Vidéos. Avec la trêve, Gaza panse ses blessures

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Une vue aérienne montre les destructions causées par les frappes israéliennes à Wadi Gaza (centre de la bande de Gaza), le 28 novembre 2023, au milieu d'une trêve entre Israël et le Hamas. © Mahmud Hams / AFP

Thé et sandwich au fromage, Taghrid al-Najjar prépare le petit-déjeuner pour ses enfants. La vie reprend ses droits dans la bande de Gaza depuis la trêve avec Israël, mais de la cuisine où la Palestinienne s’affaire, il ne reste que des ruines.

Les murs sont écroulés, meubles et équipements ont été engloutis sous le béton. Cette femme de 46 ans fait pourtant mine de ne pas prêter attention à l’état de sa maison, ni à celles alentours.

« Il n’y a qu’ici que je me sens bien », dit celle qui n’avait jamais quitté Abassane, son village d’agriculteurs à l’est de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.

Elle a dû fuir quand l’armée israélienne a commencé à pilonner le territoire palestinien, en représailles à l’attaque meurtrière du mouvement islamiste Hamas le 7 octobre en Israël qui a fait 1.200 morts, en majorité des civils selon les autorités israéliennes. Les bombardements israéliens ont fait plus de 14.800 morts, dont 6.150 jeunes âgés de moins de 18 ans, d’après le gouvernement du Hamas.

Pendant des semaines, Taghrid a vécu avec les neuf membres de sa famille dans une école devenue camp de déplacés de fortune à Khan Younès. L’est du territoire, généralement réservé à l’agriculture, s’est retrouvé à portée des frappes israéliennes.

Dans sa famille élargie, elle compte des dizaines de morts. Et vendredi, aux premières minutes d’une trêve qui menace de se terminer ce jeudi, elle est revenue chez elle à pied.

« J’ai découvert que ma maison avait été détruite. Vingt-sept ans pour la construire et tout est parti! », se désole-t-elle. « Pendant deux jours, je n’ai pas réussi à manger. Et puis je me suis dit qu’il fallait continuer à vivre », dit-elle en couvant ses enfants du regard.

« Mes enfants sont vivants, donc on reconstruira », lance-t-elle en rinçant les verres de thé avec un filet d’eau, si compliquée à obtenir dans le territoire assiégé.

En attendant, note-t-elle en souriant, « on dort dans une pièce de la maison dont les murs ne sont pas entièrement écroulés et où on arrive à se glisser par une fenêtre ». Plus tard, après la signature d’un vrai cessez-le-feu, « on plantera une tente » mais seulement « le temps de reconstruire la maison ».

Jamil Abou Azra, son voisin de 64 ans, vient partager le thé. Son souci à lui, ce sont ses quatre petits-enfants. « Ils peuvent dormir n’importe où. Le problème, c’est (…) qu’ils sont traumatisés », raconte-t-il. « Même nous, les adultes, on a peur. Mais on fait bonne figure devant les petits ».

De l’autre côté de la rue, Bassem Abou Taaïma contemple l’immeuble à terre où vivaient sa famille et celles de ses quatre frères.

« On est tous agriculteurs ou chauffeurs de taxi, on n’a vraiment rien à voir avec la résistance », les groupes armés palestiniens. « Donc on ne comprend pas pourquoi tout ça nous arrive », dit le trentenaire.

En short malgré le froid mordant, il attend lui aussi la fin de la guerre pour installer une tente et commencer à déblayer. Pour le moment, il cherche des vêtements chauds dans les décombres, mais ce qu’il trouve est inutilisable.

Plus loin, Naïm Taaïmat, 46 ans, se confectionne une tente avec des clous et du tissu. « C’est là qu’on vivra avec ma femme, nos sept enfants et ma mère après la guerre », dit-il. Et il faudra d’autres tentes car « mes quatre frères qui ont chacun sept enfants ont eux aussi perdu leurs maisons ».

Avec pour seul outil un marteau, il tente de casser les blocs de béton qui recouvrent tout. Les mains noires et en sang, il creuse. L’urgence, c’est de retrouver le trousseau de sa fille, Nivine.

« Elle devait se marier la semaine prochaine (…) son fiancé aussi a perdu sa maison. Donc il faut que je trouve quelque chose pour qu’elle soit un peu heureuse ».

Dans le dénuement, les joies se cachent parfois dans les choses simples. « On a découvert une lampe électrique et on a des bûches pour le feu! », s’écrie Abdessamad, 12 ans.

Assis avec ses amis sur la terre battue, près de l’école de l’ONU où il étudiait et qui a été en partie détruite, il rit et chante.

« La guerre (…) c’était horrible, mais il y a une bonne nouvelle », lance son ami Nabil, huit ans.

« L’école est détruite et on n’y retournera pas avant un bon moment ».

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