Bonnes feuilles. Sarkozy interpelle Macron sur son « tropisme algérien »

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Dans son nouveau livre « Le Temps des Combats » sorti le 22 août et déjà en tête des ventes, l’ex-président français, Nicolas Sarkozy, consacre un long chapitre au Maroc, qu’il qualifie de « pays frère », mais également à Emmanuel Macron et l’Algérie.

L’ancien chef d’Etat français a dit tout le bien qu’il pense du royaume dans son dernier opus, paru aux éditions Fayard. Il n’a pas non plus tari d’éloges à l’adresse du Roi Mohammed VI, « un homme de large culture et d’une finesse intellectuelle éblouissante ».

« Une grande puissance africaine »

Amoureux du royaume qu’il a visité moult fois, Sarkozy écrit que « le Maroc est un pays frère. C’est un égal de la France qui doit désormais être considéré comme tel. Le royaume est devenu une grande puissance africaine. Ses entrepreneurs, ses intellectuels, ses artistes, ses élites n’ont plus rien à envier aux nôtres ».

Pour lui, « des trois nations d’Afrique du Nord, elle est celle qui nous est la plus proche. La seule aussi qui a su digérer pacifiquement notre passé commun sans en éprouver la moindre amertume ou le plus petit ressentiment. La différence avec l’Algérie est saisissante. Il n’y eut pas de guerre entre nos deux pays. Cela compte dans notre histoire commune ».

« Un grand souverain »

Peignant à sa façon le portrait du Roi, Sarkozy, qui fut président de la république française de 2007 à 2012, affirme que Mohammed VI « restera dans l’histoire comme l’un des plus grands souverains marocains. Son héritage sera même plus fécond que celui de son père ».

Il dit se souvenir « du scepticisme et même de la commisération qui suivit son avènement au plus haut niveau de notre classe dirigeante du milieu des années 1980. Ces propos d’alors paraissent bien dérisoires quand on mesure le chemin qu’il a fait parcourir à son pays ».

« Un peuple profondément généreux »

S’attardant sur la particularité du peuple marocain, Nicolas Sarkozy avoue qu’il a toujours ressenti cette proximité avec eux. « C’est un peuple hospitalier et profondément généreux. Même lorsqu’ils ont peu, ils sont toujours prêts à le partager, à ouvrir leur maison, à entamer la discussion, à offrir ce thé brûlant qui est leur boisson nationale ».

Sur la question de l’identité, l’ancien chef d’Etat français note que « Le Maroc a réussi son entrée dans le monde moderne sans brader son style de vie, ses traditions, son univers si particulier. Ce n’est pas aux Marocains que l’on a besoin d’expliquer l’importance de la sauvegarde d’une identité nationale. N’est sans doute pas né celui qui voudra la leur faire perdre ! La France doit chérir cette relation privilégiée. Elle doit la préserver, car elle ne va pas de soi. Les Marocains sont sensibles parfois jusqu’à la susceptibilité. Il faut y prendre garde, car la moindre maladresse, fût-elle non intentionnelle, peut avoir des conséquences fâcheuses ».

Mises en garde à Macron

Conscient et soucieux de la crise qui affecte depuis plus de deux ans les relations entre Paris et Rabat, Sarkozy relève que « le président de la République française doit avoir la sagesse de comprendre cette particularité et en tirer toutes les conséquences en matière protocolaire ».

Il explique dans ce sens que « Le roi Mohammed VI est un homme de large culture et d’une finesse intellectuelle éblouissante. Combien de fois ai-je été impressionné par sa capacité à anticiper les évènements et à garder le cap de sa vision pour le royaume ? Il sait être un ami à la fidélité de roc. Il montre rarement son agacement ou sa déception, mais il les ressent profondément. Ce n’est pas parce qu’il ne réagit pas à l’offense qu’il ne l’a pas comprise. La relation exige de la constance, du tact, de la fidélité. Elle demande aussi une certaine réserve. Le temps médiatique n’est pas le sien. Il a besoin d’être certain que ses propos ne seront pas exploités ou, pire, déformés par la presse ».

Pour l’ex-président français, Macron n’a pas toujours « su trouver les mots ou les gestes que les Marocains attendaient ».

« Tropisme algérien de Macron »

Dans une partie consacrée aux relations entre la France, le Maroc et l’Algérie, Sarkozy qualifie l’attitude d’Emmanuel Macron de « tropisme algérien » qui « lui procurera bien des déceptions ».

« C’est sans doute un point de désaccord qui existe entre nous. Je ne crois pas qu’il nous faille multiplier les initiatives auprès des dirigeants algériens dont la représentativité à l’intérieur de leur pays est aussi faible que la popularité. Plus nous essaierons de bâtir une amitié « artificielle », plus ils la refuseront. Ils ont besoin d’un adversaire pour détourner l’attention de leur peuple de l’échec patent dans lequel ils ont plongé ce pays magnifique, qui compte parmi les plus riches au monde du fait d’un sous-sol regorgeant de matières premières, spécialement dans le contexte énergétique que nous connaissons », écrit-il sans ambages.

Ces initiatives, dont Sarkozy dit comprendre les raisons et qui partent d’un bon sentiment, sont à ses yeux « vouées à l’échec ». « En outre, elles risquent de nous détourner du Maroc. Ce dernier est ulcéré de l’attitude de son voisin, qui lui a fermé ses frontières au nez depuis trente-deux ans ! À ce jeu-là, nous risquons de tout perdre. Nous ne gagnerons pas la confiance de l’Algérie et perdrons celle du Maroc. C’est un pari dangereux, de surcroît condamné d’avance ».

Marocanité du Sahara

Usant de termes on ne peut plus clairs, Sarkozy souligne dans son ouvrage que « la France devrait maintenant prendre clairement position en faveur de la marocanité du Sahara occidental ».

« Cette question est centrale pour les intérêts stratégiques du Maroc. Elle permettrait d’éviter une république sahraouie dont la solidité et la pérennité laissent tous les observateurs informés plus que perplexes. Savoir choisir ses amis, ne pas craindre d’encourir le courroux de ceux qui le sont moins, s’inscrire dans une perspective longue, s’appuyer sur l’histoire commune : telles devraient être les boussoles du président de la République. S’il est un domaine de la diplomatie française qui mériterait d’être revisité et amodié, c’est celui de notre engagement auprès de nos frères marocains », recommande-t-il.

Consterné de voir « la lente dégradation des relations franco-marocaines depuis une dizaine d’années », Sarkozy estime que « cette situation est d’abord la conséquence de l’entêtement de mes deux successeurs à vouloir à tout prix surjouer et surinvestir la relation avec l’Algérie. Il s’agit d’une erreur stratégique, car le pouvoir algérien, dont la légitimité démocratique est faible, a besoin d’un adversaire pour exister, et celui-ci ne peut être que la France, dont le passé colonial fait une cible facile ».

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