Vaccins et Afrique: M’jid El Guerrab saisit la justice après des propos jugés racistes
Publié leLe député français M’jid El Guerrab a annoncé samedi qu’il saisissait le procureur de Paris après des propos jugés racistes d’un chercheur et d’un chef de service d’hôpital parisien, dans lesquels ils s’interrogeaient sur l’opportunité de tester un vaccin en Afrique contre le coronavirus.
Dans une séquence diffusée mercredi après-midi sur la chaîne de télévision française LCI, Camille Locht, directeur de recherche à l’Inserm à Lille, était interrogé sur des recherches menées autour du vaccin BCG contre le covid-19.
Invité en plateau, Jean-Paul Mira, chef de service de médecine intensive et réanimation à l’hôpital Cochin, lui a alors demandé : « Si je peux être provocateur, est-ce qu’on ne devrait pas faire cette étude en Afrique, où il n’y a pas de masques, pas de traitement, pas de réanimation, un peu comme c’est fait d’ailleurs sur certaines études avec le sida, ou chez les prostituées: on essaie des choses parce qu’on sait qu’elles sont hautement exposées. Qu’est-ce que vous en pensez? ».
Le chercheur lui a répondu: « Vous avez raison ».
Après avoir reçu de vives critiques, les deux hommes ont présenté leurs excuses.
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Les propos tenus sont « à la fois injurieux et discriminatoires, et caractérisent donc deux délits à caractère racial », estime M. El Guerrab, député des Français du Maghreb et de l’Afrique de l’Ouest, dans un communiqué.
L’élu, qui a appartenu au parti du président Emmanuel Macron, La République en marche (LREM), « ne pouvait demeurer sans réagir face à cette entorse au pacte républicain » alors que les deux spécialistes ont selon lui formulé « une invitation, voire une exhortation, à un traitement différencié en fonction de l’origine ».
Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a déjà été saisi par l’association SOS Racisme.
M. El Guerrab et une trentaine de députés pour la plupart LREM, emmenés par Jean-François Mbaye, ont aussi envoyé vendredi une lettre ouverte à Camille Locht et Jean-Paul Mira, où les élus estiment que « la nature des propos » tenus inscrit ces deux spécialistes « directement dans le prolongement de ce que l’humanité a donné de pire à observer durant l’histoire: nous parlons ici de la Shoah, de l’esclavage et de la colonisation ».