Sahara. À quoi joue Dublin?

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Le ministre des Affaires étrangères de l'Irlande, Michael Martin. DR

Dans une réponse écrite adressée à un député, le chef de la diplomatie irlandaise, Michael Martin, a reconnu que son département a reçu une délégation du Polisario tout en faisant une déclaration qui épouse la thèse des séparatistes. 

On croyait le dossier clos après le communiqué de l’ambassade de Dublin au sujet du voyage du chef des séparatistes Brahim Ghali en Irlande. La mission diplomatique assurait que le pays du trèfle ne reconnaissant pas la pseudo-Rasd. Que nenni! 

Quelques jours après ce controversé déplacement, une réponse du ministre des Affaires étrangères de l’Irlande, Michael Martin, adressée à un élu, trahit les vraies intentions de Dublin. Le responsable politique reconnaît que c’est bel et bien son département qui a reçu la délégation du Polisario: « des responsables de mon ministère ont rencontré des représentants en visite du Front Polisario pour discuter de la situation politique actuelle ».

« Cette réunion, dit-il, a été l’occasion d’échanger sur divers sujets, notamment le retour au conflit armé dans la région, l’engagement avec la Mission des Nations Unies pour le référendum au Sahara occidental (MINURSO), le processus de paix et les questions relatives aux droits de l’homme, y compris dans les camps de réfugiés sahraouis. La délégation a également évoqué l’affaire en cours devant la Cour de justice de l’Union européenne relative à l’accord de pêche UE-Maroc ».

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Puis Michael Martin enchaine par une déclaration politico-politicienne qui sent la langue de bois. Le chef de la diplomatie irlandaise assure que son pays a toujours soutenu la MINURSO, le processus dirigé par l’ONU et les efforts du Secrétaire général pour parvenir à un règlement politique définitif et mutuellement acceptable sur cette question.

« Par l’intermédiaire de son ambassade à Rabat, l’Irlande s’engage activement et soutient les initiatives de l’ONU, comme la visite de l’envoyé spécial des Nations Unies, Staffan de Mistura, dans la région en septembre 2023 », prétend-t-il.

Une manière de noyer le poisson avant de se vautrer, lui-même, dans une tentative de pseudo-neutralité en qualifiant le Sahara de « territoire non autonome ». Puis, Michael Martin lance, pour clore ce débat, que son pays n’a pas d’avis sur la question. Et pourtant, sa déclaration semble carrément épouser la thèse des séparatistes.

En un paragraphe, le ministre irlandais répète, à deux reprises, le terme « autodétermination », tant chéri par Alger et ses pantins.

« Notre politique de longue date est de soutenir les résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies sur l’autodétermination du peuple du Sahara (…). Nous n’avons pas d’avis sur l’issue de cette décision, à condition qu’elle soit prise pacifiquement et dans le cadre d’un véritable exercice d’autodétermination », conclu-t-il.

Si ce n’est pas de la prise de position claire et nette en faveur de l’Algérie, en tout cas, ça y ressemble… à s’y méprendre!

Ces déclarations tendancieuses du chef de la diplomatie irlandaise annonce-t-elle une crise diplomatique entre Rabat et Dublin ?

Une chose est sûre: cette affaire n’augure rien de bon et risque de saper les efforts de rapprochement entre le Royaume et l’Irlande. Des années d’efforts qui se sont couronnés par l’ouverture d’une ambassade à Rabat en 2021.

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