Élargissement du Conseil de sécurité de l’ONU: le Maroc, le meilleur candidat selon le géopolitologue El Yattioui

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Mohamed Badine El Yattioui, géopolitologue
Mohamed Badine El Yattioui, géopolitologue

Réforme oblige, les portes longtemps cadenassées du Conseil de sécurité de l’ONU s’ouvriront prochainement sur de nouveaux membres permanents. De par ses atouts et son poids sur le continent africain, le Maroc lorgne sérieusement ce siège aux atouts d’or réservé au happy few de la planète.

L’aspiration et l’intention du Maroc de devenir, prochainement, un membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, exprimée par le représentant permanent du royaume du Maroc auprès de l’ONU, Omar Hilale, a eu un large écho dans la presse nationale. Selon ses termes, le Maroc a la légitimité de briguer ce siège de membre permanent. Le royaume a certes plusieurs cordes à son arc, mais parviendra-t-il pour autant à l’emporter sur d’autres pays africains tout aussi ambitieux ?

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Joint par H24info, Mohamed Badine El Yattioui, professeur d’Etudes stratégiques au Collège de défense nationale des Emirats Arabes Unis (EAU) estime, de prime abord, que la réforme du Conseil de sécurité est « un serpent de mer« . Selon lui, « cela fait au moins vingt ans qu’on en parle, depuis que Koffi Annan était encore secrétaire général des Nations unies« .

Le Maroc, l’un des meilleurs, si ce n’est LE meilleur…

Le géopolitologue marocain et expert en relations internationales explique, à juste titre, qu’aujourd’hui, dans un contexte qui a totalement changé depuis la fin de la guerre froide et avec l’émergence, pendant les vingt dernières années, de pays comme l’Inde et le Brésil, qui ne sont pas membres permanents, l’organe exécutif de l’ONU « a une volonté de représentativité mais la question est de savoir comment y arriver ? Le fait de donner au moins deux membres à l’Afrique serait quelque chose de normal, comme il faudra en donner à l’Amérique latine et donner plus à l’Asie« .

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Au demeurant et dans le contexte actuel géopolitique actuel, le Maroc dispose, d’après El Yattioui, d’énormes avantages, au premier rang desquels l’on trouve « la stabilité, la politique étrangère ambitieuse développée ces dernières années par le Roi et le fait d’être un Etat millénaire« , en plus de la place de pôle de stabilité, dans une région qui ne l’est pas, et de pont entre l’Afrique et l’Europe dont jouit le Maroc, couplée avec sa qualité de pays à la fois arabe et africain.

« Tous ces éléments donnent au Maroc plusieurs avantages. Le fait d’être également un pays musulman, avec une histoire d’ouverture, de tolérance et de proximité avec à la fois les occidentaux et les pays du monde musulman dont il fait partie donne au Maroc un certain nombre d’avantages« , fait-il valoir.

Ces atouts étant dits et mis en avant, l’expert en RI affirme que « le Maroc serait pour l’Afrique l’un des meilleurs, si ce n’est le meilleur candidat« , notant que « face à lui il y aura très certainement l’Egypte, le Nigeria et l’Afrique du Sud« . Ces deux derniers pourraient représenter l’Afrique subsaharienne, tandis que le Maroc représenterait l’Afrique du Nord.

L’équation reste toutefois « très complexe »

Membres des BRICS, l’Egypte et l’Afrique du Sud pourraient toutefois avoir un petit avantage au moment du soutien international par les autres membres de cette organisation, fait remarquer El Yattioui, signalant cependant que le Maroc pourrait compter sur l’Arabie saoudite et les EAU, qui sont de nouveaux membres des BRICS, et qui entretiennent des rapports privilégiés avec le royaume.

De son avis, « dous sommes donc face à une équation très complexe et le Maroc devra faire la promotion de son rôle historique, de sa légitimité et de son rôle de pont, de porte d’entrée et de hub, notamment maintenant avec la nouvelle doctrine atlantique du royaume qui se développera dans les prochaines années« .

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Au sein de l’Union africaine (UA) également, « le royaume va devoir faire un gros lobbying parce que l’UA sera tenue de choisir ceux qui vont représenter l’organisation au niveau des Nations unies. C’est une compétition qui va être à la fois régionale, continentale et internationale« , précise le docteur en Sciences politiques de l’Université Jean Moulin Lyon 3.

Demeure, selon ses termes, la question de savoir est ce que l’on va doter ces nouveaux pays du droit de veto. « A ce moment-là, cela bloquerait de nouveau le fonctionnement. Plusieurs plans et propositions ont été faits ces dernières années par plusieurs experts et conseils des sages qui suggèrent de nouveaux membres permanents latino-américains, africains et asiatiques, mais sans le droit de veto« , rappelle-t-il.

Et de poursuivre, dans le même ordre d’idées, que « les cinq pays (Etats-Unis, Royaume-Uni, France, Russie, Chine, NDLR) qui ont le droit de veto refuseront tout nouveau membre permanent avec le droit de veto et cela aboutirait au final à trois catégories : les cinq permanents avec droit de veto, de nouveaux membres permanents sans droit de veto et des membres non-permanents qui n’auront bien évidemment pas le droit de veto« .

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