Vidéos. Ce qu’il faut savoir sur la faim à Gaza

Publié le
Ce qu'il faut savoir sur la famine à Gaza
Des Palestiniens se précipitent pour acheter une petite quantité de sucre et de sauge dans une herboristerie spécialisée du camp de réfugiés de Bureij, dans le centre de la bande de Gaza, le 6 mars 2024, au milieu des combats en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. ©AFP

Des enfants meurent de faim à Gaza, où la situation est dans une situation si catastrophique que les Nations unies ont prévenu qu’une famine était « presque inévitable ». Le point sur la crise alimentaire qui ravage le territoire palestinien assiégé par Israël.

Au moins 20 personnes sont mortes de malnutrition et de déshydratation à Gaza, a fait savoir mercredi le ministère de la santé du territoire palestinien, contrôlé par le Hamas. Plusieurs médias, dont l’AFP, ont publié des images d’enfants émaciés, les yeux enfoncés, le visage décharné.

Des employés de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ont visité ces derniers jours des hôpitaux dans le nord de la bande de Gaza, une première depuis octobre.

Ils ont observé « des niveaux graves de malnutrition, des enfants mourant de faim, d’importants manque de carburant, de nourriture et d’équipements médicaux, des bâtiments hospitaliers détruits », selon le chef de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.

A Gaza, 90% des enfants de 6 à 23 mois, ainsi que des femmes enceintes et allaitant, font face à de graves manques de nourriture, selon une alliance d’ONG menée par l’Unicef et le Global Nutrition Cluster.

Ces organisations blâment un blocage de l’entrée de l’aide humanitaire par Israël, qui combat dans la bande de Gaza le Hamas, après son attaque meurtrière en Israël le 7 octobre ayant marqué le déclenchement de la guerre.

« En tant que pouvoir occupant à Gaza, Israël a la responsabilité de s’assurer que la population occupée reçoit de la nourriture et des biens médicaux », a déclaré à l’AFP l’International Rescue Committee.

« La méthode de guerre visant à affamer volontairement les civils en les privant des biens indispensables à leur survie, y compris par l’entrave d’aide livrée dans le cadre de la Convention de Genève, est un crime de guerre », a ajouté l’ONG.

L’armée israélienne avait au début de la guerre appelé à un « siège complet » du territoire privant les Palestiniens de nourriture. Les responsables israéliens sont depuis revenus sur leurs propos, assurant que le pays facilite désormais l’entrée de l’aide.

Mais celle-ci reste largement insuffisante. L’ONU a dit mardi que des troupes israéliennes avaient bloqué, à un checkpoint dans Gaza, un convoi qui se dirigeait vers le nord du territoire, le forçant à rebrousser chemin avant d’être pillé « par une foule désespérée ».

La semaine dernière, une distribution d’aide à Gaza a tourné au drame, se soldant par des dizaines de morts, tués dans une bousculade ou par des tirs israéliens selon les versions.

Les Etats-Unis ont depuis procédé à des largages aériens d’aide alimentaire, à l’efficacité limitée.

Les images venues de Gaza révèlent qu’il s’y déroule l’une des pires formes de malnutrition, l’émaciation, a expliqué à l’AFP Dabney Evans, directrice du centre pour les urgences humanitaires de l’université américaine Emory.

L’émaciation, provoquée par une chute drastique du nombre de calories ingérées, mène à des corps « en état de choc », explique-t-elle. Retrouver une bonne santé nécessite alors un suivi médical, et pas seulement de manger — ce qui peut même se révéler dangereux si cela n’est pas fait de façon contrôlée.

L’hôpital Kamal Adwan, dans le nord de Gaza, n’a de quoi bien soigner qu’environ la moitié des cas de malnutrition, s’est alarmé auprès de l’AFP Imad Dardonah, pédiatre sur place. « Nous n’avons rien à leur donner, le mieux que nous puissions faire, c’est leur donner une solution saline ou une solution sucrée ».

En cas de malnutrition prolongée, les conséquences de long terme sont dévastatrices: croissance retardée, difficultés d’apprentissage, ou encore système immunitaire affaibli.

Certaines personnes en ressentiront les conséquences « pour le reste de leur vie », a expliqué à l’AFP Anu Narayan, conseillère auprès de l’Unicef sur la nutrition infantile. « Cela peut avoir un effet sur le développement cognitif des enfants, et sur leurs capacités à fonctionner normalement à long terme. »

Depuis 2004, le mot famine a une définition technique formelle: elle intervient quand au moins 20% de la population fait face à des pénuries de nourriture, que le pourcentage de malnutrition aigüe excède 30%, et que 2 personnes sur 10.000 meurent de faim quotidiennement.

Elle n’a été déclarée qu’à deux reprises dans la précédente décennie, en Somalie en 2011 et au Soudan du Sud en 2017.

Mais, assure Anu Narayan, même si la crise à Gaza ne rentre pas encore dans cette catégorie, « tous les facteurs qui mettent les gens en danger, particulièrement les jeunes enfants à risque, sont réunis ».

La rédaction vous conseille

Les titres du matinNewsletter

Tous les jours

Recevez chaque matin, l'actualité du jour : politique, international, société...

Vidéos. Ce qu’il faut savoir sur la faim à Gaza

S'ABONNER
Partager
S'abonner