Au Maroc, Séjourné ne s’écarte pas des éléments de langage sur le Sahara

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Stéphane Séjourné reçu par Nasser Bourita à Rabat. Crédit : compte X du ministre français.

Pour son premier déplacement au Maghreb, le chef de la diplomatie française, Stéphane Séjourné, a donc choisi le Maroc pour écrire ce nouveau chapitre voulu par le président Emmanuel Macron. Attendu au tournant ce lundi à Rabat, le ministre français n’a fait que sortir et ressortir les éléments de langage de l’Élysée sur la question du Sahara marocain.

Reçu par Nasser Bourita, Séjourné, qui reprend crescendo du poil de la bête après ses couacs et ses débuts difficiles à la tête de la diplomatie française, s’est fendu d’une entrée en matière sur l’excellence des relations maroco-françaises avant d’en venir, tout de go, à la question du Sahara marocain. Première remarque positive et non des moindres : le nouveau locataire du Quai d’Orsay s’est départi du qualificatif « Occidental », se contentant de prononcer « Sahara » tout court !

Soulignant d’entrée de jeu son souhait d’aborder la question « sans détours« , le président du groupe Renew Europe note en tâtonnant qu’il s’agit d’un « enjeu existentiel pour le Maroc, nous le savons. Un plan d’autonomie présenté par le Maroc est sur la table depuis 2007 maintenant. Vous savez que depuis l’origine de ce plan, le Maroc peut compter sur le soutien clair et constant de la France à ce plan. Je le redis encore aujourd’hui avec plus de force, il est désormais temps d’avancer et j’y veillerai personnellement« .

Bis repetita placent. Ce tour de passe-passe langagier de Séjourné habilement joué, par ailleurs, dans l’ensemble de sa première déclaration, n’est autre qu’une reformulation de ce qu’il avait déjà affirmé le 10 février dans un entretien avec Ouest France : «Le Président de la République m’a demandé personnellement de m’investir dans la relation franco-marocaine et d’écrire aussi un nouveau chapitre de notre relation. Je vais m’y attacher».

Lire aussi. Sahara: «Il est temps d’avancer et j’y veillerai personnellement», s’engage Séjourné

Il avait également estimé au cours de cette interview que la France a « toujours été au rendez-vous, même sur les dossiers les plus sensibles comme le Sahara (…) où le soutien clair et constant de la France au plan d’autonomie marocain est une réalité depuis 2007 ». « Nous ajoutons qu’il est temps désormais d’avancer », dit-il. « Je ferai tout dans les prochaines semaines et les prochains mois pour que la France et le Maroc se rapprochent » et ce, « avec le respect des Marocains » !

Un peu plus tard, Séjourné répond à la question une journaliste de l’AFP sur la sémantique du verbe « avancer » employé in abstracto et à outrance ces derniers temps par l’establishment français.

L’ancien conseiller de Macron reprend ses fiches et requalifie encore le dossier du Sahara de question « existentielle » pour « le Maroc et tous les Marocains« .

« La France le sait. D’ailleurs, la position de la France est claire et constante. Nous avons été les premiers à soutenir le plan d’autonomie présenté par le Maroc en 2007. Je le redis ici, il est temps d’avancer. Avancer, c’est d’abord en vue d’une solution pragmatique, réaliste, durable et fondée sur le compromis. Pour cela, nous soutenons les efforts de l’Envoyé personnel pour la reprise des tables rondes et nous appelons toutes les parties concernées à s’y engager de bonne foi », a-t-il soutenu, en référence plausiblement à l’Algérie qui boycotte, de mauvaise foi, le processus des tables rondes.

Ce n’est que vers la fin de la réponse que Séjourné semblait, timidement mais sûrement, comprendre la nécessité de dire les termes et l’immense apport du concret. Il ne faudrait pas toutefois ignorer que la pusillanimité diplomatique semblait toujours l’emporter sur le courage qui pouvait clore cette sempiternelle question de soutien en une seule phrase.

« Avancer également en prenant en compte les intérêts et les besoins des habitants de ce territoire dans les domaines éducatifs et culturels. Il existe deux écoles françaises, à Dakhla et Laâyoune. L’institut français a récemment déployé un centre culturel itinérant dans les villes de Laâyoune, Boujdour et Dakhla qui rencontrent un vif succès », a-t-il rappelé, avant de déclamer ce qui s’apparenterait à une forme de reconnaissance implicite de la souveraineté du Maroc sur ses provinces du Sud.

« Avancer enfin pour favoriser le développement économique et social de ces régions, le Maroc a beaucoup investi dans des projets de développement au bénéfice des populations locales, c’est un fait. Et en matière de formation, d’énergies renouvelables de tourisme ou d’économie bleue liée aux ressources aquatiques, nous accompagnerons le développement de cette région en appui des efforts marocains », a-t-il martelé, promettant que « le Maroc peut compter sur la France pour défendre ses priorités nationales, aujourd’hui mais également demain« .

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