victoire au goût amer. Le bloc de droite n’est pas en mesure de former une coalition. Une bonne nouvelle pour le Maroc?

Dimanche, l’euphorie du 28 mai a changé de camp. Bien qu’arrivant deuxième, quoiqu’avec une différence d’à peine 300.000 voix, le parti au pouvoir mené par Pedro Sanchez a su tirer son épingle de jeu. Il garde toutes les chances de conserver le pouvoir.

Auréolé par sa percée durant les élections municipales du 28 mai dernier, le Parti Populaire s’attendait à un remake du dernier rendez-vous électoral, régional cette fois, célébré il y a à peine deux mois.

Les barons du parti de l’opposition annonçaient un « raz de marée bleu » en référence à la couleur de la formation. Mais celle-ci a payé le prix de ses alliances avec la formation d’extrême droite Vox, dans le but d’arracher des régions à son rival politique, le PSOE.

Certes il n’y a pas de majorité nette qui se dégage de ce scrutin mais une fois encore, Sanchez a montré qu’il est un dur à cuire.

Cependant, il est encore tôt pour crier victoire et avancer que Sanchez rempilera. La formation d’un gouvernement est entre les mains des partis régionaux, catalane et basque. Les intérêts de ces petites formations, faiseurs de rois durant les derniers mandats, vont l’emporter sur le reste des dossiers d’ordre national.

Partant, et abstraction faite de l’issue de ce scrutin, l’Espagne s’est distinguée comme un pays qui ne cède guère au chant des sirènes de l’extrême droite. Malgré les campagnes de diabolisation du Maroc, à coups de gigantesques affiches publicitaires à rebours du rapprochement maroco-espagnol, le discours xénophobe et discriminatoire n’a pas eu d’impact majeur. Une fois de plus, l’électeur espagnol a brillé par son rejet de tout cynisme électoraliste.

Les leçons d’un scrutin 

Le premier enseignement à tirer de ces élections est la maturité démocratique dont ont fait preuve les Espagnols. Car, au-delà du vote massif en cette période estivale, nos voisins du nord ont séparé le bon grain de l’ivraie en tournant le dos à l’extrémisme politique, et ce malgré les nombreuses manœuvres habilement orchestrées par les nouveaux visages du fascisme.

La règle non-écrite selon laquelle l’électeur espagnol privilégie un vote-sanction lorsqu’il s’agit d’élire les responsables de l’administration régionale ou autonome et faire pencher la balance en faveur des partis qui respectent les fondements de l’Etat à l’heure d’élire le chef de gouvernement, a été parfaitement respectée.
Une règle qui s’est confirmée lors de ce dernier rendez-vous électoral, où tous les coups bas étaient permis et mis à profit par les extrémistes de tous bords, pour rafler une poignée de voix.

Tout au long de la campagne électorale, Sanchez a été présenté comme un « vendu », « un traître à la solde du Maroc » et des Marocains. Traîné dans la boue et vivement critiqué pour son rapprochement avec le Royaume, le chef de l’Exécutif espagnol a réussi l’exploit de ne pas sombrer dans les abysses de la désaffection électorale.

Reste à souligner un détail et pas des moindres : ce rendez-vous électoral est le premier « sondage » grandeur nature des Espagnols après la nouvelle position adoptée par le gouvernement de Sanchez concernant le Sahara.

Si l’on juge par le vote des électeurs espagnols, Sanchez n’a pas été « sanctionné » après cette décision, comme l’avaient prédit bon nombre d’analystes et observateurs espagnols, allant même à évoquer son éventuelle « déconfiture » après cette décision.

En somme, les Espagnols ne voient pas d’un mauvais œil le virage entrepris par leur « presidente« . Ce qui ouvrira la voie à une consolidation de cette position au cas où Sanchez arrive à garder les clés du Palais de la Moncloa.

Prévoyant, c’est d’ailleurs dans ce sens que le Maroc avait laissé entendre que les décisions phares qui traduisent le vrai rapprochement entre les deux pays, comme l’ouverte d’une douane à Sebta par exemple, ne seront actées qu’une fois la nouvelle position espagnole est entérinée.

Le scrutin du 23 juillet a fourni les premiers prémisses d’une réponse, en attendant que Sanchez s’arme de courage et annonce de nouvelles mesures qui inscrivent son geste dans l’irrévocabilité.

Deuxième enseignement du scrutin de dimanche, la « débâcle » de la cheffe de file de la gauche radicale. Yolanda Diaz, la « communiste en tenue Dior », à la tête du parti recyclé « Sumar » est arrivée quatrième, juste derrière Vox.

La vice-présidente du gouvernement espagnol avait assuré que la 3e place était dans la poche. Devancée par Vox, celle qui qualifiait le Maroc de « dictature », devrait gagner en humilité et donc éviter les raccourcis autour du Royaume qui, a priori chauffent à blanc les petits esprits mais ne « remplissent » pas les urnes.

Troisième et dernière leçon: l’importante saignée du côté de Vox, qui retombe lourdement et offre 19 sièges au PP.

Ce net recul de la droite radicale, pour ne pas dire xénophobe, nous invite à prendre avec des pincettes cette « bronca » anti-marocaine qui agite les réseaux sociaux espagnols, amplifiée par une brochette de médias au traitement tendancieux et inconditionnels du sensationnalisme au rabais. 

 

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