Mouvement pro-palestinien sur les campus américains: 100 interpellations à Boston

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Mouvement pro-palestinien sur les campus américains: 100 interpellations à Boston
Des manifestants pro-palestiniens manifestent devant une barricade de police après que la police a fait une descente dans un campement de l'université Northeastern à Boston, Massachusetts, le 27 avril 2024. La police a arrêté environ 100 personnes. © Joseph Prezioso / AFP

Cent personnes considérées comme des manifestants pro-palestiniens ont été brièvement interpellées samedi par des policiers anti-émeute dans une université de Boston, dernier épisode d’un mouvement étudiant qui se généralise aux Etats-Unis.

Partie il y a dix jours de la prestigieuse université Columbia à New York, cette nouvelle vague de soutien aux Palestiniens et contre la guerre que conduit Israël dans la bande de Gaza s’est étendue à nombre d’établissements, de la Californie à la Nouvelle-Angleterre (nord-est) en passant par le sud du pays.

A la Northeastern University à Boston, grande cité historique du nord-est qui abrite aussi Harvard, « environ 100 individus ont été interpellés par la police; les étudiants qui ont présenté leurs cartes de Northeastern U. ont été libérés (…) Ceux qui ont refusé ont été arrêtés », a annoncé l’université sur X (ex-Twitter).

Des « insultes antisémites violentes » telles que « tuer des juifs » ont été proférées sur le campus et cela « est allé trop loin », a tonné l’établissement avant d’annoncer en fin de matinée un « retour à la normale ».

Un campement « illégal » a été démantelé samedi matin par des policiers de l’université et des forces de l’ordre locales en tenue anti-émeute, selon des images sur les réseaux sociaux.

L’université a accusé des « organisateurs professionnels sans affiliation avec Northeastern U. » d’avoir « infiltré une manifestation étudiante commencée il y a deux jours ».

Les étudiants feront l’objet de « procédures disciplinaires » mais « pas de mesures juridiques ».

Par ailleurs, la présidence de Columbia, épicentre de la mobilisation estudiantine, a indiqué vendredi soir avoir renoncé à faire évacuer par la police de New York un « village » de tentes de 200 personnes sur une pelouse de son campus, et annoncé qu’un dirigeant du mouvement était interdit d’y entrer après des menaces antisionistes sur une vidéo en janvier.

Le jeune homme a présenté par la suite ses « excuses », selon CNN, qui décrivait le campus comme « relativement calme » samedi.

La situation était en revanche tendue à l’université de Pennsylvanie (UPenn), dont la présidente avait dû démissionner cet hiver après des déclarations devant le Congrès à Washington jugées ambiguës sur l’antisémitisme.

A la suite d' »informations crédibles de cas de harcèlement et d’intimidation », la présidence a ordonné le démantèlement immédiat d’un campement sur le campus.

Et en Californie, l’université polytechnique de Humboldt restera « fermée » pour le reste du semestre en raison de « l’occupation » de deux bâtiments, selon un communiqué.

Les images de policiers anti-émeute interpellant des étudiants, à l’appel de dirigeants d’universités, ont fait le tour du monde.

Elles font écho au mouvement des campus américains durant la guerre du Vietnam. Voire au souvenir douloureux lorsque la Garde nationale de l’Ohio avait ouvert le feu en mai 1970 à l’université d’Etat de Kent, tuant quatre étudiants pacifiques.

Le mouvement de solidarité avec Gaza a pris une tournure très politique à sept mois de la présidentielle américaine, entre allégations d’antisionisme et d’antisémitisme et défense de la liberté d’expression qui est un droit constitutionnel aux Etats-Unis.

Le pays compte le plus grand nombre de juifs au monde derrière Israël (quelque six millions) et aussi des millions d’Américains arabo-musulmans.

Lire aussi: Vidéos. Le mouvement de soutien à Gaza se généralise sur les campus américains

Cette semaine à travers les Etats-Unis — notamment en Californie et au Texas — nombre d’étudiants et activistes pro-palestiniens ont été interpellés et le plus souvent relâchés sans poursuites en justice.

Et dans ces rassemblements pour Gaza de nombreux étudiants juifs, souvent de gauche, soutiennent activement la cause palestinienne, keffieh sur les épaules, dénonçant aux aussi un « génocide » perpétré par Israël contre les Palestiniens.

Mais beaucoup d’autres jeunes juifs américains expriment leur malaise, et même leur peur, face à des slogans jugés antisémites.

Ainsi, Skyler Sieradzky, 21 ans, étudiante à l’université George Washington de la capitale a affirmé s’être fait cracher dessus en arrivant cette semaine avec un drapeau israélien.

« Ils nous traitent de terroristes (…) Mais le seul outil dont nous disposons sont nos voix », a répondu « Mimi », étudiante à Columbia participant à un rassemblement pro-palestinien.

La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent menée depuis la bande de Gaza contre Israël par des commandos du Hamas, et qui a entraîné la mort de 1.170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l’AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

En représailles, Israël a promis de détruire le mouvement islamiste, et sa vaste opération militaire a fait 34.388 morts, majoritairement des civils, selon le Hamas.

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