Tribune. «Le rôle de la diplomatie parallèle» par Mohamed H’Midouche

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Mohamed H'Midouche
Mohamed H'Midouche

Mohamed H’Midouche, Consul Honoraire du Cap Vert au Maroc, vice-président Exécutif de l’Académie Diplomatique Africaine, et expert international en économie et finance, signe sur H24info une tribune qui revient en long et en large sur le rôle de la diplomatie parallèle et du consul honoraire.

La diplomatie parallèle, également connue sous le nom de diplomatie informelle ou de diplomatie non officielle, fait référence à des initiatives et des activités menées par des acteurs non étatiques ou des individus qui cherchent à influencer les relations internationales et à favoriser le dialogue entre différentes parties, en dehors des canaux officiels de la diplomatie traditionnelle.

Voici quelques caractéristiques et exemples de la diplomatie parallèle :

1. Acteurs non étatiques : la diplomatie parallèle implique souvent des acteurs non étatiques tels que des organisations non gouvernementales (ONG), des groupes de réflexion, des personnalités politiques, des universitaires, des activistes ou des personnalités publiques. Ces acteurs peuvent jouer un rôle de médiateur, de facilitateur ou de promoteur du dialogue.

2. Activités informelles : contrairement à la diplomatie officielle menée par les gouvernements à travers les canaux diplomatiques traditionnels, la diplomatie parallèle se déroule généralement de manière informelle. Elle peut comprendre des réunions, des conférences, des dialogues, des négociations, des initiatives de paix, des échanges culturels, des collaborations académiques, des visites de personnalités, etc.

3. Réseaux et contacts : la diplomatie parallèle repose souvent sur l’établissement de réseaux de contacts et de relations informelles entre les acteurs concernés. Ces réseaux facilitent le dialogue, la compréhension mutuelle et la recherche de solutions communes à des problèmes internationaux.

4. Objectifs complémentaires : la diplomatie parallèle vise souvent à compléter les efforts de la diplomatie officielle en promouvant le dialogue et la coopération, en facilitant les contacts entre différentes parties, en explorant des solutions créatives et en construisant la confiance entre les acteurs.

5. Rôle de facilitateur : les acteurs de la diplomatie parallèle peuvent jouer un rôle de médiateur ou de facilitateur dans les processus de résolution de conflits, la promotion des droits de l’homme, le développement durable, la lutte contre le terrorisme, les négociations sur les accords internationaux, etc.

Il est important de noter que la diplomatie parallèle n’a pas de statut juridique officiel et n’a pas le pouvoir de prendre des décisions contraignantes. Cependant, elle peut jouer un rôle significatif dans la résolution des conflits, la promotion du dialogue et la construction de ponts entre les parties concernées.

Quelles sont les dispositions juridiques prévues dans la Convention de Vienne sur les relations consulaires ?

Le Statut du Consul Honoraire est régi par la Convention de Vienne sur les relations consulaires. Cette Convention constitue un traité international qui a été adopté le 24 avril 1963 par la Conférence des Nations Unies sur les relations consulaires. Elle est entrée en vigueur le 13 mars 1967 et a été ratifiée par plus de 170 États.
La Convention de Vienne régit les relations entre les États qui ont ratifié la Convention et leurs consuls honoraires. Elle définit les fonctions et les immunités des consuls honoraires, ainsi que les obligations des États d’accueil à leur égard.

Les consuls honoraires sont des personnes privées qui sont nommées par un État pour représenter cet État dans un autre État. Ils ne sont pas des fonctionnaires publics et ils ne bénéficient pas des mêmes immunités et privilèges que les consuls titulaires.

Les consuls honoraires bénéficient d’une certaine immunité de juridiction et d’inviolabilité personnelle dans l’État d’accueil. Ils ne peuvent pas être poursuivis en justice pour des actes accomplis dans l’exercice de leurs fonctions consulaires.

La Convention de Vienne sur les relations consulaires est un instrument important qui contribue à réglementer les relations entre les États et leurs consuls honoraires. Elle aide à garantir que les consuls honoraires puissent exercer leurs fonctions efficacement et que les citoyens des États d’envoi bénéficient d’une protection adéquate dans les États d’accueil.

Quel est le rôle du consul honoraire?

Le Consul Honoraire joue un « rôle très important » dans la promotion de l’image du Royaume à l’étranger et l’établissement de passerelles de communication avec les pays amis en vue de renforcer la coopération économique, administrative et politique.

Le caractère bénévole de l’action des consuls honoraires leur octroie une forte légitimité pour défendre les intérêts politiques et économiques du Maroc. Ces diplomates font partie intégrante de la nouvelle diplomatie économique marocaine telle que voulue par SM le Roi Mohammed VI dans le message que le Souverain a adressé à la première conférence des ambassadeurs du Royaume, tenue à Rabat du 30 août au 1er septembre 2013. Les consuls honoraires jouent un rôle « capital mais invisible ».

