Vidéo. Viandes et produits laitiers: le cri d’alarme d’un éleveur

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Photo prise dans une ferme non loin de Casablanca, à Médiouna./Crédits: Ayoub Ouajib/H24Info

L’inflation n’épargne aucun secteur. Une éventuelle hausse des prix de la viande rouge et du lait n’est pas à écarter. À l’instar de plusieurs éleveurs, Nacer Haddioui ne s’en sort plus et pense même à vendre ses bêtes. Il nous a ouvert les portes de sa ferme, située non loin de Casablanca. 

« Je ne pense pas garder mes animaux, en principe j’ai prévu de vendre toutes mes vaches laitières dans six mois (…). C‘est une activité qui n’est plus rentable et il paraît que les matières premières vont être encore plus chères », nous confie Nacer Haddioui, éleveur possédant plus de 200 vaches laitières.

Notre interlocuteur « ne voit plus aucun avenir dans la production de lait ». Selon ses calculs, le lait lui revient à plus de 5 dirhams le litre, en raison des coûts en hausse depuis la pandémie du Covid-19. Des coûts qui risquent encore d’augmenter d’ici un avenir proche, prévient Nacer Haddioui.

L’homme refuse de vendre le lait à moins de 5,50 dh, un prix qu’il juge raisonnable lui permettant de faire 10% de profit. Or, dit-il, les usines et multinationales ne suivent pas. Afin d’entrer dans les frais, l’éleveur se tourne désormais vers les artisans laitiers et fromagers, prêts à payer au prix fort un lait de qualité.

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Malgré ses efforts, son activité de production de lait continue à tourner à perte. « Actuellement dans ma ferme, la seule activité qui me permet de survivre, c’est l’engraissement des bêtes croisées et la préparation du mouton pour l’Aid el Kebir« , car elle lui rapporte, dit-il, 1.000 DH de profit par tête.

Là aussi, sur le moyen terme, l’horizon s’assombrit avec la hausse des prix des intrants. « La luzerne coûte 3,5 DH. Demain, ça sera peut-être 4 DH. Pareil pour le foin, un silo de 15 tonnes se remplissait à 60.000 DH, aujourd’hui il nous revient à 85.000 dh. Ma citerne de gasoil de 3.000 litres nécessitait 25.000 dh, maintenant, c’est carrément 45.000 DH« , liste notre interlocuteur. « Nous le savons, ces prix ne feront qu’augmenter », déplore-t-il.

Une mesure controversée

Le gouvernement a récemment approuvé un projet de décret suspendant jusqu’au 31 décembre 2023, le droit appliqué à l’importation de bovins domestiques pesant au moins 550 kilogrammes.

Cette mesure « intervient pour faire face aux répercussions de la rareté de l’eau que connaît le Maroc durant cette année, la hausse des prix des aliments de bétail en raison des fluctuations des marchés mondiaux et l’augmentation des coûts de production de la viande rouge », indique un communiqué du ministère chargé des relations avec le Parlement.

Elle portera « sur un nombre de têtes ne représentant qu’une faible proportion de la production nationale et dont l’importation n’aura pas d’impact négatif sur le secteur des viandes rouges au Maroc, concerne la race des bovins domestiques destinés à l’abattage », précisait le département de l’agriculture.

Mais cette mesure ne semble pas réjouir tout le monde. « Les vaches laitières réformées font entre 700 et 750 kilos. Je les vends à 25 dh/Kg (poids vif) que j’estime un prix raisonnable. Cette démarche me permet de ne pas brader mes bêtes. Mais lorsqu’ils feront rentrer des bêtes de plus 550 kilos dans le pays, nous auront du mal à bien vendre nos bêtes de réforme (…). Ils nous élèvent même notre roue de secours de ce fait » dénonce Nacer Haddioui.

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