Pourquoi les BRICS rejettent-ils l’entrée de l’Algérie?

Publié le
brics
brics

Il y a quelques mois, le président algérien jurait que «l’année 2023 sera couronnée par l’adhésion de l’Algérie aux BRICS». Une affirmation convertie récemment en vœu pieux après un rejet cru, et l’annonce des cinq pays susceptibles de rejoindre prochainement le club hétéroclite.

La raison de cette fin de non recevoir gît, ostensiblement, dans les multiples apesanteurs économiques auxquelles se heurte la candidature algérienne qui augurent du chemin encore très long que l’Algérie doit traverser pour rêver d’une entrée au cénacle des BRICS.

« Les BRICS pourraient entériner l’entrée de cinq nouveaux pays lors du sommet organisé en août prochain en Afrique du Sud, aboutissant à un plan d’expansion en attente depuis un certain temps », soutient un membre du gouvernement indien.

Ce dernier a déclaré, il y a quelques jours au journal Business Standard, que sur les 25 pays qui souhaitent rejoindre l’organisation, et alors que l’entrée de l’Arabie saoudite est quasiment confirmée, les favoris sont l’Indonésie, les Émirats arabes unis, l’Égypte et l’Argentine.

Le PIB d’à peine 3.500 dollars par habitant de l’Algérie y est également pour beaucoup dans ce refus, au moment que l’Argentine possède un PIB par habitant de plus de 10.000 dollars.

Tombée comme un couperet en Algérie, la nouvelle du rejet a rencontré un mutisme de cimetière côté presse algérienne, dont seulement une poignée de médias électroniques comme Le Matin d’Algérie l’a diffusée. Ce dernier s’en est notamment fait l’écho en la qualifiant de « véritable camouflet pour le président Tebboune ».

Contacté à ce sujet par H24Info, le politologue Hicham Mouatadid relève que le rejet de la candidature du régime algérien aux BRICS explique les résultats négatifs du portrait économique de l’Algérie qui ne répondent aux critères minimums pour l’adhésion à ce club économique.

« L’absence d’une industrialisation concrète, la diversification économique très faible, la mise en place d’une politique de création d’emploi catastrophique et surtout des réformes économiques sans fondements politiques pragmatiques, sont entre autres les éléments évoqués pour rejeter la candidature de l’adhésion de l’Algérie aux BRICS », détaille-t-il.

Il ajoute que « la volonté du régime militaire et politique algérien de faire partie de ce club était fondée beaucoup plus sur une décision émotionnelle loin d’une prise de conscience sérieuse des exigences économique pragmatiques du BRICS, sa vision et ses valeurs macro et micro économiques ».

Les BRICS, poursuit l’expert en politique internationale, ont rapidement compris que le régime algérien tente de se positionner dans leur club en rentrant par la fenêtre politique mais sans atouts économiques pour passer par la grande porte. « Or, les exigences très rationnelles de ce groupe stratégique émergent ne tolèrent aucunement un privilège politique au détriment des standards économiques », dit-il.

Les décideurs algériens ont voulu se tailler une place politique sur la table des BRICS avec un appareil économique quasi-vulnérable très loin des engagements aux standards des pays émergents, fait remarquer Hicham Mouatadid.

« Pour peser sur la table des évaluations des membres juges des BRICS, le régime algérien doit oser de porter les lunettes du realpolitik et se détacher de sa psychologie politique émotionnelle afin qu’il puisse redresser son appareil économique et rejoindre les standards des pays émergents », conclut-il.

La rédaction vous conseille

Les titres du matinNewsletter

Tous les jours

Recevez chaque matin, l'actualité du jour : politique, international, société...

Pourquoi les BRICS rejettent-ils l’entrée de l’Algérie?

S'ABONNER
Partager
S'abonner