Niger: réunions de chefs militaires pro et antiputchistes

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Niger: réunions de chefs militaires pro et antiputchistes
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Dans un contexte tendu après le coup d’Etat au Niger, les chefs d’état-major des pays du bloc d’Afrique de l’Ouest, qui n’ont pas écarté un recours à la force contre les putschistes, se réunissent mercredi à Abuja pendant qu’un émissaire de la junte nigérienne est arrivé au Mali.

Dans le même temps, l’évacuation expresse de ressortissants étrangers se poursuit après l’arrivée de trois avions à Paris et Rome, et doit s’achever dans la journée, selon la France.

La réunion des chefs d’état-major des pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) doit elle se poursuivre jusqu’à vendredi.

Une délégation de la Cédéao, conduite par le Nigérian Abdulsalami Abubakar, est en outre attendue mercredi au Niger, ont indiqué sous le couvert de l’anonymat une haute responsable de l’organisation ouest-africaine et un responsable militaire du Niger.

La Cédéao, présidée par le chef d’Etat nigérian Bola Tinubu, a donné une semaine aux putschistes, jusqu’à dimanche, sans exclure le recours à la force, pour rétablir l’ancien président Mohamed Bazoum, renversé le 26 juillet par des membres de sa garde présidentielle.

« Nous défendons la démocratie et cela doit continuer. Nous sommes prêts et dès que nous recevrons l’ordre d’intervenir, nous le ferons », a affirmé dès lundi sur RFI Haoussa le chef des armées du Nigeria, Christopher Musa.

De son côté, le junte qui a renversé le président Mohamed Bazoum il y a une semaine et le retient depuis, a envoyé un émissaire, le général Salifou Mody, au Mali, selon deux hauts responsables nigérien et malien.

Le Mali et le Burkina Faso, pays voisins du Niger dirigés par des militaires après des coups de force en 2020 et 2022, soutiennent la junte et ont affirmé que toute intervention armée serait considérée « comme une déclaration de guerre » à leurs deux pays et entraînerait leur retrait de la Cédéao.

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La junte a accusé lundi la France, ex-puissance coloniale, de vouloir « intervenir militairement« , ce que Paris a démenti fermement.

Pour l’heure, Paris et Rome évacuent leurs ressortissants et les étrangers qui le souhaitent. A la mi-journée, plus de 500 personnes avaient été évacuées, dont 312 Français », à bord de deux des quatre avions prévus par la France.

« Les opérations d’évacuation du Niger conduites par la France touchent à leur fin », ont indiqué les autorités françaises dans un message aux quelque 1.200 Français enregistrés au Niger. Un troisième avion devait décoller et un quatrième étaient en cours d’embarquement, selon l’armée française.

Parmi les passagers, figurent aussi des Américains, Canadiens, Belges (15) autrichiens, allemands, nigériens, portugais, éthiopiens ou encore libanais.

L’Italie a évacué vers Rome une centaine de ressortissants étrangers. Selon l’agence Ansa, 36 Italiens et 21 Américains font partie des ressortissants évacués. Un peu moins de 500 ressortissants italiens résident au Niger, dont la plupart sont des militaires. Et l’Espagne a dit à l’AFP travailler à l’évacuation de ses ressortissants qui sont un peu plus de 70.

C’est la première évacuation massive organisée par la France dans le Sahel où les coups d’Etat se sont multipliés depuis 2020.

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Paris a justifié l’évacuation par les « violences qui ont eu lieu » contre son ambassade dimanche lors d’une manifestation hostile à la France, et par « la fermeture de l’espace aérien ».

Niamey, par la voix d’un putschiste, a annoncé dans la nuit de mardi à mercredi la réouverture « des frontières terrestres et aériennes » du Niger avec cinq pays voisins (Algérie, Burkina Faso, Libye, Mali et Tchad).

Le mouvement M62, à l’initiative d’une manifestation pro-putschistes, a dénoncé mardi l’évacuation organisée par la France, souhaitant la suspension de certains de ses médias et appelant à un rassemblement « pacifique chaque jour » près de l’aéroport, « jusqu’au départ définitif des forces étrangères » présentes dans le pays.

Pour l’heure « à Niamey, il n’y a pas de tensions particulières en ville, pas de stress particulier, la population vaque à ses occupations », a décrit à son arrivée à Paris un passager qui travaillait pour l’UE au Niger.

« A un moment donné, il y a eu une sensation d’insécurité, on savait que tout pouvait basculer », a témoigné, soulagée, Raïssa Kelembho, rentrée du Niger avec ses deux garçons et dont le mari est resté au Niger travailler.

La France, ex-puissance coloniale dans la région et soutien indéfectible du président Bazoum, apparaît comme la cible privilégiée des militaires qui l’ont renversé, dirigés par le général Abdourahamane Tiani.

L’évacuation des quelque 1.500 militaires français postés au Niger n’est « pas à l’ordre du jour », selon l’état-major des armées françaises.

Pas question non plus pour les Etats-Unis qui ne parlent pas de « coup d’Etat », estimant qu’il reste encore une « petite fenêtre » pour la diplomatie et le rétablissement du président Bazoum dans ses fonctions.

Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken, qui s’était rendu à Niamey en mars, a assuré par téléphone M. Bazoum du « soutien inébranlable des Etats-Unis » qui rejettent « les tentatives de renverser l’ordre constitutionnel ».

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