Gaza: Israël persiste dans son plan d’attaque sur Rafah

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Bombardements israéliens sur Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 14 février 2024 © SAID KHATIB / AFP

Israël persiste dans son projet d’offensive à grande échelle à Rafah, où se terrent plus d’un million de Palestiniens, malgré des mises en garde internationales encore redoublées jeudi et des tractations en arrière-plan pour une trêve à Gaza avec le Hamas. 

Israël a par ailleurs lancé mercredi des frappes dans le sud du Liban qui au fait au moins neuf morts, selon des sources libanaises, en représailles à des tirs qui ont tué une soldate, faisant de nouveau craindre une contagion régionale de la guerre entre Israël et le Hamas palestinien, au pouvoir à Gaza.

Le chef d’état-major israélien, Herzi Halevi, en visite dans le nord du pays, a menacé d’une « campagne très offensive » au Liban, après quatre mois d’échanges de tirs entre l’armée israélienne et le Hezbollah chiite libanais, soutenu par l’Iran, qui appuie également le Hamas.

« Nous combattrons jusqu’à la victoire complète, ce qui implique une action puissante à Rafah et ce, après avoir permis à la population civile de quitter les zones de combat », a déclaré mercredi le Premier ministre Benjamin Netanyahu sur son compte Telegram.

Les violences se concentrent actuellement sur le sud de la bande de Gaza assiégée et dévastée, en particulier la ville de Khan Younès, où des milliers de déplacés ont trouvé abri dans l’hôpital Nasser, encerclé par l’armée israélienne, et Rafah, à la frontière avec l’Egypte, qui reste fermée.

Environ 1,4 million de personnes, selon l’ONU, soit plus de la moitié de la population de Gaza, dont beaucoup déplacées à plusieurs reprises par la guerre, s’entassent à Rafah, transformée en un gigantesque campement, dans l’angoisse de l’offensive annoncée depuis plusieurs jours par Benjamin Netanyahu.

Après les Etats-Unis, principal allié d’Israël, qui disent s’opposer à une offensive sur Rafah sans « garanties » pour la sécurité des civils, l’Australie, le Canada et la Nouvelle-Zélande ont mis en garde jeudi le gouvernement Netanyahu en garde contre une opération « catastrophique » à Rafah.

« Il n’y a tout simplement nulle part où aller » pour les quelque 1,5 millions de Palestiniens bloqués à la frontière, soulignent ces trois pays du Commonwealth, exhortant le Premier ministre israélien à « ne pas s’engager dans cette voie ».

Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas a fait état jeudi d’un bilan de 107 morts, « en majorité des femmes et des enfants », au cours de la nuit dans des attaques israéliennes.

Une personne a été tuée et plusieurs ont été blessées par des bombardements sur le département d’orthopédie de l’hôpital Nasser à Khan Younès, a indiqué le ministère.

« Nulle part où aller »

« Mon mari et mon fils Mohammad sont partis hier (mercredi) avec des milliers de personnes mais je ne sais pas ce qu’ils sont devenus, nous avons perdu le contact », a témoigné auprès de l’AFP une déplacée à l’hôpital Nasser, Jamila Zidane, 43 ans, de Khouzaa, une localité située plus à l’est.

« Nous avons peur », confie-t-elle, restée dans l’établissement avec ses six filles par crainte de ce qui les attend à l’extérieur. « Depuis plusieurs jours, nous n’avons plus de nourriture et nous buvons de l’eau souillée », ajoute-t-elle.

Les négociations en vue d’une trêve incluant de nouvelles libérations d’otages du Hamas, au pouvoir à Gaza, et de Palestiniens détenus par Israël se poursuivent néanmoins en parallèle au Caire, sous médiation du Qatar et de l’Egypte.

Après une réunion mardi au Caire à laquelle participaient le chef du Mossad, les services secrets israéliens, David Barnea, le directeur de la CIA, William Burns, le Premier ministre du Qatar, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, et des responsables égyptiens, ces tractations devaient se poursuivre jusqu’à vendredi.

Une délégation du Hamas, selon une source du mouvement, était attendue mercredi au Caire pour rencontrer des responsables qataris et égyptiens.

Le Premier ministre israélien a évoqué dans un communiqué « des exigences délirantes du Hamas » qui bloqueraient les négociations, sans autre précision.

Le président palestinien Mahmoud Abbas, dont l’Autorité gouverne les zones autonomes de Cisjordanie, mais plus la bande de Gaza dont le Hamas l’a chassée en 2007, a appelé mercredi le mouvement islamiste à conclure « rapidement » un accord de trêve, notamment pour « éviter une attaque » sur Rafah qui ferait « des milliers de victimes ».

Lire aussi. 289 Marocains évacués de Gaza se retrouvent coincés en Egypte

Selon Israël, 130 otages sont encore détenus à Gaza, dont 29 seraient morts, sur environ 250 personnes enlevées le 7 octobre. Une trêve d’une semaine en novembre avait permis la libération de 105 otages et de 240 Palestiniens détenus par Israël.

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a réitéré jeudi « son extrême inquiétude pour la vie et le bien-être des otages retenus à Gaza depuis plus de quatre mois ».

La guerre a été déclenchée par l’attaque menée le 7 octobre par des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d’Israël, qui a entraîné la mort de plus de 1.160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.

Israël a juré de « détruire » en représailles le Hamas, qu’il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l’Union européenne, et a lancé une offensive qui a fait 28.576 morts à Gaza, en grande majorité des civils, selon le dernier bilan global mercredi du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas.

Rafah est en outre le principal point d’entrée de l’aide humanitaire depuis l’Egypte, insuffisante pour répondre aux besoins d’une population menacée en plein hiver par la famine et les épidémies.

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a une nouvelle fois dénoncé mercredi la situation des hôpitaux de Gaza, « complètement submergés, débordés et insuffisamment approvisionnés ».

Le personnel doit procéder à des amputations, faute de moyens pour soigner les patients, a témoigné de Gaza le représentant local de l’OMS, Rik Peeperkorn.

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