Vidéos. Démolition des cabanons à Dahomey: le cri du cœur des propriétaires

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Cabanon partiellement rasé à la plage de Dahomey.
Cabanon partiellement rasé à la plage de Dahomey. ©DR

La destruction des cabanons de la plage de Dahomey, sise à quelques encablures de Bouznika, et qui a démarré mardi 16 janvier 2024, continue de susciter le « désarroi » des habitants. Les témoignages recueillis par H24info évoquent un état de choc et d’incompréhension chez la plupart des cabanoniers.

La démolition par les autorités, au moyen de tractopelles et de bulldozers, des terrasses et des cabanons dits « illégaux » de la plage de Dahomey s’est poursuivie jusqu’à samedi dernier et a concerné une centaine de constructions. Intervenue sans préavis, la décision a été mal perçue par les résidents, qui demandent des explications et qu’ils soient traités comme des « citoyens ».

Alerte à Dahomey 

Un cabanonier installé à Dahomey depuis plus de douze ans a déclaré, sous couvert de l’anonymat, n’avoir « reçu aucun préavis, aucun avertissement, jusqu’à ce qu’on nous informe en catastrophe qu’ils ont commencé à détruire des cabanons« .

« Nous sommes allés à la préfecture pour rencontrer le gouverneur mais nous n’avons a pas été reçus et ce après trois heures et demie d’attente« , se désole-t-il, confessant que tout le monde est « dans la panique totale, parce qu’on sait pas quoi faire. Entre les gens qui disent il faut vider les cabanons, et ceux qui disent il faut pas les vider« .

Vendredi, les pelleteuses ont commencé à détruire partiellement des cabanons meublés avec nos effets personnels, fait-il savoir. « On est complètement choqués. On a fait des réunions avec nos avocats et tous les jours des centaines de messages sont échangés pour savoir comment peut-on défendre nos droits« .

« Bien que l’on soit sur le domaine maritime, on est quand même en droit de défendre nos effets personnels. On a investi pour préserver cet endroit et le garder aussi propre que possible. On a fait vivre un écosystème autour de ça aussi pendant des années. J’y suis installé depuis douze ans mais il y en a qui y sont depuis 30, 40 ou même 50 ans« , relève-t-il, ajoutant qu’il ne sait pas à qui s’adresser.

« Personne ne veut nous répondre. Il n’y a eu ni de mise en demeure, ni d’ordre de la préfecture ou de qui que ce soit qui nous montre une décision de justice. Rien ! Juste de la destruction aléatoire. Tel cabanon a été détruit et pas tel autre ! », regrette-t-il.

Interrogée sur le motif de ces destructions, la même personne répond qu’on « nous a tout dit. On nous a dit que tout le littoral marocain était concerné. On nous a parlé d’un projet touristique. On voit derrière en deuxième et troisième ligne des petits immeubles en construction en train de grossir et s’approcher de nous. Encore une fois, personne ne nous a donné d’information précise« .

« Traitement citoyen »

Anissa, résidente depuis 30 ans à Dahomey, explique qu’en dépit de l’autorisation temporaire, « on se sent appartenir à cette plage« .

Pour elle, « cela a été vraiment un choc violent. Même si l’on savait que les occupations du littoral sont éphémères, on a déjà eu gain de cause lors d’un procès. Il y a eu un appel qu’on a gagné. Pour nous, on avait toutes les raisons de pouvoir rester là. Et si on devait pas rester, on demande au moins que l’on soit traité comme des citoyens que nous sommes« .

« On a respecté la réglementation, la plage. Etre traités comme des non-citoyens, comme des parias. Venir et détruire quelque chose que nous avons bâti. C’est violent d’être dépossédés de cette manière sans aucune justification légale« , déplore-t-elle, ajoutant que « le Maroc est notre pays. Nous l’aimons. Nous le défendons. Et c’est encore plus violent à cause de l’incompréhension totale. Mes parents étaient là, mes enfants grandissent là…« .

Le Maroc n’est pas comme ça, poursuit Anissa. « C’est un pays où l’on a grandi en paix et en sécurité. On aime nos institutions et le développement. Malgré les difficultés, notre pays continue à se développer et on est pour ce développement, mais un développement citoyen. On veut que ces plages restent intègres. On ne veut pas que ça devienne des énièmes projets immobiliers qui ne correspondent pas à notre façon de vivre », réclame-t-elle.

A en croire d’autres témoignages, plus de 600 cabanons sont aujourd’hui menacés de destruction par les autorités.

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