Immigration: l’Europe de l’Est verrouille ses portes

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(Photo Antonio RUIZ / AFP)

De la Pologne, à la Lituanie en passant par la Hongrie, l’Europe de l’Est, qui respire l’air de la liberté après l’effondrement du mur de Berlin en 1989, se barricade à nouveau en érigeant des fers barbelés voire des murs, pour se prémunir contre l’immigration venant de la Biélorussie, l’Ukraine et la Serbie.

C’est la Hongrie du premier ministre nationaliste, Victor Orban qui a commencé la construction le long de la frontière avec la Serbie (175 KM), de deux palissades métalliques, hautes de 4 mètres et espacées de 6 mètres l’une de l’autre, couronnées d’une épaisse couche de barbelés.

Budapest, qui faisait la sourde oreille aux injonctions de l’Union Européenne, n’entendait pas laisser rentrer les migrants venant des Balkans suite aux guerres notamment en Syrie et au Yémen.

Victor Orban est allé jusqu’à faire voter par le parlement, une loi stipulant que la simple entrée sur le territoire hongrois sans autorisation devient un crime passible de trois ans de prison.

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Aujourd’hui, ce sont la Lituanie et la Pologne, qui emboitent le pas à la Hongrie en érigeant des barrières anti-migrants à la frontière avec la Biélorusse.

Les gouvernements lituanien et polonais accusent ouvertement le régime du président Biélorusse, Alexandre Loukachenko de faciliter le transit de migrants en représailles aux sanctions européennes, Bruxelles accusant Minsk de violation des droits de l’homme avec l’emprisonnement d’opposants au régime de Loukachenko et de nombreuses fraudes enregistrées lors des dernières élections dans cette ancienne république soviétique.

Vilnius et Varsovie, veulent empêcher l’entrée sur leurs territoires respectifs de migrants qui transitent par la Biélorussie, tandis que la situation humanitaire continue de se détériorer à la frontière orientale de l’Union européenne.

Outre la Hongrie, la Lituanie et la Pologne, ce sont également l’Autriche, la Bulgarie, Chypre, la Tchéquie, le Danemark, l’Estonie, la Lettonie, la Slovaquie et la Grèce, qui non seulement ferment hermétiquement leurs frontières respectives à l’immigration, mais demandent aussi à l’Union Européenne de financer l’installation des barrières en fer barbelés, hautes de 4 voire 6 mètres d’hauteur. Bruxelles rejette l’idée de financement de clôtures aux frontières de ces pays, arguant de l’existence d’autres priorités pour l’Europe.

Dans une déclaration à la presse, la commissaire européenne aux affaires intérieures, Ylva Johansson a affirmé qu’elle n’était pas contre la construction de ces clôtures, « mais quant à savoir si on devrait utiliser les fonds européens qui sont limités, pour financer la construction de clôtures à la place d’autres choses tout aussi importantes, c’est une autre question », a-t-elle affirmé.

Le rejet de financement de la construction des clôtures n’a pas empêché la Pologne de poursuivre les travaux de réalisation des barricades car la question migratoire agite particulièrement le gouvernement polonais ultraconservateur.

Leader du parti au pouvoir en Pologne, le vice-premier ministre Jaroslaw Kaczynski, qui préside aussi la commission des affaires de sécurité nationale et de défense, a confirmé la construction d’une barrière permanente le long de la frontière polono-biélorusse.

«Nous avons discuté des décisions déjà prises, y compris dans le domaine financier, pour construire une barrière forte. Le genre de barrières qu’il est très difficile de franchir. L’expérience européenne et celle de plusieurs pays, par exemple la Hongrie et la Grèce, montre que c’est la seule méthode efficace », a-t-il précisé.

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La Pologne a débuté les travaux en août dernier et des barbelés ont déjà été tirés sur des sections sensibles de la frontière polono-biélorusse. Lorsqu’elle aura atteint son terme, la barrière fera 180 kilomètres de long et plus de deux mètres de hauteur.

Idem pour la Lituanie, cet autre pays frontalier de la Biélorussie, qui a aussi déroulé les barbelés et alloué 152 millions d’euros pour la construction d’une barrière de quatre mètres de hauteur sur 150 KM, qui devra être prête en septembre 2022.

Très peu satisfait de la clôture en construction à la frontière avec la Biélorussie, le gouvernement ultraconservateur polonais a réagi par la manière forte à la pression migratoire sur ses frontières en déployant plusieurs milliers de soldats pour prêter main-forte aux gardes-frontières, rapportent des journaux polonais.

Pour durcir la politique migratoire, le Sénat polonais a adopté le 8 octobre dernier un amendement qui autorise l’expulsion immédiate des étrangers interpellés après avoir franchi la frontière sans examiner leur demande de protection internationale.

Ainsi, l’Europe orientale qui attend des solutions de la part de Bruxelles se barricade, chaque État cherchant sa voie faute d’une politique de migration et d’asile commune. L’Europe de l’Est, qui n’a pas une tradition d’accueil de migrants ni de demandes d’asile, ferme ainsi les portes aux migrants alors que le nouveau flux migratoire est loin d’égaler celui de 2015 via la route des Balkans.1580918023

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