Vidéo. Aït Taleb: le Maroc ne dispose que de 6 médecins légistes

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Le ministre de la Santé et de la Protection sociale, Khalid Aït Taleb. Crédit: DR

Le Maroc ne dispose que de six médecins légistes et 76 personnes qui ont « des compétences dans le domaine de la médecine légale », a déclaré lundi le ministre de la Santé et de la Protection sociale, Khalid Aït Taleb.

Bien que l’autopsie soit une étape clé de l’enquête criminelle, la médecine légale au Maroc souffre d’un manque abyssal de compétences, notamment à cause de l’absence d’une rémunération alléchante ou d’avantages à même de susciter l’intérêt des jeunes médecins.

Interpellé lundi lors d’une séance des questions orales à la Chambre des représentants sur le manque des centres de médecine légale et des médecins légistes par le groupe de l’Unité et de l’égalitarisme (Istiqlal), le ministre de la Santé, Khalid Aït Taleb, n’a pas mâché ses mots, dressant un tableau noir de ce secteur au Maroc.

Casse-tête

«Nous avons un manque énorme. Nous ne disposons pas aujourd’hui de beaucoup de médecins formés dans la médecine légale. Nous n’avons que six médecins dans tout le Maroc en plus de 76 personnes qui ont des compétences dans le cadre de la médecine légale», a lâché le responsable devant l’étonnement des députés.

Tout en rappelant que «leurs missions ne sont pas limitées à l’autopsie, mais il y a aussi d’autres missions en relation avec les certificats médicaux, l’analyse des conséquences d’un accident ou de la violence subie par les femmes ou les enfants (…)», le ministre a reconnu que le Maroc est face à «une vraie problématique concernant cette formation qui n’attire pas beaucoup de jeunes».

Pis, il a admis que la réponse à cette situation est à prévoir sur le très long terme. «Il y a des mesures que nous prenons en parallèle, mais le chemin devant nous est trop long. Je ne peux pas vous dire que nous avons des solutions radicales à cette problématique».

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Pointant du doigt «le manque colossal des centres d’autopsie en comparaison avec le développement démographique que connaît le Royaume», le représentant Mimoun Amiri du groupe istiqlalien a mis en avant «les problèmes énormes pour les familles souhaitant bénéficier de ce service public et déterminer les causes d’un décès et parfois obtenir justice».

«Certaines familles se trouvent obligées de transporter les dépouilles à des centaines de kilomètres –même si le Ministère public ou le ministère de la Santé prend en charge les dépenses y afférentes–, les familles souffrent psychologiquement pendant deux ou trois jours», a-t-il relevé, donnant l’exemple des habitants de Zagora qui «sont obligés de transporter les dépouilles à Marrakech pour faire l’autopsie, soit près de 400 km».

 

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Immigration et manque d’incitations…

Face à l’appel à la création d’un centre médico-légal au niveau de l’hôpital de Ouarzazate au profit des habitants de cette ville, de Zagora et Tinghir afin d’alléger leurs peines, le ministre a expliqué que l’absence des compétences est la seule entrave à un tel projet.

«Le problème n’est pas de créer un centre médico-légal ou une morgue, mais comment trouver le spécialiste de la médecine légiste. Dès demain, on peut créer des morgues dans tout le Maroc, mais le problème est que nous n’avons pas de médecins légistes», s’est insurgé le ministre.

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Et d’ajouter: «À cause de l’immigration, nous avons perdu beaucoup de compétences dans ce domaine. Et pour en former d’autres, nous avons besoin de cinq ans de spécialisation après les six ans de formation des médecins. En plus de cela, la spécialité n’est pas attirante. Les jeunes se demandent pourquoi choisir cette spécialité et en quoi elle pourrait leur servir.»

Face à ce manque, le gouvernement avait adopté un projet de loi présenté par le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi début mai 2022, visant à « légaliser » la situation des médecins légistes « assimilés ».

Ce projet vise le développement de la médecine légale, dont la loi y afférente (loi 77.17 relative à l’exercice de la médecine légale) est entrée en vigueur le 19 mars 2020, et surtout surmonter les contraintes découlant du fait que la plupart des praticiens au Maroc ne disposent d’aucune formation spécialisée reconnue.

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