Investissements français au Sahara: peut mieux faire ! 

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Le roi Mohammed VI et le président français Emmanuel Macron ©DR

Paris se serait, finalement, décidée à briser les épaisses couches de glace qui se sont installées entre le Maroc et la France, sur fond du conflit du Sahara. Or, il semblerait que c’est à main nue que l’Exécutif français s’attèle à cette ardue entreprise.

Selon notre confrère le Desk, le ministère français des Affaires Etrangères aurait autorisé des institutions financières hexagonales à entreprendre des investissements dans les provinces du sud. Une démarche qui augure un nouveau chapitre dans les relations franco-marocaines, comme annoncé par le diplomate en chef français, Stéphane Séjourné, lors de son déplacement sous nos latitudes les 26 et 27 férvier dernier.

Maroc-France: la visite de Stéphane Séjourné vue par la presse française

Pourquoi alors le gouvernement d’Emmanuel Macron s’emploie, maladroitement, à adoucir la portée de cette décision en la fuitant. Pourquoi ne pas attendre de le faire solennellement devant les autorités marocaines, tout en sachant que le ministre délégué chargé du commerce extérieur, Franck Riester attendu à Rabat les 4 et 5 avril, devrait selon la même source officialiser la décision jugée « historique »

Mystère et boule de gomme, mais passons !

Les plus optimistes diront que cette annonce tombe comme une pluie d’avril. La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) est appelée à rendre son verdict dans cette longue et tortueuse affaire portée devant la justice européenne par les séparatistes concernant la légalité des accords agricole et de pêche, signés entre le Maroc et l’Union européenne pour avoir considéré le Sahara comme étant un territoire marocain.

Le parquet européen avant conclu, rappelons-le, que ces deux protocoles doivent être suspendus et a recommandé l’identification explicite des expéditions agricoles en provenance des provinces du sud comme étant des envois agricoles produits en dehors du Maroc.

Certes, si ces investissements viennent à voir le jour, les deux pays auraient entrepris les premiers pas pour tourner, doucement, la page de ce long hiver glacial lequel s’est installé entre ces deux partenaires qui s’entendaient comme larrons en foire. Mais Rabat, rompue au faste des déclarations cérémonieuses, aurait bien préféré une prise de position sans ambages.

Au Maroc, Séjourné ne s’écarte pas des éléments de langage sur le Sahara

En se cachant derrière le paravent des affaires comme gage de son changement de position, Paris a fait preuve d’une prudence démesurée qui ne plait guère à Rabat. L’accès des investisseurs aux garanties et aux financements de l’Etat français est, en soi, une avancée chargée de sens, au vu aussi du contexte actuel où un processus judiciaire devrait statuer sur le sort des protocoles. Seulement, et au vu du ton ferme et décidé adopté par les autorités marocaines, ce premier pas n’a pas tout pour plaire.

Et c’est là où la comparaison avec l’Espagne s’impose.

Car contrairement au voisin du nord où Pedro Sanchez a pris les taureaux par les cornes en affichant, haut et fort, et en gravant noir sur blanc, le soutien ferme de son gouvernement au plan marocain d’autonomie, alors que le contexte interne espagnol n’était pas des plus favorables, Paris a décidé d’annoncer son nouveau positionnement en poussant, timidement, la porte des investissements au Sahara.

Ironie du sort, c’est bel et bien cette France, le premier pays à défendre, bec et ongles, le plan d’autonomie dont elle était la digne marraine, qui tergiverse, en distillant, au compte-gouttes, sa promise position avancée sur le dossier du Sahara.

Un peu à l’image de cette formule fourre-tout utilisée par le diplomate en chef français, lors de sa comparution devant la presse avec son homologue Nasser Bourita, quand il a rappelé, sans conviction, le “soutien clair et constant” de Paris, au plan d’autonomie marocain.

Rien ne sera plus comme avant entre la France et le Maroc, tant le cœur n’y est toujours pas.

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