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Inflation, pression budgétaire, baisse du PIB… les conséquences économiques de la guerre en Ukraine sur le Maroc
Publié leLe Maroc, qui importe la quasi-totalité de son énergie et la moitié de ses céréales, se trouve directement impacté par les conséquences économiques de l’offensive lancée par la Russie sur l’Ukraine. Explications.
« Le Maroc est la plus grande économie africaine la plus susceptible de subir un choc négatif important ». C’est le constat alarmant dressé par le think tank marocain « Policy center for the new south » qui, dans une note d’orientation publiée lundi sur son site internet, s’attarde sur les conséquences économiques de la guerre en Ukraine pour l’Afrique et le Maroc.
La hausse du prix du pétrole et l’envolée des prix des céréales sont les principaux défis à relever pour l’économie marocain. Le royaume importe en effet 90% de son énergie et 50% de ses céréales. La hausse des prix des matières premières pèsera inévitablement sur le déséquilibre de la balance commerciale du royaume ainsi que sur sa dette publique, prévoit le Policy center.
Un choc économique…
Si les pays africains exportateurs d’hydrocarbures, à l’instar de l’Algérie, du Nigéria ou de l’Angola, semblent tirer bénéfice du conflit en cours en Europe de l’est, le Maroc, dont les importations de pétrole, de gaz et de charbon représentaient 6,4% de son PIB en 2019 (le double de pays comme l’Egypte et l’Afrique du sud), subira un choc économique important, estime la même source.
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Gros importateur de blé (son coût équivaut à 1,4% de son PIB), le Maroc subira de plein fouet l’invasion de l’Ukraine qui constituait un de ses premiers fournisseurs en céréales. « En raison d’une mauvaise récolte attendue en 2022, les importations de blé pourraient être 50 % plus importantes, ou trois fois plus importantes que les importations de 2021. Cela signifie que l’effet combiné de la hausse des prix du pétrole et des céréales pourrait coûter au Maroc entre 1% et 2% du revenu national cette année », met en garde le think tank.
« Outre l’impact sur la balance extérieure du Maroc, la flambée des prix du pétrole et des denrées alimentaires s’ajoutera au déficit budgétaire élevé, estimé à 6,5% du PIB cette année, puisque le gaz domestique est subventionné », poursuit la même source, pour qui la hausse des prix intensifiera également les pressions inflationnistes, comme dans le cas de l’essence et d’autres carburants où les prix sont libéralisés. Une telle situation pourrait pousser le gouvernement à répondre aux pressions des syndicats qui souhaitent ajuster les salaires aux hausses des prix, ce qui pourrait faire davantage bondir l’inflation.
… et des opportunités à saisir
Si les difficultés que rencontrera l’économie marocaine semblent évidentes, le royaume pourrait également profiter de certaines opportunités que lui conférera la crise actuelle, relatives notamment aux sanctions infligées par l’Occident à la Russie.
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La Russie, qui constitue un marché important pour les exportations marocaines en matières de fruits, légumes et produits halieutiques, pourrait davantage se tourner vers le Royaume du fait des sanctions infligées par les pays européens à Moscou. Rappelons qu’actuellement, les exportations de fruits, légumes et produits halieutiques en Russie représentent 2,6% du PIB du Maroc. Un taux appelé à augmenter en cas de poursuite des sanctions.
L’Europe aussi aura besoin de certains produits que la Russie ne lui fournira plus, en cas de mesures de rétorsion décidées par Vladimir Poutine. C’est le cas notamment des engrais, dont les exportations marocaines dans l’Union européenne, jusqu’ici concurrencées par la Russie, représentaient avant le déclenchement de la guerre 4,5% du Produit intérieur brut.