Arrêt des pluies: les céréales et les légumineuses trinquent
Publié leLes températures affichées par le thermomètre ces derniers mois, l’arrêt brutal des pluies et la hausse de la demande climatique des cultures installées font que le besoin en eau s’accroît.
Les agriculteurs ont tout préparé pour démarrer la campagne agricole en cours et assurer sa réussite, or cet arrêt précoce de pluies suscite des craintes et inquiétudes qui commencent à prendre place dans les esprits des cultivateurs. Toutefois, l’espoir n’est pas totalement éteint.
Face à ce faux-bond de pluies, les professionnels du monde agricole scrutent le ciel dans l’espoir de pluies salvatrices dans les prochains jours. « Nous attendons impatiemment et nerveusement des pluies pour pouvoir semer nos terres. Il faut qu’il pleuve avant que la situation s’empire et tout ce que je peux faire pour le moment, c’est de prier Dieu », s’écrie Souleymane, un propriétaire de plusieurs hectares à Sidi Khdim aux environs de Bouznika et dont la tension monte d’un cran.
Contacté par la MAP pour mieux expliquer cette situation, Abderrahman Naili, qui est à la tête de la direction régionale de l’agriculture de Casablanca-Settat (DRA-CS), a relevé que le cumul des pluies insuffisant et l’arrêt des pluies conjugué avec la hausse des températures affichées dernièrement, commence à être constaté sur les parcours, surtout au niveau des zones bours (pluviales) qui dépendent uniquement des pluies. Cependant, au niveau des zones irriguées que ce soit par la grande hydraulique ou par pompage, « la situation n’est pas encore alarmante », affirmant qu’une augmentation des aliments de bétail est constatée au niveau du marché (souks).
A ce jour, a-t-il précisé, les cultures les plus affectées par le déficit ou manque de pluie sont principalement les céréales et les légumineuses qui sont installées par les agriculteurs dans les zones bours (pluviales) car au niveau de ces zones ces cultures dépendent uniquement des pluies. « Les conditions climatiques difficiles dans ces zones pluviales avec une pluviométrie faible engendrant une baisse des productions pastorales et fourragères ainsi qu’une insuffisance des productions céréalières et résidus », a-t-il expliqué.
Selon la conjoncture du mois de février 2020, la campagne agricole 2019/2020 connaît un déficit pluviométrique au niveau de la région Casablanca-Settat à l’instar des autres régions du Royaume, avec un couvert végétal en situation moyenne et une fluctuation constatée entre les zones irriguées et les zones bours ou pluviales, a-t-il souligné.
S’agissant du cumul pluviométrique de la campagne actuelle, Naili a soulevé que celui-ci s’est situé, au 28 février 2020, à 132 mm, soit un déficit enregistré de 78% et de 104% respectivement par rapport à la campagne précédente et par rapport à une campagne normale enregistrée lors de la même période.
Pour ce qui est des mesures prises pour atténuer les effets de ce déficit pluviométrique que connait la campagne agricole, Naili a précisé, à cet égard, que le ministère de l’Agriculture, de la Pêche Maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts prévoit « un programme de lutte contre les effets du retard des pluies » dont la sauvegarde du cheptel est sa première priorité.
« L’opération de distribution de l’orge subventionnée est une des principales opérations de la composante sauvegarde du cheptel, elle vise l’approvisionnement des éleveurs en quantité suffisante d’orge et aussi la stabilisation des prix à des niveaux accessibles aux éleveurs », a t-il fait savoir, ajoutant que la création des points d’eau pour l’abreuvement du cheptel est prévue également.
Concernant les cultures, a-t-il dit, les agriculteurs qui ont prescrit une police d’assurance avec la MAMDA (Mutuelle agricole marocaine d’assurance) pour assurer leurs cultures notamment céréalières contre les aléas climatiques, à savoir le manque de pluies (sécheresse), ils bénéficieront d’une indemnisation selon l’état de la culture suite au manque de pluie et selon la zone, notant que « chaque campagne agricole, une superficie de plus d’un million d’hectares du Royaume est assurée par les agriculteurs au niveau de la MAMDA pour faire face aux aléas climatiques qui peuvent survenir à savoir la sécheresse, grêle, inondations ».
De même, la direction régionale de l’agriculture Casablanca-Settat, la MAMDA ainsi que les autres partenaires organisent en début de chaque campagne agricole des campagnes de communication et de sensibilisation pour inciter les agriculteurs à assurer leur cultures contre les aléas climatique.
Parmi les mesures prises par le ministère également, la subvention des semences certifiées (Blé tendre: 175 Dhs/ql; Blé du : 195 Dhs/ql ; Orge : 345 Dhs/ql), la poursuite d’assurance agricole des céréales, légumineuses, les cultures oléagineuses et les arbres fruitiers, le financement du secteur agricole et de l’industrie agro-alimentaire, la poursuite de l’opération Boudour avec le Crédit Agricole et la poursuite de l’encadrement et du conseil agricole.
Il s’agit également de la poursuite de la protection sanitaire des végétaux, du contrôle de la sécurité sanitaire des animaux, des végétaux et des produits alimentaires dans la région et l’organisation des journées de sensibilisation.
Au niveau de la région de Casablanca-Settat, Naili a relevé que la direction régionale de l’agriculture, en collaboration avec ses partenaires, suit de près l’évolution de cette campagne agricole tout en restant à l’écoute des agriculteurs de la région, notant qu’une attention particulière est donnée aux projets d’économie de l’eau d’irrigation pour la bonne gestion de la demande en eau d’irrigation et la valorisation de l’eau notamment dans le secteur agricole, suite au programme prioritaire national d’approvisionnement en eau potable et d’irrigation 2020–2027.
Soulignant l’importance de la communication et la sensibilisation en vue de renforcer la conscience liée à l’importance de la préservation des ressources en eau et la rationalisation de son utilisation, le directeur régional a mis également l’accent sur la poursuite de la réalisation des projets lancés dans le cadre du Plan Maroc Vert et l’incitation de l’investissement des agriculteurs dans le cadre du Fond du Développement Agricole (FDA).