Vidéo. Casablanca: des associations à la rescousse du cimetière Chouhada

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Dimanche 23 janvier 2022, l’association S0S cimetière Maroc, en collaboration avec l’association Badr, a organisé une action de nettoyage du cimetière Chouhada à Casablanca. Sur place, un responsable de la ville a annoncé la mise en place prochaine d’un programme spécial pour la réhabilitation des cimetières. 

« Le cimetière Chouhada est une catastrophe, ça fait honte à l’humanité alors qu’y reposent de nombreux martyrs », regrette Amal Messaoui, administratrice de la plateforme pour la réhabilitation des cimetières Maroc-Belgique et de Sos cimetières Maroc. C’est la troisième fois que cette association organise une action de nettoyage dans l’un des cimetières les plus importants de la capitale économique. Ce dernier comme son nom l’indique abrite de nombreux martyrs ainsi que des personnalités telles que l’écrivain Driss Chraïbi ou encore l’ancien ministre Abderrahman Youssoufi.

En 2012, le président de l’association, Ridouan Seyour, MRE en Belgique, se rend à Tanger pour enterrer son père et constate avec effroi l’état déplorable du cimetière concerné. Il décide alors de lancer une plateforme pour organiser des actions de réhabilitation des cimetières du Maroc, à travers notamment des partenariats avec des associations locales dans tout le royaume.

C’est avec l’association Badr du quartier Arrahma que Sos cimetières Maroc s’est associé aujourd’hui pour le nettoyage d’une partie du cimetière Chouhada. Une trentaine d’enfants âgés de six à 15 ans ont pris part à l’événement, avant de participer à un tournoi de football amical au terrain mitoyen.

« Si rien n’est fait, les générations à venir ne se feront même plus enterrer au Maroc »

Depuis un an, une antenne casablancaise de SOS Cimetières Maroc est active sous l’égide d’Amal Messaoui. « Nous menons des actions purement éco-citoyennes et notre objectif est de faire réagir les pouvoirs publics pour s’occuper des cimetières. Beaucoup de Marocains dont les MRE nous sollicitent et si rien n’est fait, les générations à venir ne se feront même plus enterrer au Maroc, préférant les cimetières musulmans à l’étranger », regrette-t-elle.

« De nombreuses problématiques animent le secteur; l’insalubrité, l’insécurité, la mendicité, l’absence de cadre légal pour réguler les emplacements et ventes de tombes, la sorcellerie… », énumère l’administratrice qui confie ne pas recevoir beaucoup de réponses quand elle sollicite les pouvoirs publics.

A ce propos, les choses devraient bientôt évoluer dans le bon sens, selon Ahmed Afilal Idrissi, 6e vice-président au Conseil de la Ville de Casablanca. Invité par l’association, le responsable de la ville était présent lors de l’événement. « La maire de Casablanca, Nabila Rmili, vient de demander la préparation d’un budget spécial pour l’entretien des cimetières de la ville (Chouhada, Ghofrane et Arrahma) pour les mettre à niveau comme ceux des Chrétiens et des Juifs qui sont propres », a-t-il déclaré. Et d’ajouter: « Il va y avoir un programme spécial avec un suivi, nous avons des réunions prévues la semaine prochaine pour travailler à ce sujet. »

La responsabilité de la gestion des cimetières incombe effectivement au ministère de l’Intérieur par le biais des communes. Malheureusement, la société civile endosse souvent cette responsabilité, faute de mesures concrètes établies.

En 2015, le ministre de l’Intérieur d’alors, Mohammed Hassad, avait appelé, en réponse à une question du groupe socialiste à la Chambre des conseillers sur l’état des cimetières, à se pencher sur la réhabilitation des lieux funéraires, estimant le coût de l’opération à près de 700 millions de dirhams pour 1.250 cimetières étalés sur 120 communes urbaines. « On n’a jamais eu de nouvelle de cette proposition », regrette Amal Messaoui.

Par ailleurs, les cimetières connaissent également un manque d’espace pour accueillir les défunts. Dans ce sens, un donateur a légué à disposition du ministère des Habous un terrain de 100 hectares pour en faire un cimetière. « On doit récupérer ce terrain et l’inclure dans le programme de mise à niveau », précise Afilal Idrissi.

La dernière étude réalisée sur les cimetières au Maroc date de 2010, signée du sociologue Jamal Bammi et intitulée «La situation des cimetières des musulmans au Maroc. Propositions pratiques pour leur réhabilitation». Dans son diagnostic, il déplorait la «tendance à prendre les cimetières pour des espaces morts car abritant des morts». Il relevait déjà des cas de profanation et de destruction de tombes de personnalités historiques marocaines, outre le jet de déchets, la dégradation par les charlatans, le manque d’organisation et de registres d’enterrement datés, le manque de points d’eau et d’électricité, la saturation et l’envahissement des mendiants, voleurs et SDF qui squattent ces lieux « sacrés ».

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