Tourisme: alors que la Tunisie ouvre ses frontières le 27 juin, le Maroc toujours dans l’expectative
Publié leLes autorités tunisiennes ont décidé de rouvrir les frontières terrestres, aériennes et maritimes à partir du 27 juin prochain. Sans annonce similaire, le Maroc mise sur la clientèle nationale.
Comme au Maroc, le secteur touristique tunisien est en apnée depuis la fermeture des frontières en mars dernier. Toutefois, la Tunisie compte bien sauver la saison estivale. Avec une épidémie globalement maîtrisée, le pays s’apprête à rouvrir ses frontières et accueillir des touristes à partir de la fin du mois, a confirmé le ministre du Tourisme, Mohamed Ali Toumi.
Récemment, le ministre a expliqué que cette réouverture se fera de manière partielle et progressive, au regard de la situation épidémiologique dans les autres pays. «Nous ne serons pas appelés à ouvrir nos frontières à des pays à haut risque», a-t-il noté, relaye le média britannique The Sun.
La Tunisie enregistre seulement 1.087 cas confirmés de coronavirus et 49 décès – contre respectivement 8.533 et 211 au Maroc. Un très bon score pour notre voisin maghrébin qui n’a de plus, pas enregistré de nouveaux cas pendant quatre jours consécutifs. Ce contexte prometteur a encouragé les autorités du pays à rouvrir les frontières, tout en analysant les situations sanitaires de chaque pays.
Le ministre des Transports tunisien Anouar Maârouf a ainsi indiqué: «Nous sommes en pourparlers avec tous les pays avec lesquels nous avions des vols directs. (…) Les frontières tunisiennes seront bientôt ouvertes pour accueillir des touristes allemands, européens, algériens et autres», si tant est que les pays d’origine de ces derniers rouvrent également leurs propres frontières.
Vers une réouverture des frontières en Europe
Ce mercredi 10 juin, la Commission européenne s’est montrée favorable à une réouverture de ses frontières extérieures à partir du 1er juillet, alors que le déconfinement se poursuit en Europe. Elle a annoncé publier au cours de la semaine ses propositions pour une levée « progressive et partielle » des restrictions de voyages aux frontières extérieures de l’UE à partir du 1er juillet.
Son vice-président Josep Borrell a expliqué dans ce sens qu’il « s’agirait de lever les restrictions avec certains pays tiers en prenant en compte un certain nombre de principes et de critères et en se basant sur une approche commune entre Etats membres », relaye l’AFP.
La Tunisie envisage ainsi de profiter de cette initiative, les Européens représentant une part essentielle du marché du tourisme tunisien. Pour ce faire, un protocole sanitaire d’une vingtaine de pages a été distribué aux professionnels du tourisme la semaine dernière. Tous les établissements doivent détenir le label « Ready and Safe » pour être opérationnels.
« Pour l’obtenir, il est impératif de suivre la mise en œuvre d’un protocole interne conforme aux recommandations de l’OMS. Ces recommandations seront suivies et appliquées par tous les acteurs du tourisme tunisien afin de garantir l’hygiène et le nettoyage préventif; et par conséquent, garder le contrôle sur la Covid-19 et assurer la santé et la sécurité des touristes », indique l’Office national du tourisme tunisien (ONTT) dans un communiqué.
« Le ministère du Tourisme a développé un protocole sanitaire spécifique au secteur du tourisme pour rassurer le monde que la Tunisie est prête à accueillir progressivement les touristes », a déclaré le ministre tunisien du Tourisme et de l’Artisanat Mohamed Ali Toumi.
Qu’en est-il au Maroc? Pourquoi ne pas mettre en place de telles mesures afin de sortir du coma un secteur sinistré depuis mars dernier? Huit fois plus touché que la Tunisie en termes de nombre de contaminés du covid-19, le Maroc préfère pour le moment miser sur la reprise du tourisme national.
Plus prudent, le Maroc mise sur le tourisme national
Ainsi, le ministère du Tourisme travaille en collaboration avec l’ONMT (Office national marocain du tourisme) sur la mise en place d’une stratégie de communication pour le marché intérieur, national et régional. Le but? Rapprocher les Marocains des produits touristiques de leur pays. Dans ce sens, une campagne publicitaire a été lancée sous le slogan « ntla9awfbladna » pour inciter les vacanciers à la préférence nationale.
De plus, l’Office a lancé un appel à manifestation d’intérêt (AMI) le 8 juin dernier à l’attention des conseils régionaux du tourisme (CRT) pour mener conjointement des campagnes de communication, indique L’Economiste. Les 12 CRT bénéficieront d’une cellule composée d’experts en marketing, communication et digital pour les accompagner dans le développement de leur communication de promotion et de valorisation du au tourisme interne. L’ONMT s’engage à assumer la totalité du budget d’achat d’espace média pour le compte des 12 régions.
D’autre part, Nadia Fettah Alaoui, ministre du Tourisme, a annoncé le 8 juin dernier préparer «un plan sectoriel, intégré et participatif» pour limiter l’impact de la pandémie et relancer le secteur, relaye L’Economiste. Ce plan vise également à «positionner le Maroc dans le monde de l’après-Covid-19, en profitant des changements et des attentes des consommateurs en vue d’améliorer la qualité de l’offre marocaine». Il s’attachera à trois points en particulier: le maintien des emplois, la relance du secteur via le tourisme interne et la mise en place d’une offre de qualité supérieure pour satisfaire les attentes des touristes.
Pour rappel, les recettes du secteur touristique au Maroc ont considérablement fondu depuis l’établissement de l’état d’urgence sanitaire. Selon EcoActu, elles s’élèvent à 19.978 MDH à fin avril contre 22.913 MDH un an auparavant, soit une baisse de 2.935 MDH (12,8%). L’excédent de la balance voyages s’inscrit en baisse de 933 MDH ou de 5,7%. Les opérateurs du secteur estiment les pertes à quelques 34 MDH soit 6 millions de visiteurs de moins que l’année passée et ½ million de personnes en arrêt de travail.