Comme partout dans le monde, dans la sphère de l’art et de la musique, des artistes se retrouvent des fois confrontés à des périodes tumultueuses. Entre affaires judiciaires retentissantes et scandales médiatiques, des grands noms tombent de haut à l’image de Saad Lamjarred, Dounia Batma ou encore ElGrandeToto. Ces derniers ont tous un point en commun: ils ont eu des démêlés avec la justice. Zoom sur ce chapitre, tout sauf luisant, dans leur carrière. 

Au-delà du monde restreint des peoples et des mélodies envoûtantes et paroles connues par cœur par leurs milliers de fans, l’univers de l’art au Maroc connaît lui aussi ses chapitres sombres, marqué par la controverse et ponctué de scandales judiciaires.

Si aux Etats-Unis, c’est une affaire courante, il n’en demeure pas moins au Maroc. Plusieurs artistes marocains de plusieurs générations ont été jeté aux fers. Ces stars du show-business, adulées pour leur créativité et suivies par des milliers de fans, se retrouvent aujourd’hui au cœur d’histoires tumultueuses.

Saad Lamjarred, le multirécidiviste

Un nom revient, à maintes reprises, quand il s’agit de démêlés avec la justice. Il s’agit, sans nul doute, du tristement célèbre Saad Lamjarred. Sa première affaire remonte à 2010 où il a été incarcéré aux Etats-Unis. Alors qu’il risquait pas moins de 25 ans de prison ferme, la star marocaine s’en est sortie indemne, ou presque! La plaignante qui l’accusait de viol a finalement accepté de « résoudre » cette affaire, loin des tribunaux!

Quelques années plus tard, en 2016, une nouvelle affaire de viol est révélée au grand jour. Cette fois-ci, c’est sous nos latitudes que ça se passe.

La victime, une franco-marocaine a porté plainte contre Lamjarred pour agression sexuelle qui se serait déroulée à Casablanca en 2015. Selon les informations dévoilées à cette époque, cette dernière aurait subi des violences de la part du chanteur. Mais encore une fois, il passe juste à côté des barreaux puisque la prétendue victime retire sa plainte avançant de lourdes pressions des proches de l’artiste.

Moins d’un an après, Lamjarred a été accusé d’agression sexuelle avec violence par une jeune femme à Paris en 2016. Cette fois, le chanteur marocain a été arrêté. La presse française racontait alors qu’il avait poursuivi la victime dans les couloirs d’un hôtel. Mis en examen pour viol aggravé et violences volontaires aggravées, il a été incarcéré à la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis.

Sa défense, assurée par Éric Dupond-Moretti a tenté de disculper Lamjarred malgré des preuves médicales accablantes. En février 2023, la Cour d’assises de Paris l’a condamné à six ans de prison pour viol aggravé, mais il a interjeté appel et a été libéré provisoirement en avril 2023.

Seulement, en août 2018, une nouvelle plainte est déposée à Saint-Tropez. Une femme l’a accusé d’abus sexuel durant la nuit. Confronté à une nouvelle mise en examen pour viol, Lamjarred a été écroué. La cour d’appel d’Aix-en-Provence a confirmé son incarcération en septembre 2018. En mars 2021, la cour d’appel a ordonné qu’il soit jugé aux assises pour viol aggravé, conformément aux réquisitions du parquet général, prolongeant ainsi le chapitre judiciaire tumultueux de Saad Lamjarred.

Actuellement, la pop star marocaine est en état de liberté et s’est même mariée. Il continue sa vie normalement comme si de rien n’était et performe partout dans le monde arabe où il est acclamé par des milliers de femmes!

ElGrandeToto, le mal-aimé du système

C’est une histoire qui a commencé en septembre 2022 à la suite d’une conférence de presse qu’a tenu le rappeur casablancais lors d’un festival organisé à Rabat. Répondant à une question d’une journaliste présente dans la salle quant à sa consommation de résine de cannabis, le représentant du quartier de Benjdia avait rétorqué: “Je fume du haschich, et alors ?”.

