Vidéo. « Paroles d’Experts » de Faïçal Tadlaoui: Saad Lamjarred, l’affaire qui crispe l’opinion

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Vidéo. "Paroles d'Experts" de Faïçal Tadlaoui: Saad Lamjarred, l’affaire qui crispe l’opinion
Me Meriem Berrada et la militante Sonia Terrab du Collectif 490 font le point avec Faïçal Tadlaoui dans ce nouvel épisode de «Paroles d’Experts». © Conversium

Très médiatisée, l’affaire Lamjarred continue de susciter le débat. Condamné à six ans de prison pour viol, le chanteur à succès reçoit toutefois le soutien de fans et célébrités. Consentement, protection des victimes, scénarios juridiques possibles… Me Meriem Berrada et la militante Sonia Terrab du Collectif 490 font le point avec Faïçal Tadlaoui dans ce nouvel épisode de «Paroles d’Experts».

Les Marocains sont clivés entre ceux qui acceptent la sentence, et ceux qui ne l’acceptent pas. Saad Lamjarred a été condamné le 24 février dernier à 6 ans de prison pour viol. Son procès en assises à Paris pour le viol de Laura Prioul en 2016 a été très médiatisé et suivi par le public marocain. Ce n’est pas la première fois que Saad Lamjarred est accusé de viol. En 2010, aux Etats-Unis, la star marocaine est poursuivie par la justice américaine pour les mêmes faits et incarcéré en mars de la même année. En 2016, outre l’affaire Laura Prioul, une jeune femme franco-marocaine avait retiré sa plainte contre le chanteur après avoir subi «de lourdes pressions».

Déjà à cette époque, il y avait eu des «réactions assez horribles», rappelle Sonia Terrab, invitée du plateau de «Paroles d’Experts» de Faïçal Tadlaoui. «J’aurais aimé qu’il me viole moi»; «Elle est montée dans sa chambre d’hôtel, elle s’attendait à quoi?», énumère la cofondatrice du Collectif 490 – Moroccan Outlaws, révoltée. «Et ça continue aujourd’hui, le procès a été un rappel et la société n’a pas beaucoup évolué», regrette-t-elle.

Face à Sonia Terrab, Me Meriem Berrada se dit également «très étonnée des personnes qui le défendent». Spécialisée en droit des affaires, droit commercial, droit du travail et droit de la famille, l’avocate au barreau de Casablanca a déjà eu à traiter des affaires de viol. Elle souligne «deux grandes confusions»: la première entre la personne et l’artiste et la seconde sur du droit comparé. «Les personnes pensent que le fait de monter dans une chambre d’hôtel suffit au niveau du consentement. Or, ce dernier peut être retiré à tout moment et ne justifie pas un viol», martèle la juriste.

« La théorie du complot est une attaque directe contre le mouvement féministe »

Cette affaire a relancé le débat sur la notion de consentement et celle de culture du viol, soit la banalisation des agressions sexuelles. Certains crient même au complot et à l’acharnement juridique. «Les fans de Saad Lamjarred sont une armée qui attaquent en meute et très organisés. Pour la théorie du complot, c’est la même chose, de plus en plus de groupes sur les réseaux sociaux, ultra identitaires, dans le patriarcat, la misogynie, le racisme etc. donnent des instructions précises et participent à l’alimentation de la théorie du complot», commente Sonia Terrab.

Et d’ajouter: «La théorie du complot est une attaque directe contre le mouvement féministe, en vue de le détruire. C’est la voie facile, c’est plus rassurant de penser que c’est la faute de l’autre. On le voit dans toutes les strates de la société.»

Côté juridique, Me Berrada explique que la plaignante a choisi la voie longue de la cour d’assises, afin d’avoir le jury populaire. «On ne s’attendait pas à ce qu’il fasse appel », soulève encore l’avocate qui expose les deux cas de figures possibles: «soit le ministère public ne fait pas appel, et la décision sera confirmée, revue à la baisse ou il sera relaxé, mais la peine ne sera pas aggravée; soit le ministère public fait appel et la peine peut l’être».

Dans tous les cas, «l’extradition de Lamjarred au Maroc n’est pas possible car le droit pénal s’applique de manière territoriale et les faits ont eu lieu en France». «Ce qui est possible par contre, c’est son transfèrement, à savoir le fait de purger une partie de sa peine au Maroc», détaille l’experte qui ne croit pas non plus aux théories du complot, au regard des éléments du dossier, notamment l’expertise médicale.

Si en France le viol conjugal est reconnu par la loi, ce n’est pas le cas au Maroc où l’article 490 du code pénal sanctionne les relations sexuelles hors-mariage. «Cet article empêche beaucoup de femmes de porter plainte, c’est une entrave à la justice. Si elles ne parviennent pas à prouver le viol, elles seront menacées d’être mises en prison pour l’article 490. On a reçu une multitude de témoignages dans ce sens», raconte Sonia Terrab dont le collectif milite en faveur de son abolition.

«Nous ne changerons pas les mentalités du jour au lendemain, cela prendra des générations. Ce que nous voulons, c’est changer la loi. Nous demandons un arsenal de lois qui nous protègent et ne nous mettent pas en danger», conclut la militante.

Contenu conçu et proposé par Conversium. La rédaction de H24Info n’a pas participé à la réalisation de cet article.

 

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