À Kénitra, une enseignante vient d’être suspendue par l’Agence pour les établissements français à l’étranger…
Mission française: des frais de scolarité en hausse et des parents d’élèves très remontés
Publié leL’annonce par l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE) d’une augmentation des frais de scolarité pour l’année scolaire 2024-2025 a suscité une vive réaction parmi les parents d’élèves des écoles françaises au Maroc. La réaction de Sanae Sentissi, porte-parole de l’Union des conseils de parents d’élèves explique la situation (UCPE).
Le manque de communication de l’AEFE a exacerbé le mécontentement des familles qui se retrouvent face à des coûts de plus en plus élevés sans voir d’améliorations correspondantes dans les infrastructures et la qualité de l’éducation.
Dans un communiqué, l’on apprend que l’UCPE, représentée par son président national, Moulay Driss El Alaoui, a fermement dénoncé ces augmentations lors du conseil d’administration de l’AEFE à Paris, le 11 mars 2024. Les revendications des parents sont claires : ils exigent une répartition plus équitable des charges financières avec l’État français, notamment dans les investissements immobiliers des établissements scolaires. Ils dénoncent également le retard dans la réalisation des projets d’infrastructures promis et la réduction de la qualité pédagogique due à des suppressions de postes et à des heures de cours non rattrapées.
Dans ce sens, l’Union a lancé une pétition en ligne qui a atteint plus de 2.100 signatures au jour d’aujourd’hui. Ainsi, les parents remettent en question la stratégie de l’AEFE “qui semble se focaliser sur le développement des établissements partenaires, perçu comme une marchandisation croissante de l’éducation”. Ils craignent que cela ne s’intensifie dans les années à venir, rendant l’éducation française inaccessible pour de nombreuses familles au Maroc.
Lire aussi: L’AEFE suspend une enseignante pour diffusion d’images «inappropriées»
Contactée par nos soins, Sanae Sentissi, porte-parole de l’UCPE nous a expliqué la situation que vivent les parents d’élèves. Selon elle, cette pétition “porte la voix solidaire des parents et a pour objectif de convaincre l’agence et les services de tutelle pour revenir sur cette décision unilatérale”.
Sentissi nous confirme que “malgré l’opposition de toutes les fédérations et associations de parents d’élèves, l’AEFE a entériné l’augmentation des frais de scolarité pour 2024-2025”. Elle avance également que “les familles s’opposent à ces décisions qui leur imposent de supporter seules, des charges financières, sans contrepartie d’amélioration tangible dans la remise à niveau des infrastructures et la qualité de l’enseignement”.
“Les parents d’élèves du pôle Casablanca/Mohammedia constatent le manque de visibilité sur les projets immobiliers. Les travaux promis tardent à se concrétiser et sont même gelés depuis quatre ans déjà. A ce jour, aucune date de lancement n’a été communiquée. A ce rythme, les familles vont quitter le système avant de voir leurs enfants profiter de ces réalisations”, ajoute-t-elle.
L’on apprend également qu’il s’agit en effet d’augmentations assez considérables. Pour les écoles de Casablanca et de Mohammedia, les hausses des frais seraient de 1.500 dirhams par an et de 2.700 dirhams par an pour les villes de Rabat et de Kenitra. “Ajoutant à cela les augmentations successives imposées par l’AEFE depuis des années”.
Lors de l’année scolaire 2018-2019, un élève marocain inscrit dans une école française de Casablanca devait payer 47.620 dirhams (annuel) pour une année de lycée. Pour le même niveau, les frais de scolarité passeront donc à 55.600 dirhams en 2024-2025. Quant aux droits de première inscription (DPI), ceux-ci passeront à 30.000 dirhams à Casablanca alors qu’ils étaient fixés à 15.000 dirhams/an.
Lire aussi: Lycée Lyautey: inscriptions ouvertes pour le BTS Commerce International
“L’agence pour l’enseignement français consulte régulièrement les fédérations de parents d’élèves pour tous les sujets. Sauf que les décisions sont prises unilatéralement. Une grande partie des frais de scolarité est consacrée à provisionner des projets immobiliers”, explique Sentissi.
Concernant les attentes, la porte-parole de l’UCPE affirme que les parents demandent la participation de l’État français dans ces investissements immobiliers. Car pour elle, “il est impératif que l’AEFE prenne des mesures concrètes pour mettre fin à cette spirale d’augmentations incontrôlées des droits d’entrée et des frais de scolarité”.
La même source indique que cette situation fragilise de plus en plus de familles dont les enfants sont scolarisés dans les établissements de l’AEFE. “Certaines familles marocaines n’ont plus d’autres choix que de déscolariser leurs enfants puisqu’ils peuvent plus prétendre à l’école publique au vu de l’incompatibilité des deux systèmes”, dit-elle.
“En tant que fédération représentant les parents d’élèves des écoles AEFE auprès des instances, l’UCPE/FCPE n’a pas cessé de transmettre les revendications et le ras-le-bol des familles mais sans aucun résultat. Un dialogue est certes en cours avec les fédérations , mais malheureusement les décisions vont dans un seul sens et l’avis des parents n’est jamais pris en compte”.
“Nous continuerons notre mobilisation. Nous userons de tous les moyens à notre disposition pour annuler ces augmentations. Notre communauté de parents est fermement décidée à utiliser toutes les voies légales possibles, même les plus extrêmes d’entre elles”, conclut Sanae Sentissi.