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Au Maroc, les couples non mariés (toujours) interdits d’hôtels et de locations de vacances
Publié leAlors que les frontières aériennes sont fermées, les Marocains n’ont d’autres choix que de rester au pays pour tenter de passer quelques jours de vacances en cette fin d’année. Les escapades entre couples non mariés ou entre amis sont toutefois presque impossibles dans le pays.
Ce n’est pas nouveau, certes. Mais depuis les dernières restrictions de déplacement imposées par le gouvernement, la situation se complique. Les relations sexuelles hors mariage étant toujours punies par la loi, la majorité des établissements hôteliers du pays refusent de loger des couples non mariés quand ils sont de nationalité marocaine. La situation est la même si vous voulez voyager entre ami(e)s ou avec votre meilleur(e) ami(e) du sexe opposé.
« Avec mon copain, nous prévoyions de passer les fêtes de fin d’année en Espagne. Nous avions tout préparé à l’avance, mais nos plans sont tombés à l’eau. Nous ne savons pas encore ce que nous allons faire, c’est compliqué de trouver un hôtel au Maroc qui nous accepte », nous confie Sofia, 28 ans, en couple depuis près de cinq ans avec Youssef, 35 ans. « Dans le passé, nous avions déjà tenté l’expérience. Ça a marché des fois, mais souvent on s’est fait refouler et finit par prendre deux chambres dans un autre hôtel ».
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Nombreux sont les couples au Maroc à avoir vécu une mésaventure parce qu’ils ne sont pas mariés. « C’était avant le Covid-19. J’étais partie avec un groupe de six amis, dont deux mariés, à Ifrane. Nous avions réservé une villa dans un complexe hôtelier, avec plusieurs chambres, en passant par le site Booking », nous raconte Fadoua, 25 ans.
Pour familles « uniquement »
« On était arrivés vers 23h00. Comme nous étions trois femmes et trois hommes, le gérant de l’établissement a réclamé les contrats de mariage pour tout le monde, alors que dans les faits, à part le couple marié, nous étions juste des amis. Malgré nos explications, il n’a pas voulu nous laisser entrer, mais nous a proposé lui-même le contact d’un gars qui louait des maisons sans demander de contrat de mariage », se désole la jeune femme.
« De la pure hypocrisie », regrette-t-elle. « Avec mon copain, nous avons trouvé une solution à ce problème. Désormais, si on veut loger dans un hôtel, on paie deux chambres, on entre séparément et après, on dort ensemble dans l’une des deux. Il faut juste rester discret, mais généralement ça marche », nous explique Lina, 32 ans, ajoutant que les « propriétaires sont étrangers sont plus conciliants ».
Sur les sites et groupes de locations de vacances sur les réseaux sociaux, plusieurs propriétaires de maisons de vacances mentionnent dans leurs annonces « réservé aux familles » ou « interdits aux couples non mariés ».
« Il est déjà assez grave que la pandémie réduise de 80% le nombre de touristes étrangers, pour aggraver les choses, l’interdiction par le Maroc des relations sexuelles extraconjugales étouffe le marché intérieur des lits d’hôtel », lit-on dans un article de The Economist, publié le 13 novembre dernier. « Je reçois plus d’appels de couples non mariés qui souhaitent rester que quiconque », déplore Meryem Zniber, gérante d’une station balnéaire dans le Rif, citée par le l’hebdomadaire britannique, assurant qu’elle pourrait « remplir (s)on hôtel à 100 % », si cette loi était bannie.
Article 490
Le Code pénal marocain prévoit, en effet, plusieurs peines pouvant aller jusqu’à l’emprisonnement pour les coupables de « relations sexuelles hors mariage » ou d »adultère », entre autres. Des lois « liberticides » selon le Collectif 490-Moroccan Outlaws qui appelle à l’abrogation de plusieurs articles du texte.
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Une étude sur les libertés individuelles au Maroc, publiée en août dernier par la plateforme Menassat pour les recherches et les études sociales et traduite en novembre, affirme cependant qu’un Marocain sur deux est favorable à la pénalisation des relations sexuelles hors mariage.
Pourtant, « 76.3% des sondés ont déclaré que les relations sexuelles consensuelles sont très répandues dans la société marocaine. 60% d’entre eux ont confirmé leur connaissance avec une fille ou un garçon entretenant des relations sexuelles consensuelles », soulignent les auteurs de l’étude.
Et de détailler: « 50% de l’échantillon enquêté, tout en prenant en considération les variables sur lesquelles a reposé la recherche, ont estimé que le fait d’entretenir des relations sexuelles consensuelles avant le mariage, que ce soit pour les filles ou les garçons, était une liberté individuelle. Or, ceux qui ont exprimé leur refus catégorique pour les relations sexuelles consensuelles et qui représentent un taux de 77.6% , expliquent que cela est interdit par la religion ».