Il se doit de « sortir de l’ombre » et d’apporter son aide aux dossiers sensibles, dont la question de l’intégrité territoriale du Royaume, et ce en maintenant un dialogue ouvert et permanent avec le ministère des Affaires étrangères. Plus spécifiquement, le rôle du consul honoraire est de représenter et d’assister les intérêts du pays dont il est le consul honoraire dans une région ou une ville spécifique, généralement en dehors de la capitale.

Parmi les responsabilités courantes associées à la fonction de consul honoraire, il convient de citer ce qui suit:

a) Promotion des intérêts du pays : le consul honoraire est chargé de promouvoir les intérêts économiques, politiques, culturels et sportives du pays qu’il représente dans sa région. Cela peut inclure la promotion du commerce, de l’investissement, du tourisme, de la coopération culturelle, sportive et éducative, entre autres.

b) Assistance consulaire : le consul honoraire fournit des services consulaires limités aux ressortissants du pays qu’il représente. Cela peut inclure l’aide aux citoyens en cas de problèmes tels que les pertes de passeports, les difficultés juridiques, les situations d’urgence, les services notariaux, etc. Toutefois, il est important de noter que les consulats honoraires n’offrent généralement pas tous les services consulaires disponibles dans les consulats généraux ou ambassades.

c) Relations avec les autorités locales : le consul honoraire entretient des relations avec les autorités locales, y compris les gouvernements, les entreprises, les organisations locales, religieuses et les communautés. Il facilite la coopération et les échanges entre le pays qu’il représente et la région où il est basé.

d) Assistance aux entreprises et aux citoyens : le consul honoraire peut aider les entreprises et les citoyens de son pays d’origine en fournissant des informations sur le marché local, en facilitant les contacts avec les partenaires commerciaux et les autorités locales, en organisant des événements culturels, sportifs, commerciaux, etc.

e) Rapports et communication : le consul honoraire est responsable de fournir des rapports réguliers sur les développements politiques, économiques et sociaux de la région au consulat général ou à l’ambassade. Il assure également la communication entre la région et le pays qu’il représente.

Il est essentiel de noter que le statut et les responsabilités d’un consul honoraire peuvent varier d’un pays à l’autre, en fonction des accords bilatéraux, des lois nationales et des politiques consulaires spécifiques.

Les consulats honoraires sont généralement des positions bénévoles ou semi-bénévoles, et les consulaires honoraires sont souvent des personnes influentes ou respectées dans la région où ils exercent leurs fonctions.

En effet, le Maroc, de par sa situation géographique, les relations exceptionnelles qu’il entretient avec plusieurs pays du monde et en particulier avec les pays africains frères, son capital religieux et spirituel a pu renforcer son positionnement dans le continent. Cette dynamique nécessite également un renforcement de la diplomatie traditionnelle pour qu’elle puisse inclure tous les acteurs non étatiques, le renforcement de la diplomatie parlementaire, la consolidation de la diplomatie associative et la mise en avant de la diplomatie culturelle, etc. C’est ce qu’on appelle «The People Diplomaty» ou la diplomatie du peuple avec l’entrée en scène de nouveaux acteurs tels que les collectivités locales, les ONG et les confédérations d’affaires, et même les personnes physiques comme les artistes et les intellectuels et les sportifs.

Combien y-a-t-il de Consul Honoraire au Maroc ?

Depuis le début du règne de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le nombre des consuls honoraires au Maroc est passé de 33 à 170, dont 70 rien qu’à Casablanca. Ce chiffre confirme l’image d’un Maroc « ouvert et sollicité ». C’est un signal très fort, une ère d’ouverture et un leadership dans le domaine. Ce rôle de leadership a aussi commencé avec l’histoire de la ville de Tanger qui était la capitale de l’action diplomatique et où les consuls honoraires ont eu un rôle important dans le rayonnement de la ville du détroit.

Union des Consuls Honoraires au Maroc

L’Union des Consuls Honoraires du Maroc (UCHM) regroupe en ses membres, l’ensemble des Consuls Honoraires accrédités au Maroc. L’UCHM a été fondé en 2015 avec comme objectif principal de fédérer les Consuls Honoraires accrédités au Maroc et contribuer activement aux différentes fonctions des Consuls Honoraires.

Elle offre une plateforme d’échanges et de rencontres pour l’ensemble des Consuls Honoraires accrédités au Maroc.
L’UCHM est membre de la Fédération Mondiale des Consuls Honoraires (FICAC) qui a été fondée en 1982, avec le statut des Nations Unies NGO (Ecosoc Observer Status), afin de fédérer l’ensemble des associations consulaires du monde entier dans le but de supporter et d’améliorer le statut, la légitimité et l’efficacité des Consuls Honoraires dans l’ensemble des pays d’accréditation.

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