BRICS: voici pourquoi l’Algérie a été recalée

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Le président algérien Abdelmajid Tebboune
Le président algérien Abdelmajid Tebboune ©AFP

Sans surprise, l’Algérie n’a pas été admise aux BRICS, dont le choix s’est porté sur six pays dont l’adhésion a été prévue depuis des mois déjà, compte tenu de leur poids économique.

C’est donc l’Iran, l’Argentine, l’Égypte, l’Éthiopie, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis qui feront leur entrée aux BRICS à compter du 1er janvier 2024. L’Algérie a été, quant à elle, éconduite malgré les promesses de son président Tebboune que le pays rejoindrait cette année ce bloc de pays émergents.

Le président algérien a, quelques jours auparavant, annoncé la couleur de cet échec en se contentant de dépêcher son ministre des Affaires étrangères au sommet de l’organisation à Johannesburg.

Outre les freins liés au PIB et à l’économie algérienne pâtissante qui dépend principalement de la manne pétrolière, certains médias attribuent ce rejet à un veto de l’Inde et à la non-adhésion de l’Algérie à l’Organisation mondiale de commerce (OMC), entre autres.

Faiblesse du tissu économique

Pour l’analyste en politique internationale, Moulay Hicham Mouatadid, que H24info a contacté, ce refus découle principalement des lacunes manifestes au sein du tissu économique algérien, reflétant une structuration socio-économique dépourvue de coordination et une dynamique commerciale peu harmonisée. La faiblesse de sa candidature s’explique également, selon lui, par le fait que le régime algérien en place a privilégié une approche davantage axée sur une idéologie politique préconçue, soutenue et instrumentalisée par son appareil médiatique.

« Cette approche vise à déformer la perception de sa plateforme économique au sein de sa population et auprès des BRICS », souligne-t-il, notant que cette orientation a indubitablement engendré une distorsion de l’image projetée, sapant la crédibilité du régime algérien non seulement auprès de ses citoyens, mais également sur la scène internationale.

L’adhésion repose sur le pragmatisme

L’ingérence de l’appareil militaire algérien dans cette démarche d’adhésion s’avère également significative, explique Mouatadid. Il relève à cet effet que « la tentative de capitaliser sur son appartenance à la zone d’influence régionale de la Russie pour faciliter l’intégration au sein des BRICS démontre une compréhension tronquée de la réalité de ces groupes d’envergure ».

Pourquoi les BRICS rejettent-ils l’entrée de l’Algérie?

Les mécanismes d’adhésion reposent en effet sur des principes de Realpolitik et de pragmatisme économique, reléguant en périphérie les calculs tactiques superficiels qui semblent préoccuper le milieu militaire et politique algérien, fait savoir le politologue.

Mouatadid précise, en conclusion, que le rejet de la demande algérienne d’intégration aux BRICS résulte d’une conjonction complexe de facteurs. La faiblesse structurelle de l’économie algérienne, l’anarchie socio-économique et la désynchronisation de la dynamique commerciale ont contribué à l’opposition à cette initiative.

« De plus, la gestion déficiente de sa demande d’adhésion, caractérisée par une orientation idéologique au détriment du réalisme économique, a renforcé la désillusion du groupe BRICS à l’égard du régime algérien. Cette déconvenue diplomatique met en lumière les lacunes stratégiques du gouvernement en place, soulignant le besoin d’une approche plus pragmatique et équilibrée dans les relations internationales », dixit Mouatadid.

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