Viande rouge: 5 questions autour des bovins importés du Brésil au Maroc

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10.000 tonnes de têtes de bovins importées depuis janvier (Commission interministérielle)
© DR.

Le cheptel bovin brésilien est au cœur de plusieurs polémiques. Tout le monde s’interroge sur la qualité de la viande de ces bêtes, destinées à l’abattage et importées pour faire face à la hausse des prix de la viande rouge au Maroc. Qu’en est-il réellement ?  

La vidéo des deux bœufs du Brésil déambulant dans les rues de Rabat avait fait le buzz début avril. Hormis l’effet cocasse de l’incident, c’est l’allure de ces bêtes qui s’apparente à celle de zébus qui a surtout interpellé de nombreux Marocains. Il n’en fallait pas plus pour semer le doute sur ces bêtes, destinées à l’abattage. Les réactions s’enchaînent et se multiplient au point de faire réagir l’ambassadeur du Brésil. Le diplomate a rassuré sur la qualité de la viande de ces bovins, importées pour palier la hausse des prix de la viande.

Le gouvernement s’en est défendu à plusieurs reprises en expliquant le processus d’importation et les exigences en matière de sécurité sanitaire tout en affirmant que cette race était l’une des meilleures au monde. Et pourtant, les opposants à ce cheptel bovin, venant du pays de la samba, n’en démordent pas. Au contraire. Les voix anti-boeufs brésiliens s’élèvent de partout, y compris du parlement. Le député PJDiste Mustapha Ibrahimi a, récemment, adressé une question écrite au ministre de l’Agriculture, Mohamed Sadiki, appelant à l’ouverture d’une enquête sur la qualité de cette race de bovins.

De quoi parle-t-on exactement ?

Les bœufs importés de Brésil appartiennent à la race nélore. Elle a comme origine le bovin indien ongole de type zébu que le Brésil a importé d’Inde au début des années 1900. Contrairement aux bovins européens, ce type de race résiste à la chaleur et aux insectes. La nélore s’adapte facilement aux conditions climatiques et peut vivre avec des régimes alimentaires faibles.

Leur viande est-elle bonne pour la santé ?

Les bovins du Brésil produisent une viande moins grasse que celle généralement consommée au Maroc. « Question goût, personnellement je n’ai ressenti aucune différence », nous assure Bouazza Kharrati, président de la Fédération marocaine des droits du consommateur et spécialiste de la santé animale. « C’est une viande moins grasse et qui ressemble à celle de nos races bovines locales. Ce sont les races européennes qui ne résistent pas au climat en Afrique, ni aux maladies parasitaires comme la piroplasmose », poursuit-il. Selon Kharrati, le Maroc importe les bovins européens depuis 1972 et n’a jamais obtenu une race améliorée adaptée à son climat.

Ces bovins ont-ils été nourris aux OGM ?

Parmi les arguments des opposants à l’importation des bovins brésiliens, figure leur alimentation aux OGM. Mais en matière d’OGM, ce problème ne se pose pas au Maroc où il n’y a pas de restrictions claires à ce sujet. En 2012, le ministère de l’agriculture avait publié des directives pour clarifier la position du Royaume sur les produits génétiquement modifiés, «au Maroc et en application du principe de précaution, les aliments transgéniques sont interdits à la consommation humaine. Aucune présence d’OGM n’est admise dans les produits importés destinés à la consommation humaine. (…) Les législations internationales admettent leur présence dans certains aliments destinés à l’alimentation animale», lit-on.

La viande brésilienne contiendrait-elle des pesticides interdits ?

La peur des pesticides remonte à un scandale qui avait secoué le marché de la viande surgelée exportée par le Brésil. Si le gouvernement avait alors diligenté une enquête, le pays a fini par assouplir sa législation en la matière en 2022. Or, dans le cas du Maroc, il n’y a aucun risque, nous confie une source à l’ONSSA. « Les contrôles réalisés par l’Office sont généralement appuyés par l’expertise analytique d’un réseau de laboratoires », révèle notre interlocuteur en affirmant qu’il ne voit pas pourquoi la viande de ces bovins allait échapper à ce processus bien rodé.

Pourquoi a-t-on décidé d’importer la race bovine du Brésil ?

Pour encourager leur importation, l’Exécutif a suspendu la TVA à l’importation des bovins. Pourtant le prix des viandes rouges n’a pas baissé. Certains reprochent aux importateurs de conserver les animaux importés, pourtant destinés uniquement à l’abattage, et non l’élevage. Il s’agit, selon Bouazza Kharrati, d’une pratique qui va à l’encontre «de la politique du gouvernement de subvenir aux besoins des consommateurs en protéines d’origine animale». La Fédération marocaine des droits du consommateur recommande d’ailleurs au gouvernement de faire payer les taxes et impôts exonérés aux récalcitrants à l’abattage des bovins importés dans une période courte déterminée.

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