Maroc-Israël: que gagneraient Rabat et Tel-Aviv en normalisant leurs relations?

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Reconnaissance de la marocanité du Sahara par Israël: le roi Mohammed VI adresse un message au premier ministre Netanyahu
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En plus de profiter à la consolidation des liens entre les deux pays, la reconnaissance par Israël de la marocanité du Sahara serait porteuse d’avantages de taille pour l’Etat hébreu.

C’est ce qu’affirment les deux auteures d’une analyse de l’Institut d’études sur la sécurité nationale (INSS), un groupe de réflexion et de recherche affilié à l’Université de Tel Aviv, sur le contexte et les implications de cette décision.

L’INSS estime en effet que la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara pourrait offrir des avantages significatifs en renforçant les liens entre les deux pays et en faisant progresser les intérêts d’Israël dans des contextes plus larges. « Il est probable qu’Israël s’attende à recevoir certains avantages de cette démarche, compte tenu de son importance pour le Maroc », souligne-t-on.

En tête de liste des « récompenses » potentielles figure l’ouverture d’ambassades permanentes dans les deux pays, ce qui stimulerait considérablement les relations, tant sur le plan diplomatique que symbolique, indique le think tank israélien.

De l’avis des analystes de l’INSS, cette ouverture « pourrait être particulièrement importante étant donné les défis actuels auxquels Israël est confronté dans ses relations avec d’autres nations arabes avec lesquelles il a signé des traités de paix et de normalisation ».

La deuxième « récompense », qui est également mutuellement bénéfique, consisterait en des échanges de visites et de réunions au plus haut niveau politique et avec le roi Mohammed VI, une démarche qu’Israël a sollicitée à plusieurs reprises au cours des deux dernières années.

« La dernière rencontre officielle entre un roi du Maroc et un premier ministre israélien a eu lieu en juillet 1999, lorsque le premier ministre de l’époque, Ehud Barak, a assisté aux funérailles de feu Hassan II. Au cours de cette visite, Barak a rencontré le roi Mohammed VI, peu après son accession au trône », rappelle l’INSS, ajoutant qu’une « rencontre avec le roi, 25 ans plus tard, constituerait une étape politique importante pour Israël ».

La troisième « récompense » attendue, qui serait avantageuse pour les deux pays, concerne l’expansion des liens économiques. Une première étape qui pourrait être mise en œuvre relativement rapidement serait la signature du traité sur la protection des investissements, qui est en cours de négociation depuis environ deux ans, fait savoir le groupe de réflexion.

Lire aussi. Sahara: après la reconnaissance israélienne, Paris sous pression

« Ce traité offrirait des protections juridiques aux investisseurs israéliens au Maroc et pourrait faciliter l’accès à l’arbitrage international en cas de litiges d’investissement, à l’instar du traité d’investissement signé avec les Émirats arabes unis en 2021 », écrit l’INSS.

Le quatrième avantage potentiel, poursuit l’Institut israélien, se situe dans le domaine des relations multilatérales, sous la forme d’un soutien marocain à Israël dans les forums internationaux et d’une aide à l’élargissement du cercle de normalisation.

« L’assistance diplomatique dans ses relations avec les pays d’Afrique subsaharienne, en particulier ceux de la partie occidentale du continent, où le Maroc exerce une influence politique ainsi qu’une présence commerciale et financière significative, est encore plus cruciale », fait valoir l’Institut.

En revanche, l’INSS constate que des milieux israéliens craignent que le Maroc ne respecte pas sa part de l’accord, ou que les mesures prises s’avèrent temporaires et réversibles. « Cette appréhension découle des considérations intérieures et interarabes du Maroc, en particulier de son engagement de longue date en faveur de la question palestinienne, qui jouit d’une grande popularité au Maroc et dans l’ensemble du monde arabe », souligne-t-on.

Force est de constater également qu’il est plausible que la politique israélienne d’extension de son contrôle en Cisjordanie, associée à l’incapacité probable du gouvernement israélien à progresser vers la résolution de la question palestinienne, puisse poser des défis au Maroc dans la promotion des relations avec des actions de taille, telles que l’inauguration d’une ambassade israélienne à Rabat, indique l’INSS.

« De telles mesures pourraient amplifier les critiques existantes vis-à-vis des relations israélo-marocaines, qui se font déjà entendre dans certains milieux », conclut le cercle de réflexion.

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