Sa déclaration avait créé un tollé au Maroc. Sur les réseaux sociaux l’on ne parlait que de ça. Les propos d’ElGrandeToto ont dérangé certains tandis que d’autres évoquait la liberté d’expression du jeune artiste. Cette affaire avait pris tellement d’ampleur que des influenceurs prenaient partie en se prononçant sur le sujet dans plusieurs vidéos.

Or, les déclarations publiques de Toto ne passent pas. Cette affaire a même intéressé la sphère politique du Royaume, au vu du caractère « étatique » du festival dans lequel le rappeur a performé. Le porte-parole du gouvernement, Mustapha Baitas, avait même évoqué le sujet lors d’un de ses points de presse.

Aussi, les tensions ont atteint le paroxysme lorsque le journaliste Mohammed Tijjini a fait de ces déclarations le sujet de plusieurs de ses vidéos sur YouTube depuis la Belgique. La réponse d’ElGrandeToto à ce dernier n’a fait qu’envenimer la situation. Le rappeur avait proféré des paroles interprétées comme des menaces envers le journaliste, déclenchant ainsi une série de plaintes à son encontre.

Confronté à l’ampleur croissante de l’affaire, ElGrande Toto a finalement fait son mea culpa lors d’une conférence de presse organisée en urgence en octobre, présentant des excuses publiques à toutes les personnes concernées, y compris les autorités et le public.

Ainsi, Taha Fahsi, alias ElGrandeToto, a été condamné à huit mois de prison avec sursis par le tribunal de Casablanca le 18 janvier 2023. Les accusations portées contre lui comprennent des injures, diffamations, menaces, atteinte à l’ordre public, consommation de drogue et incitation à en prendre. Outre la peine de prison avec sursis, il a été tenu de payer une amende de 10 000 dirhams.

Dounia Batma, la maître-chanteuse

C’est désormais indéniable. L’implication de la chanteuse marocaine Dounia Batma dans l’affaire Hamza mon BB est avérée. Récemment, elle a été condamnée à un an de prison ferme par la Cour de cassation dans cette affaire qui a suscité un déferlement sur les réseaux sociaux depuis 2019.

Alors qu’elle sentait son heure arrivée, Batma a exprimé sa gratitude, dans un live Instagram, envers la justice marocaine. Elle avait également dénoncé une conspiration contre elle ainsi que des tentatives de nuire à sa réputation via des captures d’écran falsifiées.

 

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Parallèlement, la star marocaine avait présenté ses excuses publiques lors d’une conférence de presse, regrettant les injustices subies tout en affirmant ne pas vouloir perturber le cours de l’affaire.

Cependant, malgré ses efforts pour clarifier sa position, Dounia Batma a été arrêtée ce 31 janvier 2024 à Casablanca pour purger sa peine de prison ferme.

Cette arrestation fait suite à la conversion de la peine initiale prononcée en janvier 2021 en une peine d’un an de prison ferme assortie d’une amende de 10 000 dirhams par la cour d’appel de Marrakech.

L’humour noir d’Abdelfattah Jaouadi

Abdelfattah Jaouadi a été condamné, en 2019, à six mois de prison avec sursis suite à des accusations de viol à Grenoble. L’humoriste marocain a eu droit à une longue période de contrôle judiciaire de deux ans. Il a été arrêté le 16 septembre 2019 dans cette même ville.

Pour rappel, il a été interpellé après la plainte d’une jeune femme l’accusant de viol dans une boite de nuit. Il avait ensuite été remis en liberté sous contrôle judiciaire. Ainsi, la justice française lui a interdit de quitter le territoire, l’obligeant à remettre son passeport aux autorités tout en étant interdit de contact avec la présumée victime ou les témoins.

Obligé de résider à Grenoble et ayant versé une caution dont le montant est resté confidentiel, l’artiste a été assisté d’un interprète en langue arabe lors de l’instruction du dossier.

Cette affaire avait attiré la curiosité des médias marocains. Assez populaire au Maroc au vu de ses nombreuses participations dans des programmes humoristiques, ses démêlés avec la justice ont suscité de vives réactions sur les réseaux sociaux. Jaouadi a été placé sous surveillance électronique et a également fait l’objet d’une prise en charge psychologique.