Impuissante, l’ONU se contente de « déplorer » les difficultés d’accès à Gaza

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L'ONU déplore les difficultés d'accès au nord de Gaza
Photo distribuée par l'armée israélienne le 12 janvier 2024 montre des soldats israéliens opérant dans la bande de Gaza au milieu des combats continus entre Israël et le groupe militant palestinien Hamas. © via AFP

L’ONU a déploré vendredi que les opérations d’aide dans le nord de la bande de Gaza deviennent de plus en plus difficiles, accusant l’armée israélienne de limiter très sévèrement l’approvisionnement en carburant, en particulier pour les hôpitaux.

« Les opérations dans le nord sont de plus en plus compliquées. Nous nous heurtons à un refus systématique de la partie israélienne » a déclaré le représentant du bureau des Affaires humanitaires de l’ONU (Ocha) pour les territoires palestiniens, Andrea De Domenico, aux journalistes à Genève.

S’exprimant en visioconférence depuis Jérusalem, il a expliqué qu’Israël avait « partiellement » approuvé trois missions jeudi mais que les jours précédents seule une sur 7 avait été approuvée.

Il a également accusé l’armée israélienne de refuser de façon « très systématique » l’acheminement du carburant, en particulier pour les hôpitaux, une situation « qui est en train d’atteindre un niveau d’inhumanité qui dépasse l’entendement ».

Israël juge que le carburant peut être détourné pour servir aux roquettes tirées par les groupes palestiniens.

La guerre a été déclenchée par l’attaque sans précédent lancée le 7 octobre par le Hamas sur le sol israélien qui a fait environ 1.140 morts, majoritairement des civils.

Les opérations militaires israéliennes ont fait au moins 23.469 morts, en majorité des femmes, adolescents et enfants, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le système de santé de Gaza est au bord de l’effondrement.

Le plus grand hôpital de la bande de Gaza, durement touché par la guerre entre Israël et le Hamas, a toutefois réussi à reprendre partiellement du service, selon l’OMS qui l’a ravitaillé pour la première fois depuis deux semaines.

« Une équipe de l’OMS et des partenaires ont été en mesure d’atteindre l’hôpital d’al-Chifa dans le nord de Gaza aujourd’hui et de livrer 9.300 litres de fuel ainsi que des fournitures médicales, pour soigner 1.000 patients victimes de traumas et 100 patients nécessitant des dialyses », a annoncé Tedros Adhanom Ghebreyesus, le patron de l’OMS, sur le réseau social X (ex-Twitter), dans la nuit de jeudi à vendredi.

L’équipe de l’agence des Nations unies a pu constater que l’hôpital était à nouveau en mesure de dispenser des soins grâce à une équipe médicale forte de 60 personnes.

Al-Chifa dispose à nouveau de 40 lits en chirurgie et en médecine générale, d’un service d’urgence et de quatre salles d’opération, a détaillé le patron de l’OMS, dont l’organisation avait fait une description apocalyptique des lieux à la mi-décembre, avec des centaines de blessés soignés à même le sol et, pour les plus mal en point d’entre eux, une évacuation hasardeuse vers un autre hôpital.

Le docteur Tedros a aussi indiqué qu’al-Chifa disposait de nouveau d’un service de base en gynécologie-obstétrique et en radiologie, d’une capacité limitée d’hémodialyse et de capacités « minimales » pour les analyses.

L’hôpital d’al-Chifa, dans le nord de la bande de Gaza, s’est retrouvé au centre des intenses bombardements, puis des combats au sol, qui ont marqué les premières semaines de la guerre lancée contre le mouvement islamique Hamas par Israël.

L’armée israélienne estimait qu’al-Chifa était le principal centre de commandement des opérations du Hamas dans la bande de Gaza, ce que le mouvement islamiste palestinien dément.

« La reprise partielle des services à al-Chifa signifie que la consommation de carburant est beaucoup plus élevée et que les besoins en fournitures médicales augmentent », a souligné le chef de l’OMS, en réclamant un accès régulier et sûr à cet hôpital comme à l’ensemble des infrastructures de santé du territoire.

« On entend souvent dire qu’il est assurément possible d’acheminer des fournitures aux hôpitaux et à la population de Gaza. Les mots sont là, mais pas les actes », a commenté un porte-parole de l’organisation à Genève, Christian Lindmeier.

S’exprimant en visioconférence depuis Jérusalem, Lucia Elmi, la représentante de l’Unicef dans les territoires palestiniens, a elle aussi demandé qu’un plus grand nombre de convois soit autorisé à entrer dans Gaza.

« Le processus d’inspection reste lent et imprévisible. Et certains des matériaux dont nous avons désespérément besoin restent soumis à des restrictions, sans justification claire », a-t-elle affirmé, alors que plus de 1,1 million d’enfants sont menacés par le conflit, la malnutrition et les maladies.

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