Etudiants en médecine: vers une année blanche après 3 mois de grève ?

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Manifestation des étudiants en médecine à Rabat.
Manifestation des étudiants en médecine à Rabat.

Depuis plus de trois mois, les facultés de médecine du Maroc sont le théâtre d’une grève inédite. Face à une réforme contestée et à l’absence de dialogue, les étudiants en médecine, médecine dentaire et pharmacie ont récemment annoncé de nouvelles mesures de protestation. Un bras de fer avec les ministères de tutelle qui pourrait mener à une année blanche.

Les tensions entre les étudiants en médecine du Maroc et leurs tutelles persistent, et ce, après plus de trois mois de grève. La décision de réduire la durée des études de 7 à 6 ans a été le point de départ de ce mouvement de contestation qui continue de s’amplifier, avec le risque d’un boycott des examens et des stages cliniques.

Interviewé par nos soins, une source de la Commission nationale des étudiants en médecine, médecine dentaire et pharmacie du Maroc (CNEM) donne le ton: «Nous sommes dans une impasse. Les réponses floues des ministères de la Santé et de l’Enseignement Supérieur lors de précédentes réunions n’ont fait qu’accroître notre frustration. Notre mouvement de protestation s’inscrit dans une volonté de défendre notre droit à une formation complète et de qualité.»

Et d’ajouter: «Ce qui nous a le plus choqués reste la parution au Bulletin officiel de la décision ministérielle de la réduction du nombre d’années d’études de 7 à 6 ans. Nos questions à ce sujet sont restées sans réponse. Il faut aussi rappeler que les grèves ne datent pas de cette année seulement. Au contraire, la crise persiste depuis plus de deux ans mais ça n’a pas abouti à grand-chose.»

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Sans réponses à leurs revendications, les étudiants sont restés fermes sur leur position. «Cette année, c’est à partir d’un vote qu’on a décidé de commencer le boycott, car selon une grande partie des étudiants, aucune autre alternative n’a vraiment porté ses fruits», explique notre source.

Les étudiants dénoncent non seulement la réforme, mais aussi «l’absence de mesures d’accompagnement et le manque de visibilité quant à l’année supprimée», ce qui représenterait une perte de 600 heures de formation.

Ils déplorent également «situation alarmante» des terrains de stage, des amphithéâtres. «Il y a eu des augmentations d’effectifs assez importantes ces dernières années. On est passés de 550 étudiants à presque 770 à Casablanca, à 1.000 à Rabat. En plus, les stages hospitaliers sont l’un des volumes les plus importants de notre formation», souligne notre source, appelant à l’élargissement des terrains de stage, afin qu’ils respectent les normes et les critères nécessaires pour former les étudiants.

Une augmentation des indemnités de fonction est également au menu des revendications. «Ces étudiants sont considérés comme des médecins externes, donc ils font des tâches, des gardes… Concrètement parlant, on parle de 21 dirhams par jour, ce qui est très limité. Et il y a même une enquête sociale qui a été menée par la CNEM en 2022 sur la situation financière de ces étudiants.»

Miraoui: « La plupart des revendications des étudiants en médecine ont été satisfaites »

Face à cette situation, les étudiants prévoient une série d’actions, dont une «marche de la résistance» prévue le 25 avril. «Nous ne demandons que l’ouverture d’un dialogue constructif pour discuter de nos revendications légitimes. Jusqu’à présent, le ministère a fermé toutes les portes, optant pour une approche d’oppression plutôt que de discussion», défend notre source au sein de la CNEM.

La crise s’enlise, avec des conséquences potentielles désastreuses pour l’avenir de la médecine au Maroc. L’issue de cette crise reste incertaine, mais l’espoir persiste chez les étudiants que leur combat pour un enseignement de qualité aboutira à des changements positifs.

«En ce qui concerne le scénario de l’année blanche, ce n’est pas un scénario qui est en faveur ni des étudiants, ni du ministère, ni du pays. On invite ainsi les ministères de tutelle, les responsables, voire même le gouvernement à essayer de trouver des solutions le plus rapidement possible et de répondre aux revendications des étudiants en médecine», conclut notre source.

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