Les centaines de prisonniers palestiniens qui observaient une grève de la faim depuis le 17…
Vidéos. Autour des prisonniers palestiniens libérés, liesse et feux d’artifice
Publié leDans l’obscurité de la nuit, les écrans de téléphone brillent: personne, en Cisjordanie occupée, ne veut rater l’arrivée triomphale des femmes et enfants palestiniens sortis vendredi des prisons israéliennes.
Au total, 39 prisonniers palestiniens ont retrouvé leur domicile, en vertu d’une trêve qui a permis en même temps la libération de 13 otages israéliens, enlevés le 7 octobre par le mouvement islamiste Hamas.
Sous les slogans, au milieu des feux d’artifice, dans une nuée de keffieh, de drapeaux palestiniens et des différents mouvements dont l’étendard vert du Hamas, les détenus libérés embrassent leurs familles et pleurent dans les bras de parents émus.
A Beitunia, des centaines de Palestiniens fêtent les « héros » enfermés « pour la liberté de tous les Palestiniens », lance un orateur dans un micro crachotant.
لحظة وصول حافلة الأسيرات الفلسطينيات المحررات بصفقة تبادل الأسرى pic.twitter.com/lbRIhH5CQH
— التلفزيون العربي (@AlarabyTV) November 24, 2023
La soirée avait pourtant commencé dans les cris: des soldats israéliens ont tiré des grenades lacrymogènes et le Croissant-Rouge palestinien a recensé au moins trois blessés par balles.
Plus au nord, à Balata, le remuant camp de réfugiés de Naplouse, la grande ville du nord de la Cisjordanie, la sortie « des héros » réjouit aussi la foule.
احتفالات الضفة بالاسيرات المحررات الليلة.
اللهم اجعلها آخر الأحزان واجعل الفرحة تعم غزة وتمسح الكآبة والحزن عن وجوه أهلها، واجعل هذه الهدنة نهاية الحرب والتقتيل بهم. #غزة_تنتصر#اتفاق_الهدنة #ابو_عبيدة pic.twitter.com/8ebkitZpQD— Maryame Mohammed ZRIRA (@RaMaryame) November 24, 2023
Mais personne, lance un orateur, n’oublie « nos frères qui résistent et qui tiennent bons à Gaza, à Jénine ». Cette ville de Cisjordanie occupée a connu le 9 novembre sa journée la plus meurtrière (14 morts) depuis au moins 2005, selon l’ONU qui recense les morts de ce territoire depuis cette date.
Car si la guerre fait rage depuis sept semaines à Gaza, les violences ont aussi flambé en Cisjordanie. Vendredi matin, un Palestinien de 22 ans a été abattu par l’armée israélienne à Jéricho, selon l’Autorité palestinienne.
Depuis le 7 octobre et le lancement par le Hamas de l’opération Déluge d’Al-Aqsa qui s’est soldée par 1.400 morts selon un premier bilan annoncé par Israël avant que le chiffre ne baisse à 1.200 selon les déclarations officielles de l’Etat hébreu, en majorité des militaires (en services ou des réservistes) et environ 250 otages. Plus de 15.000 Gazaouis sont tombés en martyrs, selon le ministère de la Santé palestinien.
This is the first moments of the arrival of female and liberated prisoners as part of the exchange deal in Ramallah. pic.twitter.com/uyWKK4Uf3H
— Inés🇵🇸 Al-Haj☀️ (@Ines271993) November 24, 2023
Dans le même temps, plus de 200 Palestiniens ont été tués par des colons et des soldats israéliens en Cisjordanie, selon le ministère de la Santé palestinien.
Les ONG palestiniennes affirment qu’environ 3.000 Palestiniens ont été arrêtés en Cisjordanie et à Jérusalem-Est occupées depuis le début de la guerre. Elles ont également annoncé la mort de six prisonniers en détention depuis le 7 octobre.
Et dans les Territoires occupés, l’expérience carcérale est une des plus partagées: selon l’ONG Addameer, environ 800.000 Palestiniens sont passés dans les prisons israéliennes depuis la guerre israélo-arabe de juin 1967 et le début de l’occupation des Territoires palestiniens.
L’organisation de défense des prisonniers recense actuellement 200 enfants palestiniens et 84 femmes dans des prisons israéliennes, sur plus de 7.000 prisonniers.
غزة هي المكان الوحيد الذي يحزنك ان حزنت.. والمكان الوحيد الذي يسعدك ان سعدت #غزه_تنتصر#شيخ_الازهر#تبادل_الاسري#فجر_السعيد#ابو_عبيدة #الجيش_المصري#السيسي_الصهيوني_لا_يمثلني pic.twitter.com/jkNYDvxHoC
— صقر قريش 🇪🇬 ☪️(الا رسول الله)☪️🇵🇸 (@Sagr_Quraish) November 24, 2023
A quelques kilomètres de la Cisjordanie, Jérusalem-Est, occupée par Israël depuis 1967, vit une soirée encore différente. La joie s’y exprime à bas bruit, sous le regard des policiers israéliens.
« La police est chez nous et empêche les gens de venir nous voir », raconte à l’AFP Fatina Salman. Car toute célébration autour des prisonniers libérés est interdite à Jérusalem.
Sa fille Malak, 23 ans, avait été arrêtée sur le chemin de l’école il y a sept ans pour avoir tenté de poignarder un policier à Jérusalem. Incarcérée en février 2016, elle ne devait pas sortir avant 2025. Mais ce soir, elle dormira chez elle, dans son quartier de Beit Safafa.
« Ma fille est faible, elle n’a pas mangé depuis hier », se désole Fatina Salman.
Marah Bakir, elle, ne quitte pas sa mère dans la maison familiale du quartier de Beit Hanina de Jérusalem-Est. Le débit saccadé, cette Palestinienne de 24 ans dont huit en prison enchaîne les interviews devant les caméras.
🔴🇵🇸 [ FLASH INFO ] Après sa libération dans le cadre de l’accord d’échange, voici les premiers mots de Marah Bakir, aujourd’hui âgée de 23 ans, qui était emprisonnée dans les geôles de l’occupation depuis 8 ans : « Il est très difficile de ressentir la liberté et d’être libérée… pic.twitter.com/6fQSla3bYS
— 𓂆 🇵🇸 Gaza News+ (@GazaNewsPlus) November 24, 2023
« Je suis heureuse mais ma libération s’est faite au prix du sang des martyrs », affirme-t-elle, évoquant les 15.000 morts de Gaza, aux deux tiers des femmes et des enfants, selon le gouvernement du Hamas.
الأسيرة روضة أبو عجمية من مخيم الدهيشة في بيت لحم بالضفة الغربية تهتف للمقاومة ولقائدها محمد الضيف بعد تحريرها من سجون الاحتلال على أيدي مجاهدي القسام والمقاومة بغزة. pic.twitter.com/a116mPDdK8
— رضوان الأخرس (@rdooan) November 24, 2023
La liberté « loin des quatre murs de la prison », c’est « magnifique », dit-elle, un voile bleu fleuri sur la tête. « J’ai passé la fin de mon enfance et mon adolescence en prison, loin de mes parents et de leurs câlins, mais c’est comme ça avec un Etat qui nous oppresse et ne laisse aucun de nous tranquilles ».
Son téléphone n’en finit pas de sonner : des proches, des amis qui tiennent à dire un mot au plus vite. Puis sa mère lui apporte un verre d’eau et siffle la fin de la séquence médiatique. « Désolée, laissez la se rafraîchir un peu ».