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“Paroles d’Experts” de Faïçal Tadlaoui: Proche-Orient : deux poids deux mesures des médias français ?
Publié leLe traitement médiatique en France de la situation à Gaza pose de nombreuses questions quant à la partialité des supports de presse écrite et audiovisuels. À chaque nouvel embrasement du conflit israélo-palestinien, la société française se crispe. Et à chaque fois, les médias et les politiques prennent clairement position en faveur d’Israël. Un sujet sensible et explosif… Pour en parler, Abdellah Tourabi, journaliste, chroniqueur et spécialiste de l’Islam politique et Agnès Levallois, Vice-présidente de l’Institut de recherches et d’études méditerranée Moyen-Orient (iReMMO) qui est intervenue depuis Paris.
En France, le conflit israélo-palestinien a toujours déchaîné les passions. Dérapages, débordements, amalgames, autocensure… de nombreux journalistes et chroniqueurs font fi des règles déontologiques pour nous asséner “leur vérité”. Et ceux qui osent dénoncer les bombardements de Tsahal sont vite suspectés et cloués au pilori.
Depuis le 7 octobre, jour de l’offensive du Hamas, la couverture médiatique des événements a été massive, et pas toujours… objective. Ainsi, BFM TV a consacré plus de 45 heures au sujet dans les premières 72 heures de la crise en invitant les éditorialistes de i24News à commenter la situation en plateau, entre deux interventions d’officiels israéliens. Il est vrai que les deux chaînes appartiennent au même groupe Altice…
A noter également : une curieuse amnésie frappe certains médias et politiques. À les écouter, l’histoire du conflit au Proche-Orient a commencé le 7 octobre 2023. La plupart des discussions sur l’un ou l’autre des aspects du conflit commencent inévitablement par « depuis l’attaque terroriste du Hamas le 7 octobre… ».
Les médias français manquent-ils d’objectivité ? S’agit-il seulement d’un point de vue différent du nôtre ?
Abdellah Tourabi, journaliste, chroniqueur et spécialiste de l’Islam politique, prévient qu’il ne faut surtout pas tomber dans le piège de la généralisation. Il n’y a pas, dit-il, de “bloc” de médias français. Il serait plus judicieux d’évoquer des sensibilités, des tendances, des orientations, des obédiences…
“Difficile de garder une parole, la plus honnête possible”
“Ce qui nous irrite, c’est le mauvais côté; le côté éditorialiste, chroniqueur qu’on voit dans certains médias où la parole est complètement décomplexée et où la question israélo-palestinienne devient un moyen de régler des comptes politiques internes en France”, affirme-t-il.
“C’est extrêmement difficile d’essayer de garder une parole, la plus honnête possible, par rapport à ce qui se passe”, souligne pour sa part, Agnès Levallois, vice-présidente de l’iReMMO.
Cette spécialiste du Moyen-Orient justement, fait remarquer une évolution en France entre les premiers jours, marqués par la condamnation pure et simple de l’offensive de Hamas sans aucune contextualisation, et ceux ayant suivi la riposte d’Israël.
“Les premiers jours, c’était pratiquement inaudible sur les plateaux. Petit à petit, on a vu la possibilité de commencer à dire des choses, d’expliquer, sans justifier bien sûr, pour comprendre comment une attaque pareille a pu se dérouler”, dit-elle.
Et d’ajouter : “Aujourd’hui, avec la violence de la riposte militaire israélienne, on est en capacité de pouvoir plus en plus dire des choses et d’expliquer”. Agnès Levallois attire toutefois l’attention sur les vrais-faux “experts” qui s’invitent sur les plateaux télé sans connaître la réalité de la situation. “Tant qu’on n’a pas mis les pieds sur la bande de Gaza, il nous sera difficile de comprendre ce qui se passe et de comprendre la violence de la réaction israélienne”, tient-elle à préciser.
Du côté des politiques aussi la suspicion est de mise. Jean-Luc Mélenchon qui a osé affirmer une opinion différente en refusant de condamner le Hamas s’est fait lyncher médiatiquement et condamné politiquement. Autre incompréhension relevée par Tourabi, l’interdiction des manifestations de soutien au Palestiniens en France, contrairement au reste de la planète. Le journaliste relève que même une voix aussi sage et raisonnable que celle de Dominique de Villepin, fin connaisseur de la situation, reste inaudible. En attendant, seules les bombes et les roquettes continuent de se faire entendre…