Descente aux enfers du Raja: une tragédie en cinq actes

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Le mythique club casablancais traverse l'une des pires crises de son histoire / AFP

C’est une certitude : le Raja peine à retrouver le chemin de la victoire. Une défense fragilisée, une ligne d’attaque en panne d’agressivité et un milieu de terrain inefficace, l’équipe casablancaise, jadis redoutable, n’est plus que l’ombre d’elle-même.  

 L’aigle vert a les ailes brisées. Affaibli, abattu, meurtri… Pourtant, il n’y a pas si longtemps, le club semblait être parfait, ou presque. Le Raja de Casablanca, le club qui a marqué l’histoire du football marocain, régnait en maître sur la scène footballistique arabe. En compétitions africaines, l’aigle vert déployait, majestueusement, ses ailes sur les cimes du football continental. Et malgré le rythme d’enfer imposé aux Verts, ils s’en sortaient avec les honneurs, s’offrant au passage une Coupe de la CAF. Aujourd’hui, la situation ubuesque du club interpelle. Quelles sont les raisons du malaise qui ronge le Raja ? Et comment le club envisage-t-il de sortir de l’impasse ?  Explications: 

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Acte I. Jour de gloire
Depuis 2021, c’est la descente aux enfers. Le Raja gagne la Coupe de la CAF, puis il peine à renouer avec ses plus belles heures. Une défense fragilisée, une ligne d’attaque en panne d’agressivité et un milieu de terrain inefficace, la machine rajaouie peine à se relancer. Et son élimination, samedi dernier, en quart de finale de la ligue des champions par Al Ahly a certes déçu, mais n’a surpris personne. Les Verts font pâle figure. Pour comprendre la crise que traverse l’équipe du Raja, il faut revenir en arrière et plus précisément en avril 2021, date de la démission du coach Jamal Sellami. Malgré un bilan positif, l’entraîneur a dû rendre son tablier, sous la pression des Ultras. Pourtant, le Raja a remporté le 12e championnat de son histoire. En plus, le coach national a démissionné au lendemain d’un succès en phase de poules de la Coupe de la CAF, remportée d’ailleurs quelques mois plus tard par les Verts. 

Acte II. Traversée du désert
Après le sacre africain, la joie a été de courte durée. A l’instar des autres grands favoris, le RCA a démarré la saison, timidement, avec des résultats fluctuants. Puis, plus rien ne tournait rond. L’équipe s’est montrée, au fil des matchs, incapable de vaincre, se contentant souvent du nul. La dégringolade comemnce! Le Raja vivra ensuite l’une des pires saisons de son histoire, marquée par l’instabilité aussi bien sur le terrain que dans les couloirs de l’enceinte Père-Jégo. 

Acte III. Les frères ennemis
Les luttes intestines ont longtemps divisé le Raja, mais jamais d’une telle intensité. Durant la saison 2021-2022, le jeu des chaises musicales a battu son record au sein du club : celui-ci a vu défilé trois présidents et quatre entraîneurs.  Sur fond de rivalité de clans, l’équipe du Raja a perdu de son éclat. Après le départ de Jawad Ziyat, le comité provisoire, dirigé par Rachid Andaloussi, a assuré l’intérim et pu maintenir le club à flot en période de Covid et post-confinement.

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En octobre, Anis Mahfoud prend les rênes du club. Ses choix en termes de dépenses, y compris et surtout durant le mercato, ne feront pas l’unanimité. L’homme claque la porte le 16 mai 2022 et convoque une AGE. Sur le terrain, l’instabilité règne aussi. Après le départ de Sellami en avril 2021, le choix se porte sur le Tunisien Lassaad Chabbi, débarqué en novembre pour mauvais rendement. Anis Mahfoud engage alors un Belge, inconnu au bataillon, Marc Wilmots. Au bout de cinq mois, il sera renvoyé, lui aussi (février 2022). Et c’est le retour de Rachid Taoussi, salué d’abord par le public, puis critiqué quelques semaines après. L’ancien sélectionneur national, lui aussi, fera long feu et quitte le navire en juin 2022. Un autre Tunisien prendra les commandes de l’équipe rajaouie. Il s’agit de Faouzi Benzarti, limogé au bout de trois mois seulement (juillet-septembre 2022). 

« Le terrain d’entraînement est dans un piteux état, l’académie est au point mort… »

Acte IV. Promesses et déceptions
Les Verts ont cru voir le bout du tunnel avec l’arrivée d’un homme providentiel en la personne d’Aziz El Badraoui. Candidat unique, il est élu à l’unanimité en juin 2022 et annonce une “nouvelle ère”. L’homme a le verbe facile et promet monts et merveille : le Raja a besoin de moyens pour se redresser et,” lui, président” mettra le paquet. Sauf qu’au fil du temps, rien ne change. Au contraire, la situation se dégrade davantage. “Le terrain d’entraînement est dans un piteux état, l’académie est au point mort et les joueurs se plaignent de plus en plus des retards de salaires et indemnités”, résume ce cadre du club. 

Acte V. Le bal des prétendants
La démission d’El Badraoui étant acceptée par le comité, la course à la présidence du Raja est désormais lancée. Le premier à manifester son intention à briguer un nouveau mandat n’est autre que l’ancien président, Mohamed Boudrika. Sauf qu’un éventuel retour du promoteur immobilier est mal perçu, voire décrié. “Aucun membre n’est prêt à soutenir sa candidature”, nous confie un ancien dirigeant du Raja. Pourtant, l’homme est tenace et peut se montrer convaincant. Du coup, d’éminentes personnalités rajaouies tentent de convaincre Jawad Ziyat de reprendre la direction du club. Cet ingénieur a quelques exploits à son tableau de chasse: il a réussi le passage au statut de société anonyme, avec la conservation de l’association Raja CA tout en redressant significativement les comptes du club. Sous sa direction, le club a renoué avec la gloire. 

« Aucun membre n’est prêt à soutenir sa candidature! »

Un troisième nom circule déjà. Il s’agit de l’ancien dirigeant de la FRMF, à l’époque de la mise à niveau du football marocain: Ahmed Ammor. Très respecté, l’homme reste jusqu’à présent président le plus titré du club avec 6 trophées ex-aequo avec Abdellah Ghallam. Sous sa direction, le Raja a remporté trois championnats (1999, 2000, 2001), une Ligue des champions (1999) et une Supercoupe d’Afrique et une Coupe afro-asiatique (1998) des clubs de football, une ancienne compétition, organisée par la CAF et la confédération asiatique. 

Verdict le 26 mai 2023, jour de la tenue de l’assemblée générale extraordinaire du club.  

 

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