Enseignement secondaire: rigidité, inégalités, compétences… Les mauvaises notes du Maroc

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Au Maroc, l’enseignement secondaire pâtit des inégalités entre les milieux rural et urbain, mais également des faibles résultats d’apprentissage des élèves. Selon un rapport de l’OCDE, le système éducatif marocain est jugé rigide et inégalitaire par une bonne partie du corps enseignement. 

Une fois de plus, le Maroc peut mieux faire. Selon un rapport intitulé « L’évaluation de la performance des établissements scolaires au Maroc », rendu publique par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), le Royaume a certes réalisé des progrès significatifs dans l’amélioration de la scolarisation dans l’enseignement secondaire, mais plusieurs lacunes subsistent encore. Le taux d’abandon dans le secondaire reste notamment élevé, en particulier dans les zones rurales, note le rapport qui rappelle que de nombreux élèves ne maîtrisent pas les compétences fondamentales en lecture, sciences et mathématiques.

Les élèves du secondaire marocains figurent parmi les moins performants des pays couverts par l’enquête du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) de 2018, bien en dessous de la moyenne de l’OCDE et également en dessous des autres pays de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA). Et les problèmes d’apprentissage sont particulièrement marqués pour les élèves des établissements ruraux qui ont obtenu, en moyenne, des résultats inférieurs à ceux scolarisés en zone urbaine.

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Selon le rapport, les inégalités se cumulent tout au long de la scolarité, mais s’aggravent dès le secondaire. « Contrairement aux écoles primaires, les établissements secondaires sont majoritairement situés en milieu urbain, avec des conditions d’enseignement contrastées selon cette territorialisation« , constate l’OCDE.

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D’autres facteurs semblent également compromettre l’apprentissage. Il s’agit, selon le rapport, du manque de remédiation dans les établissements, de la difficulté à mettre en place une différenciation des apprentissages, ou encore des curricula (programme scolaire) très rigides. L’organisme relève en plus que « des établissements trop peu centrés sur les apprenants apparaissent comme des facteurs explicatifs importants« . S’y ajoutent le redoublement et le décrochage scolaire qui amènent de nombreux élèves à quitter les établissements.

L’OCDE déplore surtout une politique d’enseignement trop rigide qui ne prend pas en compte les spécifiés régionales, encore moins les besoins des élèves. Selon le rapport, les établissements secondaires ne disposent en effet d’aucune flexibilité en matière d’enseignement.

« Au Maroc, les établissements scolaires doivent appliquer les curricula et les programmes scolaires décidés au niveau central, par la direction des curricula du ministère de l’Éducation. Bien que les écoles soient officiellement responsables de la définition de 15% du curriculum enseigné, cette prérogative, introduite pour prendre en compte les spécificités régionales, reste difficile à respecter, en raison d’un manque de capacités pédagogiques au niveau des écoles, ainsi que l’absence d’orientations claires des autorités centrales« , explique-t-on.

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Les curricula paraissent ainsi dotés d’une certaine rigidité (séquençage des unités, nombre d’heures allouées à chaque unité du programme, etc.). Les enseignants n’ont pas la possibilité de les adapter aux besoins des élèves. L’OCDE révèle que lors d’un entretien mené par ses équipes avec un panel d’enseignants en juin 2021, ceux-ci ont exprimé le souhait de disposer davantage de liberté dans l’approche des curricula afin de pouvoir, par exemple, moduler le nombre d’heures par unité selon les capacités d’apprentissage des élèves.

Même son de cloche du côté des inspecteurs pédagogiques interrogés par l’OCDE en juillet 2021. Ces derniers, qui apportent un accompagnement aux enseignants stagiaires et évaluent les performances des enseignants, y compris à des fins de formation et de promotion, estimaient que cette rigidité limitait la mise en place par les enseignants d’une approche plus individualisée envers les élèves.

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