Grand angle. Les conséquences de la guerre en Ukraine sur la filière céréalière marocaine (Infographies)

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Image illustration. (Photo AFP)

La guerre en Ukraine a bouleversé les importations marocaines de blé qui comptaient justement sur la production venue de la mer Noire. Si la situation semble actuellement sous contrôle, les professionnels du secteur sont en train de revoir toute leur stratégie d’approvisionnement dans un contexte de hausse mondiale des prix des céréales.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, le marché mondial des céréales ne cesse de jouer les montagnes russes. Les records tombent tous les jours. En effet, ce conflit bouleverse les routes traditionnelles des grains qui cherchent désormais à contourner la mer Noire. 

La production nationale de blé ne peut à elle seule assurer le besoin du marché marocain. Une réalité qui a poussé le royaume à diversifier l’origine de ses importations. L’enjeu étant d’atténuer la dépendance de la filière céréalière au Maroc. Sauf qu’à l’Office national interprofessionnel des céréales et des légumineuses (ONICL), l’inquiétude est palpable.

Cette année, les professionnels du secteur avaient misé sur l’Ukraine en raison du prix compétitif de son blé. Le Maroc devait en principe importer un volume record de 6,5 millions de tonnes dans un contexte de baisse de la récolte mondiale, selon les dernières données du Département américain de l’agriculture (USDA). 

Lire aussi. Le Maroc possède des stocks de blé suffisants pour cinq mois

Les marchés mondiaux, c’est comme le poker. Il ne suffit pas d’avoir les bonnes cartes en main pour empocher le pot. Il faut également avoir de la chance. Personne ne pouvait prédire une guerre en Europe. Maintenant, que les dés sont jetés, quelle stratégie adoptera le Maroc face à cette crise, amplifiée par les effets de la sécheresse ? 

Contactée par H24info, la direction de l’ONICL a préféré garder le silence. En tout cas pour le moment, nous dit-on. Le Maroc n’a pas à redouter de pénurie de blé, assure toutefois l’office. «À court terme, il n’y aura pas de conséquences directes majeures, affirme Abdelkader El Alaoui, président de la Fédération nationale de la minoterie. On dispose actuellement d’un stock équivalent à cinq mois de consommation de blé». 

Des réserves qui sont, selon l’ONICLconstituées en partie de la production nationale qui avait profité l’année dernière d’une bonne campagne agricole. À l’heure du commerce mondialisé, toute perturbation chez un acteur majeur provoque des tempêtes ailleurs sur le globe. Les importations de blé du Maroc au cours de la campagne agricole 2020/2021 sont estimées à 6,2 millions de tonnes métriques, environ 35% de plus que les importations de l’année 2019/2020. 

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Origines des importations céréalières marocaines en 2014, selon les chiffres de la Fédération Nationale Des Négociants En Céréales Et Légumineuses (FNCL). (Infographie H24info)

Une augmentation significative qui est principalement due à la faible production intérieure en raison de la sécheresse. Dans un contexte de crise mondiale post-Covid, le gouvernement avait, rappelons-le, suspendu les droits d’importation. La part de l’Ukraine devait être importante cette année. 

Avant, le blé issu de la mer Noire constituait à peine 10% des importations en 2015. La France, exportatrice historique vers le Maroc, a, elle, vu sa part de marché diminuer au fil des ans au profit de l’Ukraine. Le blé tricolore, qui représentait auparavant 60% des importations nationales, a chuté drastiquement à 6,5 % en 2016, en raison d’une campagne désastreuse. Depuis, la France tente de retrouver peu à peu sa place. «Les opérateurs (français) tablent sur des importations marocaines d’environ 3,8 Mt, dont l’Hexagone pourrait fournir 65 %, soit 2,5 Mt», espérait en 2019 Philippe Heusele, le président de France Export Céréales, lors des rencontres franco-marocaines des céréales. 

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La production nationale de blé ainsi que la part française des importations marocaines. (Infographie H24info)

Aujourd’hui, des négociations sont en cours avec plusieurs fournisseurs comme l’Argentine ou le Canada pour pallier le trou laissé par l’absence de la production de la mer Noire. Et c’est le blé français qui semble être en pole position. C’est en tout cas ce que nous confie un professionnel. 

La production française semble privilégiée en raison des accords historiques de coopération entre le Maroc et la France, mais aussi par la proximité qui est avantageuse. Le blé tricolore sert depuis toujours de base aux minotiers qui le mélangent essentiellement avec le blé local. 

Mer noire, terre fertile

L’origine «mer Noire» (Russie et Ukraine) fournit près de 30% du blé et 15% du maïs sur le marché mondial. La Russie produit environ 10 % du blé mondial, tandis que l’Ukraine en cultive 4 %. Des productions qui représentent presque la totalité de la production de blé de l’Union européenne. Cette céréale est destinée à la consommation intérieure et aux marchés d’exportation.

 

Les Marocains, grands consommateurs de blé

Un Marocain consomme en moyenne 200 kg de blé par an, soit trois fois plus que la moyenne mondiale. Comme dans les autres pays du Maghreb, cette céréale, à travers le pain notamment, est un élément de base dans le régime alimentaire. Mais le Royaume ne produit pas suffisamment, et entre 2014 et 2019, la production locale n’a permis en moyenne de couvrir que 54 % des besoins en céréales (blé, maïs, orge), selon l’Office national interprofessionnel des céréales et des légumineuses (ONICL)

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