L’écrasante majorité des employé(e)s de maison encore non-déclarées

Publié le
H24Info.ma,info maroc,Actu Maroc,Actualité,Actualité Maroc,Employés domestiques,employées de maison,CNSS,protection sociale,Ministère de l'emploi
DR.

Des salaires trop bas, peu de respect de la législation du travail et une protection sociale quasi inexistante… Au Maroc, les employées de maison travaillent encore dans des conditions opaques. 

Au Maroc, le secteur des employées de maison n’est pas encore structuré. La plupart des travailleurs dits « domestiques » sont des femmes et la majorité d’entre elles ne sont pas déclarées à la sécurité sociale. Ce sont quelques-unes des conclusions d’une nouvelle étude sur l’emploi domestique au Maroc, présentée mardi à Casablanca.

Elle a été réalisée par la Confédération démocratique du travail (CDT), en partenariat avec le Centre d’études et de recherches en sciences sociales (CERSS) et l’Institut syndical de coopération international au développement (ISCOD), avec l’appui du gouvernement de la communauté autonome de La Rioja, en Espagne. C’est le chercheur Abderrahmane Mouline du CERSS qui a travaillé sur l’étude.

Lire aussi: Département de l’Emploi: un budget de plus de 1 MMDH en 2022 (ministre)

Près de 540 travailleuses et travailleurs domestiques, employeurs ont été sondés dans les villes de Casablanca, Rabat et Tanger, en aout 2021. L’objectif étant de faire un état des lieux sur l’emploi domestique au Maroc. Le but est aussi d’élaborer une stratégie d’intervention intégrée pour l’organisation et l’amélioration des conditions de travail de cette catégorie au Maroc, lit-on dans une note d’information.

Dans l’informel

« L’étude vise le renforcement de la protection sociale des employés domestiques. Dans ce contexte, il y a la Convention n°189 sur les travailleuses et travailleurs domestiques de l’Organisation internationale du travail, qui n’a toujours pas été ratifiée par le Maroc. C’est notre base de travail. A la CDT, nous avons comme stratégie l’organisation syndicale du secteur informel autant que possible pour qu’il soit intégré dans le formel », nous explique Nadia Soubat, coordinatrice de l’étude pour la CDT.

Selon l’étude, le Maroc ne dispose pas aujourd’hui de données précises sur les travailleurs domestiques. Certains chiffres officiels font état de 200.000 travailleurs domestiques dont 90% seraient des femmes.

Il en ressort aussi que l’emploi domestique au Maroc est caractérisé par « la faiblesse de la rémunération, le non-respect de la législation du travail, elle-même jugée insuffisante, et une protection sociale limitée. D’autre part, l’emploi domestique au Maroc est un secteur très peu valorisé, non organisé ou très peu organisé. Ceci dit, il n’en reste pas moins que ce n’est pas un contexte qui stagne, il se transforme, à un rythme certes lent, au cours du temps ».

Pourtant, la loi 19-12 sur les travailleuses et travailleurs domestiques, adoptée en 2016 par les deux chambres du Parlement, est entrée en vigueur en octobre 2018. Elle « devrait à priori donner à des centaines de milliers de travailleuses et travailleurs domestiques des protections sociales desquelles ils ont longtemps été privés. Néanmoins, trois ans après sa rentrée en vigueur, et malgré ses lacunes, son application semble très loin des objectifs escomptés », déplore-t-on.

4.523 travailleurs déclarés sur 200.000

A fin août 2021, seulement 4523 travailleuses et travailleurs domestiques étaient déclarés à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). « La complexité de la formalisation est due même à la complexité des profils travailleuses et travailleurs domestiques. Il n’en existe pas un seul mais plusieurs », relève Abderrahmane Mouline, joint par H24 Info.

Il explique que « s’il y avait un seul profil, celui de la femme de ménage qui travaille régulièrement chez un employeur, les acteurs concernés peuvent rapidement trouver des solutions pour améliorer leurs conditions. « Aujourd’hui, il y a ceux qui travaillent à plein temps chez un même employeur, et d’autres qui travaillent chez plusieurs employeurs en même temps.. Ces derniers sont les plus nombreux. Le problème ne se pose pas pour ceux qui travaillent avec seulement deux ou trois ménages réguliers. La CNSS donne la possibilité à chacun d’eux de les déclarer par exemple pendant une semaine chaque mois ».

« Le rythme est très faible et la plupart des personnes qui inscrivent leurs employés de maison sont des étrangers. Les ambassades sont très impliquées et encouragent leurs ressortissants à déclarer ces personnes là. C’est le cas par exemple de l’ambassade de France qui explique sur son site les démarches à suivre pour inscrire ces employés dans la sécurité sociale », nous fait savoir Nadia Soubat, membre du bureau exécutif de la CDT. Selon elle, l’ambassade d’Espagne essaie aussi de sensibiliser

Côté marocain, le ministère de l’Inclusion économique, de la petite entreprise, de l’emploi et des compétences travaille était représenté à la conférence de présentation de l’étude. « Nous avons invité la délégation du ministère dans les trois villes concernées, il y a eu une forte présence de la délégation de Casablanca. L’Observatoire de l’emploi qui dépend aussi du ministère était mobilisé, les représentants de la CNSS aussi. Je pense que tout le monde a intérêt à ce que ça fonctionne. Et pour ça, il faut mettre les moyens », souligne notre interlocutrice. La version finale de l’étude sera présentée dans un mois.

La rédaction vous conseille

Les titres du matinNewsletter

Tous les jours

Recevez chaque matin, l'actualité du jour : politique, international, société...

L’écrasante majorité des employé(e)s de maison encore non-déclarées

S'ABONNER
Partager
S'abonner