Rapport. Harcèlement sexuel, violences… le tableau noir de l’école marocaine

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Le ministre de l'Education nationale, du Préscolaire et des Sports, Chakib Benmoussa
Le ministre de l'Education nationale, du Préscolaire et des Sports, Chakib Benmoussa ©DR

Harcèlement moral, violences physiques, agressions sexuelles et efforts insuffisants de la part des responsables…, voici les faits alarmants du dernier rapport de Conseil Supérieur de l’Éducation, de la Formation et de la Recherche Scientifique (CSEFRS).

Au Maroc, «le problème majeur réside dans les agressions mineures à grande fréquence plus que dans une violence dure. Ces faits mineurs peuvent paraître en grande partie sans gravité, et qu’il ne faudrait pas dramatiser tout conflit dans un groupe d’élèves ou de jeunes. Ces violences mineures doivent pourtant être prises au sérieux, notamment en présence de récidive». C’est le constat inquiétant que vient de dévoiler le Conseil Supérieur de l’Éducation, de la Formation et de la Recherche Scientifique en partenariat avec l’UNICEF dans son dernier rapport, intitulé «Voilences en milieu scolaire».

On y apprend par exemple qu’au primaire, «25,2% des élèves disent être frappés et 28,5% bousculés, dont respectivement 11,1% l’ont été à quatre reprises ou plus depuis la rentrée scolaire et 10,6% ont affirmé avoir souvent été bousculés». Le plus inquiétant c’est que 47,8% des élèves affirment avoir été frappés au sein des établissements par une maîtresse et/ou un maître.

Ce document révèle que 14,4% des élèves du primaire ont déclaré connaître un élève qui a subi du harcèlement sexuel, 3,7% ont affirmé qu’ils en connaissent deux, 3% en connaissent plus que trois et 78,8% ne connaissent personne.

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Source : INE-CSEFRS, Enquête sur la violence en milieu scolaire 2021.

Selon ces élèves témoins du harcèlement sexuel, 57,2% d’entre eux ont déclaré que les principaux auteurs sont généralement des garçons de leurs écoles, 23,3% de ces élèves ont dit que les auteurs sont des filles de leurs écoles, 18,8% confirment que ce sont des intrus, 9,9% disent qu’ils sont des adultes travaillant dans l’établissement. Enfin, les maîtres et maîtresses ont été designés comme auteurs respectivement par 5,1% et 1,8% des élèves témoins.

Au secondaire, le rapport constate un phénomène de harcèlement devenue une «pratique quotidienne banalisée» sous forme de moqueries, de différents degrés, subies par 55,9 % des élèves. Les principaux auteurs des violences verbales et symboliques, insultes et moqueries notamment, sont les élèves, individuellement ou en groupe ; viennent ensuite les enseignants. En effet, 33,5% des élèves indiquent que l’auteur des moqueries n’était autre que l’enseignant lui-même.

Là aussi, les chiffres sur la violence sont alarmants puisque «25,3% des élèves déclarent avoir été frappés dont 6,5% l’ont subi au moins trois fois et 37,4% affirment avoir été bousculés dans l’intention de leur faire mal dont 10% l’ont vécu trois fois et plus».

Agressions sexuelles

Quels que soient le milieu ou le type d’enseignement secondaire, plus qu’un élève sur quatre a déclaré avoir été victime d’un harcèlement à caractère sexuel (25,4%). Ils sont également 24,4%, soit quasiment un quart, qui affirme être au courant d’un cas d’élève, fille ou garçon, victime d’un harcèlement à caractère sexuel et 8,9% qui indiquent être au courant de plus de trois cas. Pire encore, 20,4% des élèves du secondaire se disent avoir été harcelés par des enseignants.

«Il est également constaté que 18,7% et 5,5% des élèves témoins du harcèlement sexuel ont confirmé respectivement que les enseignants et les enseignantes sont les auteurs de ce harcèlement sexuel», poursuit le CSEFRS précisant que 22,2% des victimes desginent un employé de l’établissement scolaire.

Si le rapport loue les efforts législatifs en matière contre toute forme violence à l’école ainsi que la mise en place d’un protocole d’enquête du département de Chakib Benmoussa, il déplore un laisser aller général.  «Il y a des violences mises sur le compte de la normalité puisque considérées “banales”, telles que les insultes. Or, les insultes laissent des traces sur la psychologie de l’enfant qui en est victime», lit-on.

Le Conseil s’insurge du fait que peu de responsables signalent les actes de violence de peur que cela ne vienne entacher ou encore discriminer leur établissement. «Ainsi, certains actes de violence pourraient passer sous silence: parfois graves, et infligés aux élèves, tels que le châtiment corporel avec un tuyau ou plus grave encore, le harcèlement sexuel», déplore le rapport.

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