Paroles d’Experts de Faïçal Tadlaoui. Chiens errants : quelles solutions ?

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pde chiens errants
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Aboiements, chiens menaçants, meutes entières dans certains quartiers, les chiens errants sont une véritable menace… Un problème de sécurité publique qui dure depuis de nombreuses années et dont aucune réponse appropriée n’est venue à bout. Pour en parler, Ali Izddine, fondateur de la Société Protectrice des Animaux du Maroc (SPA du Maroc).

Ils seraient 3 millions de chiens errants selon les associations et ministère de l’Intérieur, soit 3 chiens errants pour 10 habitants. Le Conseil de l’Ordre des vétérinaires estime de son côté ce nombre entre 1,5 et 2 millions. Des chiffres impressionnants relativisés cependant par notre invité qui estime ce nombre entre 300 000 et 500 000.

Mis à part cette querelle de chiffres, ces chiens représentent un vrai danger au quotidien.  On garde encore en mémoire ce sinistre fait-divers qui s’est déroulé près de Dakhla le 16 août 2022 quand une touriste française de 44 ans a succombé à ses blessures après avoir été attaquée par une meute de chiens. Ou encore dans la même veine, cette fillette morte un mois plus tard dans un quartier périphérique d’Agadir après une attaque de chiens. La scène, filmée et diffusée sur les réseaux sociaux, avait alors suscité la colère des internautes.

Quelles réponses alors apporter pour éviter ce genre de drame ? Les pouvoirs publics ont beau procéder à des rafles souvent suivies par des abattages honteux, rien n’y fait. Malgré cela, cette population canine se reproduit rapidement et réoccupe les lieux dont elle a été chassée.

Instinct de survie

Certaines années, jusqu‘à 200.000 chiens ont été abattus, mais un retour à la normale se fait en général deux ans après, souligne pour sa part la journaliste Amanda Chapon, dans une enquête récente parue dans TelQuel. L’instinct de survie est poussé chez ces animaux : plus ils sont menacés, plus ils se reproduisent. L’abattage n’est donc pas la solution.

A noter que 80 % de ces chiens errants se trouvent en milieu rural, précise Ali Izeddine. Alors comment expliquer des concentrations dans des villes comme Dar Bouazza ou Mohammedia ? “La ville de Casablanca s’est débarrassée de ses chiens errants dans ces villes” dénonce notre invité qui explique par ailleurs ce phénomène par les abandons d’animaux par leurs propriétaires ou encore des gardiens de chantiers qui n’en veulent plus une fois leur contrat terminé.

Le TNVR pour contrer la rage

Reste le problème de santé publique : on estime que la rage a touché 256 personnes par an entre 2004 et 2021, le chien représentant 28 % des cas de rage animale.

Pour contrer le phénomène, les pouvoirs publics ont lancé le programme TNVR : Trap, Neuter, Vaccinate, Release, une convention-cadre signée en 2019 entre les ministères de l’Intérieur, de la Santé, l’ONSSA et l’Ordre des vétérinaires. Son objectif : capturer, déparasiter, vacciner puis libérer l’animal là où il a été capturé.

Mais malgré les bonnes volontés, ce programme tarde à se mettre en place, notamment pour son coût. Compter 500 DH pour stériliser un mâle et 800 DH pour une femelle.

Pour certaines communes, l’abattage aussi répréhensible soit-il, reste moins cher. Sauf que cela donne parfois lieu à de véritables carnages. Cette année encore, à Tanger, la visite de la FIFA a été précédée par un nettoyage en règle même pour les chiens stérilisés. Et l’été reste propice aux abattages…

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